Degelijke Follow Through-studie wees op superioriteit van
directe instructie
Le Projet Follow Through, Écrit par Mireille Castonguay et
Clermont Gauthier
Tiré de La formation à l'enseignement - Atout ou frein à la
réussite scolaire ?(Les Presses de l'Université Laval, 4e trimestre 2012, 143
p.)
En 1964, le Congrès américain adopte le Economic Opportunity
Act qui vise à mettre sur pied un ensemble de programmes destinés à contrer la
pauvreté. Il existe alors un large consensus selon lequel l'éducation serait
l'antidote à la pauvreté, car elle permet le développement de connaissances et
de savoir-faire qui en brisent le cercle vicieux. Un des programmes les plus
connus mis sur pied dans cette perspective est le projet Head Start qui débute
en 1965 et qui s'adresse aux enfants d'âge préscolaire. Le projet Follow
Through est lancé à la suite de Head Start au terme d'une étude indiquant que
les gains d'apprentissage faits par les enfants ayant participé à ce programme
se dissipaient graduellement lorsqu'ils commençaient à aller à l'école. En
1967, le président Johnson demande au Congrès de lancer un nouveau programme
afin d'effectuer le suivi (« follow through ») du programme Head Start. Ainsi,
alors que le projet Follow Through est aujourd'hui considéré comme la plus
vaste et la plus dispendieuse étude expérimentale jamais menée dans le monde de
l'éducation, il était en fait initialement conçu comme un programme de suivi de
développement social. Ce n'est qu'à la suite de coupures de budget que le
projet Follow Through se transforme en élude longitudinale visant à trouver des
méthodes d'enseignement efficaces pour les élèves de milieux défavorisés.
De manière plus précise, le projet Follow Through se déroule
de 1968 à 1976, dans 120 communautés, et porte sur près de 10 000 élèves. Il
vise à préciser les différences d'efficacité entre différentes approches
pédagogiques utilisées auprès d'élèves défavorisés, de la maternelle à la 3e
année. Pour ce faire, un devis de recherche de type variation planifiée est
adopté. Le Office of Education américain mandate divers promoteurs d'approches
pédagogiques qui agissent par la suite à titre de commanditaires de leur propre
approche et travaillent en collaboration avec les districts pour appliquer
leur modèle dans les classes. Chaque commanditaire est responsable de
développer du matériel pédagogique en lien avec son approche ainsi que de
former les enseignants. Au total, neuf approches sont retenues. Ensemble, elles
représentent l'ensemble du spectre éducatif, des approches structurées comme le
Direct Instruction aux approches centrées sur l'enfant comme le Open Education.
Afin d'émettre des conclusions à propos de l'efficacité de
ces différentes approches, l'ensemble des commanditaires s'entendent dès le
départ sur onze mesures visant à évaluer la performance des élèves dans trois
domaines d'apprentissage. Sont évalués les habiletés scolaires de base, les
habiletés de résolution de problèmes ainsi que le développement du concept de
soi. Pour chaque mesure, la performance d'un groupe d'élèves dans le projet
Follow Through est comparée à celle d'un groupe témoin. À terme, plus de 2 000
comparaisons sont effectuées.
Ces données, recueillies par le Stanford Research Institute,
sont analysées par une firme indépendante : Abt Associates. Aux fins
d'évaluation, Abt Associates regroupe l'ensemble des modèles pédagogiques en
trois catégories. La catégorie « Basic skills » comprend les modèles qui
mettent l'accent sur l'enseignement direct des habiletés fondamentales en
lecture, en arithmétique, en épellation et en langue maternelle. La catégorie «
Cognitive-Conceptual » regroupe les modèles qui visent à développer les
habiletés à apprendre à apprendre et à résoudre des problèmes. La catégorie «
Affective-Cognitive » met d'abord l'accent sur le développement du concept de
soi et d'attitudes positives envers l'apprentissage, puis sur l'apprentissage
des habiletés permettant d'apprendre à apprendre. Que disent les données
analysées ?
Les résultats obtenus clans le cadre du projet Follow
Through sont clairs : les données recueillies montrent la supériorité de
l'efficacité d'une approche, à savoir le Direct Instruction (DI). Seul le
modèle du DI obtient des résultats positifs dans les trois domaines évalués, à
savoir les domaines scolaires, cognitifs et affectifs, en plus de présenter les
résultats les plus élevés pour les trois mesures (Adams, 1996). Cette approche
fait usage de séquences d'enseignement hautement structurées qui indiquent à
l'enseignant les détails précis du déroulement des leçons. Avec cette approche
très directive, renseignant est formé pour l'utilisation du matériel qui
s'élabore autour de séries de questions/réponses suivies des procédures de
correction.
Quelle que soit l'analyse effectuée, les élèves évoluant
dans les groupes du DI ont fait les plus grands gains d'apprentissage
comparativement aux élèves des autres modèles évalués dans le projet Follow
Through. À l'exception possible du modèle Behavior Analysis, tous les autres
modèles semblent avoir eu peu d'effets positifs sur les progrès scolaires des
élèves.
Traditionnellement, certains ont objecté que l'accent mis
sur le développement des habiletés de base se faisait nécessairement au
détriment des habiletés sociales. Or, les résultats obtenus dans le projet
Follow Through indiquent qu'il n'en est rien. En effet, comparativement à tous
les autres modèles évalués dans Follow Through, les modèles qui mettent
l'accent sur les habiletés de base produisent les meilleurs résultats aux
examens évaluant les habiletés de base ainsi qu'à ceux mesurant le
développement du concept de soi. Trois analyses ultérieures conduites de façon
indépendante (Bereiter et Kurland, 1981-1982 ; Becker et Carnine, 1981 ; Gersten,
1984) ne sont pas arrivées à des conclusions différentes : toutes les analyses
convergent et indiquent que les meilleurs résultats sont obtenus par les
élèves dans le modèle DI, et ce, pour l'ensemble des habiletés évaluées.
De plus, des analyses subséquentes indiquent que les
résultats positifs d'un enseignement basé sur le Direct Instruction sont
stables dans le temps (Gersten, 1984). En effet, selon une étude de suivi menée
par Gersten entre 1973 et 1981, les résultats obtenus en lecture et en mathématiques
par des élèves de 3e année ayant bénéficié d'un enseignement basé sur le DI
pendant les années précédentes sont nettement supérieurs à ceux des autres
élèves n'ayant pas profité d'un tel enseignement précédemment. De manière plus
précise, les élèves des groupes Direct Instruction obtiennent des résultats en
lecture les situant au 40e rang centile alors que la performance attendue
d'élèves comparables atteint le 28e rang centile. En mathématiques, les
résultats sont encore plus remarquables : les élèves placés dans les groupes du
DI performent au 50e rang centile alors que la performance attendue d'élèves
semblables se situe au 18e rang centile.
Finalement, les élèves avant bénéficié du Direct Instruction
ont également des taux de diplomation, d'inscription et d'acceptation au
collège statistiquement supérieurs alors que les taux de redoublement et de
décrochage sont significativement plus bas (Meyer, Gersten et Gutkin, 1983).
De l'avis de Bereiter et Kurland (1996), l'ensemble des
résultats de Follow Through et des analyses ultérieures devraient clore la
bataille philosophique entre les différentes approches pédagogiques. En effet,
ces résultats démontrent que les approches centrées sur l'enfant s'avèrent
nettement moins efficaces pour favoriser les résultats des élèves à des examens
standardisés (p. 28). Watkins (1995-1996) conclut aussi qu'il est clair avec
Follow Through que les modèles pédagogiques mettant l'accent sur les habiletés
de base ont davantage de succès que les autres modèles pour aider les élèves à
maîtriser ces apprentissages.
L'étude Follow Through répond donc de manière plutôt
convaincante à la question de l'efficacité de diverses approches pédagogiques.
Pour être considérées comme efficaces, des pratiques pédagogiques doivent favoriser
les apprentissages des élèves et, pour ce faire, le modèle du Direct
Instruction représente une approche à privilégier quel que soit le type
d'habiletés à développer.
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