Weten jullie, als ik schrijf, op dagen zoals deze van gisteren, over wat ik schrijf dan ben ik een ander persoon; dan is het iemand totaal anders dan de mens die ik ben in de omgang en die niet verschilt van jou of van wie ook; echter, zodra ik neerzit om te schrijven vindt er een metamorfose plaats en word ik die iemand die totaal anders is, een stuk filosoof, een bezetene die meent dat hij over dingen schrijven moet die buiten het alledaagse liggen.
Ik verbaas dan mezelf als ik lees wat er geschreven staat. Het is me duidelijk dat hij die schrijft een zwever is, een dromer, een soort afvallige die je te aanvaarden hebt zoals ik hem te aanvaarden heb, want zonder hem weet ik niet of ik de volharding kennen zou die ik nu wel ken.
Il m’ invite avec insistance, à me lever avant le soleil, pour qu’il puisse se mettre à écrire et sa façon d’insister est telle que je ne puis que lui donner satisfaction pour qu’il se taise. Chaque jour commence ainsi. Je ne sais plus comment c’était lorsqu’ il n’était pas encore là. Peut-être qu’ il n’y ait jamais eu de moment qu’il n’était pas là, mais comme les choses se présentent en ce moment même, il me laisse faire, la langue ne lui convient pas, il n’est pas accoutumé à s’exprimer autrement qu’en Néerlandais, et il attend patiemment que je finisse à dire ce que j’avais l’intention de vous dire.
Vous savez : au fond, c’est un homme poli et civilisé, un homme raisonnable, mais il connaît aussi des moments que je qualifierais d’ excentrique, il tient parfois des propos d’un hors-la-loi. C’est ainsi que je le connais et c’est ainsi qu’il se présente à vous, un homme possédé par la parole, possédé par le Verbe, par le ‘au commencement était le Verbe’. Depuis que je le connais tout ce qu’il dit, tout ce qu’il écrit est imbibé de cette adage qui est un des facteurs clés de notre civilisation.
Et il y croit fermement, c’est sa source d’inspiration, il n’en a pas d’autre, c’est son Alpha et son Omega. Sa vie spirituelle se passe entre ces deux extrêmes. Un jour il est tout entier de l’Alpha, un autre jour il est de l’Omega, et un autre jour il est des deux simultanément.
Je ne puis le suivre tout le temps, ni où il va, ni comment il y arrive, mais j’ai confiance en lui. Je sais qu’il ne quittera jamais le chemin qui est le sien, qu’il ne niera jamais sa croyance en l’esprit qu’il considère comme étant une particule de l’esprit de l’Univers, qui est en même temps, l’Esprit du Dieu de ‘baereshit bara Elohim’, ‘au commencement Dieu créa’: les premiers mots de la Bible, le livre des livres.
Même s’il avance qu’il n’y avait rien à créer, que tout était là en puissance d’être, et que ce tout s’est matérialisé à partir du moment du Big Bang, il croit en outre pouvoir dire que cette matérialisation représente le corps et le visage de l’ Esprit-Dieu.
Ce corps et ce visage étaient là, abandonnés comme une île perdue en plein océan. Il leurs fallait un observateur, un témoin, sans lui l' Univers en soi, n' avait pas de sens, il était là, sans y être. C'est l'homme qui lui a donné existence!
Il en résulte que si Dieu s’est présenté sous forme d’Univers, c’est qu’Il voulait être vu, et qu’il lui fallait quelqu’un qui pouvait Le voir, et Le voir comme Il voulait être vu. Et si l’ Univers-Dieu y est, c’est que l’ homme y est, les deux sont inséparables. Oserais-je avancer que l'homme était le but même de l’Univers? Toutefois s' il ne l' était pas, sans lui, l’Univers seul, n’avait aucune signification.
Nous, l’homme, sommes ici pour découvrir Dieu représenté en son Univers et peut-être de nous rapprocher le plus possible de l’Esprit à Lui. C’est ce qu’Il attend de nous, les siècles, les millénaires à venir.
Nous autres, ici présents, nous ne sommes qu’en route. Y arriverons-nous un jour?
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