5 bedreigingen voor degelijk onderwijs & cultuuroverdracht
(1)Dit plus simplement, nous sommes de moins en moins capables de prendre le temps, dattendre le moment opportun, de laisser chaque chose se développer en son temps. La patience nest plus une vertu et loccupation maximal et pleine de chaque instant a pris le relais. Le paradigme a changé, nous sommes entrés dans lère du tout immédiatement.
(2)A ce premier changement sociétal majeur sest superposé un deuxième bouleversement radical: lessor dune pensée outrancièrement égalitariste.
Alors quil y a peu encore légalité était comprise comme la possibilité pour tous dentrer dans un processus de formation (ou à toute autre chose dailleurs), des tendances de plus en plus marquées réclamant la possibilité pour chacun de suivre lintégralité du processus en question se font jour. Il est de moins en moins toléré que laccès aux différents niveaux du savoir soit conditionné par le mérite et les capacités. Dailleurs, légalitarisme en question est si sectaire quil en vient à nier radicalement lexistence biologique de capacités différentes. Ou dailleurs les différences entre enfants et adultes, les premiers devant pouvoir exiger lensemble des droits inhérents au vécu des seconds sans être passés par là. Il nest dès lors plus question de penser que certains domaines sont réservés à un type dindividus particulier. Tout le monde doit pouvoir accéder à tout.
(3)Une troisième révolution majeure, technologique celle-ci, a largement réduit le temps daccès aux savoirs par le biais de la démocratisation dinternet notamment. Chacun possède désormais un portable ou un ordinateur et le savoir nest plus quà deux clics.
(4)Une quatrième évolution, non la moindre dailleurs, portée par la société de consommation, incite les individus à ne prendre que ce qui les arrange et à rejeter tout ce quils ne jugent pas digne dintérêt. Serrer les dents et saccrocher ne fait plus partie de léquation, chaque citoyen-consommateur doit pouvoir consommer ce quil désire et jouir de la vie sans être dérangé par dencombrantes obligations.
(5) Enfin, lavènement dun matérialisme de plus en plus féroce a eu comme conséquence le développement dune pensée de plus en plus utilitariste. « A quoi ça sert » est devenu lindépassable dune réflexion qui, si elle ny trouve pas une réponse immédiate, ne va dailleurs pas jusquau bout de son chemin.
Lensemble de ces facteurs a eu un impact certain sur la manière de concevoir lenseignement et sur sa temporalité. Celle-ci, sous la pression de limpératif dimmédiateté, a vu son étirement se restreindre: désormais, on ne se suffit plus à ce que lécole obligatoire se contente de fournir les connaissances de base si fondamentales à la construction de la suite de lédifice éducatif, il faut que les élèves dépassent ce stade et acquièrent plus, quils entrent dans le complexe immédiatement. Ce dautant plus que, légalitarisme se mêlant à léquation, il nest plus question que seuls ceux se dirigeant vers une formation intellectuelle ou ayant atteint un certain stade de maturité ait accès à la gestion de la complexité des savoirs. Il faut impérativement que tous puissent non seulement y toucher, mais également y parvenir, léchec induisant une nouvelle forme dintolérable inégalité. Pour sa part, la révolution technologique a considérablement affaibli lidée que lacquisition de solides connaissances de base est un préalable fondamental à la gestion de cette fameuse complexité. Peu importe quon doive oeuvrer à laide dune béquille technologique puisque, somme toute, apprendre des connaissances des bases est moins intéressant que de jouer à lexpert. Et comme les connaissances ne servent à priori à rien, autant en diminuer drastiquement limportance. Peu importe si celles-ci ont un effet sur la structuration du cerveau, sur la manière de voir le monde et de sinsérer dans la société, il faut du plus immédiatement utile.
Conclusion
Bien entendu, la plupart des adeptes de constructivisme diront quon ne peut pas être si extrême et que les diverses situations de vie de classe existantes offrent de multiples occasions de varier les méthodes. Je répondrais simplement en disant que si toute situation implique nécessairement transmission comme cela a été exposé jusquici, il faut mexpliquer au nom de quels critères on peut choisir la voie du constructivisme. Lensemble de ce texte démontre quil nest en fait quune mauvaise version de transmission non avouée déléguée à un dispositif non structuré, ce qui est dailleurs corroboré par les multiples études comparatives réalisées sur le terrain par des myriades de chercheurs. Choisir loption constructiviste cest faire le choix délibéré de loutil le moins efficient que le monde de la transmission connaisse.
Au fait, à bien y réfléchir, la seule manière de permettre à quelquun dapprendre en rejetant toute forme de transmission, cest de ne lui fixer aucun objectif, de ne rien lui enseigner, de nutiliser aucun dispositif porteur de transmission, de ne pas lévaluer et, en définitive, le laisser choisir lui ce quil veut faire tant la transmission est au coeur de tout acte denseignement. Dès lors, il est éventuellement possible de le questionner de manière à lui permettre dapprofondir ses conceptions, tout en se gardant bien de diriger dune quelconque manière cette réflexion, ce qui semble totalement illusoire.
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