Over de mislukking van de radicale inhoudelijke onderwijshervorming in Québec (competentiegericht en constructivistisch, ...), , een richting die ook in Vlaanderen door tal van nieuwlichters gepropageerd werd en wordt.
Réforme de léducation Aveux, confessions, espérances
17 novembre 2015 | Normand Baillargeon - Essayiste | Éducation
Depuis plus dun quart de siècle, je suis professeur en sciences de léducation à lUQAM. [ lerarenopleiding
] Je quitterai prématurément ce milieu sous peu, pour des raisons qui ont beaucoup à voir avec la réforme québécoise de léducation. Jétais chroniqueur en éducation au Devoir au milieu des années 1990 quand ce grand chantier de réflexion collective sur laggiornamento de notre système scolaire appelé États généraux de léducation a été lancé. À ce moment, une collègue de ce journal ma fait une remarque qui na cessé de me hanter depuis, alors que sa pertinence devenait de plus en plus grande. Elle soutenait que la constitution de ce chantier linquiétait parce quon ny avait pas prévu de comité scientifique. Lavenir allait lui donner entièrement raison. Ces États généraux ont donc débouché sur la réforme, une très vaste et très novatrice proposition pour lessentiel imaginée au ministère de lÉducation et dans les facultés déducation. Je suppose que, quelque vingt ans plus tard, toute personne de bonne foi conviendra des propositions suivantes : 1 ) Cette réforme a été un échec dans la mesure où elle na pas rempli les promesses que ses concepteurs avaient placées en elle, tout particulièrement auprès des populations fragiles, en difficulté et ayant propension au décrochage qui devaient en bénéficier. 2 ) Cet échec était prévisible au vu de la littérature scientifique pertinente et a même été prédit par quelques personnes, un groupe dont je fais partie. 3 ) Le succès de la réforme, sil avait eu lieu, aurait constitué un véritable événement qui aurait amené nombre de chercheurs au fait de la littérature scientifique et philosophique pertinente à se pencher sur ce singulier cas du Québec, qui aurait à leurs yeux été une sorte dénigme à résoudre. Ce ne fut pas le cas. 4 ) La réforme de léducation a été un très substantiel détournement des États généraux : ceux-ci réclamaient un rehaussement curriculaire, celle-là a mis en avant une mutation de la pédagogie, où la pratique de projets et la notion de compétence occupaient une place prépondérante. Idées fausses Non seulement, en sciences de léducation et au ministère de lÉducation, ignore-t-on généralement ce que la recherche crédible permet davancer, non seulement des idées qui ailleurs seraient tenues pour peu crédibles sont-elles acceptées dans luniversité comme au ministère, mais il circule en plus dans ces milieux nombre didées démonstrativement fausses et en certains cas dangereuses. Faut-il sétonner, dès lors, que, dans mon milieu de travail, on ait pu faire de la place à lastrologie comme moyen dorientation scolaire (cest le sujet dun mémoire soutenu à lUQAM) ou que le créateur de la synergologie, une pseudoscience notoire, puisse travailler chez nous à un doctorat en éducation appliquant à léducation cette pseudoscience ? Le milieu des sciences de léducation est un milieu relativement fermé, composé de gens qui restent entre eux et qui disposent néanmoins, avec le ministère, dun énorme pouvoir sur ladoption des politiques publiques, de ressources et de capital tout court, comme institutionnel , sans guère avoir à véritablement rendre de comptes même quand ce quils avancent et proposent na guère de légitimité épistémique. Jai proposé à ce propos de parler dune « funeste alliance », celle qui lie des facultés universitaires déducation se félicitant de la valeur de leurs travaux en raison de leur adoption par les politiques publiques, et du ministère, se félicitant de son côté du sérieux de ses décisions parce quelles seraient fondées sur de la recherche émanant de facultés universitaires en éducation. On aura compris que, à lUQAM comme dans les autres institutions concernées, ladoption, la défense, puis limplantation de la réforme, tout cela ne pouvait se faire sans une grande violence exercée contre les opposants, peu nombreux au demeurant. Je dirai simplement quà part être mis à pied, jaurai payé personnellement et professionnellement tous les tributs quil y avait à payer pour dire ce que jai dit et que jai même dû me résoudre à aller sur la place publique pour me faire entendre, puisque cela était à peu près impossible au sein des murs de mon université. Cercle fermé Jai suggéré et je maintiens que lépisode de la réforme donne assez fortement à penser quil existe au Québec, en éducation, une sorte de cercle fermé sapparentant à une nomenklatura qui rend extrêmement difficile non seulement lexpression de positions critiques ou dissidentes, mais aussi une sorte dimpartialité informée devant ce qui est avancé. Le Conseil supérieur de léducation avait été pensé, entre autres, afin de permettre une perspective citoyenne et critique sur le monde de léducation : mais il ne peut manifestement jouer ce rôle quand il est largement composé de gens qui ont conçu ou promu ce quils doivent juger (ce qui explique sans doute que léchec de la réforme semble toujours être la faute des autres, et notamment des enseignants, des syndicats, des médias qui nont rien compris ou ont été mauvais joueurs). Un comité de sages pourrait sans doute être imaginé qui jouerait ce rôle dobservateur impartial. La suggestion à laquelle je suis le plus attaché, celle sur laquelle je fonde mes plus grandes espérances, concerne toutefois la formation des maîtres. Les facultés de sciences de léducation devraient recentrer sur elle leur mission, et former des maîtres hautement cultivés, au fait de la recherche scientifique, et, pour ce qui est du secondaire, possédant une solide formation disciplinaire acquise à luniversité dans les domaines pertinents. Elles devraient enfin renoncer à ce clientélisme quelles pratiquent sans retenue et devenir des véritables filières délite. Je nous souhaite la lucidité et le courage que tout cela demandera de nous.
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