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Mon cher ami
Gustave, fratello mio,
En ces derniers jours de lan 2012, je pense souvent à
toi.
A toi, dans ton Royaume du Home du Soleil (ou est-ce
le Home de la Lumière?) situé à
Grimisuat sur Sion, Là, où tu avais tes vignes, où tu fus maître après Dieu.
Là où pendant des années - et une toute première fois
avec mon père - des amis et moi nous
avons eu cet immense privilège, de te rejoindre au temps des vendanges et de
vivre en ta compagnie et de ta famille, ces tout grands moments dans la vie du
vigneron. Toi Gustave tu étais un frère pour moi, et pour les autres. Frère, ce
mot lourd de signification, aujourdhui amplifié par le fait que ces moments du
passé, sont devenus avec le temps, des souvenirs inoubliables.
Que de vendanges
que nous avons vécues avec toi, là, sur le flanc des collines, au-dessus
de Sion, les collines qui descendent jusquau Rhône et qui remontent sur
lautre versant, jusquaux cimes
enneigées qui nous étions si chères.
Mais il ny avait pas seulement les vignes, il y avait
aussi le village de Zinal, ce village au fond du Val dAnniviers, où un de tes
ancêtres avait son nom, Cotter, taillé, millésimé au dix-huitième siècle, dans
la partie haute dun de ces vieux chalets.
Que de jours et de soirées que nous avons passés
ensembles avec des amis communs, Robert Panchard et Freddy Aymon; que de courses que nous
avons faites ensembles, à commencer par les cabanes de lArpittetaz, du Tracuit, du
Grand Mountet, de Moiry, et ceci du temps où les cabanes navaient pas encore
lallure dun hotel, comme cest le cas maintenant; que descalades: le Besso,
le Blanc de Moming, la Pointe de Zinal, et tous les sommets du côté de
Moiry : les Aiguilles de la Lé, les Couronnes de Brayonnaz, la Pointe de
Moiry et, le Grand Cornier, un presque quatre mille, où nous avons dû, arrivés
à cent mètres du sommet, rebrousser chemin à cause du verglas.
Et puis, Gustave, mon très cher ami, nos randonnées
dans les forêts, nous deux, à la recherche de chanterelles, dagarics, de pieds
de moutons, toute la gamme de champignons de forêts que tu connaissais si bien et si moi je les
connais cest grâce à toi - des panniers pleins, que Germanine, ta tendre
épouse, qui mest très chère aussi, nettoyait et qui les conservait sous vinaigre et Dieu sait quoi encore, dans
de petits bocaux. Des champignons au
vinaigre, que lon dégustait accompagnant les nombreuses raclettes que nous
avons mangées dehors, sous les arolles de ton chalet, le Chardon bleu.
Et puis, et puis, mon grand ami, et puis tes vins, ton
rouge, et les vins de tes amis vignerons, de Freddy pour commencer, son Venin
de Vipère, un il de perdrix dune grande qualité, et de Héritier et Fabre,
leur sainte-Anne, leur Pinot noir.
Et puis, au cours des années, tous ces autres vins;
Humagne, Malvoisie, Amigne, Arvine, Johannisberg, Muscat, que tu mas fait
connaître. Et je noublie pas la Porte de novembre, ce vin délicieux, qui fut
mon vin préféré. Jai encore dans ma cave ici quelques bouteilles que je
conserve comme des reliques en espérant les boire un jour, qui ne viendra
peut-être jamais.
Et certainement je noublierai jamais, ton coup du
milieu, ton adorable Génépi que tu cueillais dans ton soi-disant, jardin, haut
dans la montagne.
Tout cela, fratello mio, et mille autres choses, par
exemple la tombe de Rilke au pied de léglise romane de Rarogne que nous avons
visitée avec Robert. En tout, une masse immense de souvenirs que je voudrais te
rappeler, Gustave, mon grand ami, en ton Royaume, en cette fin de lan 2012,
tout en te serrant fortement et longuement dans mes bras.
Charles, ton ami et frère.
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