Nefaste Invloed van
sociologie bourdieusienne op ideologie van en ontscholing in - collège unique (gemeenschappelijke lagere
cyclus ) in Frankrijk.
Passages uit bijdrage
Linstauration dun nouvel ordre moral sur léducation des jeunes van Nathalie
Bulle (prof. sociologie) in Revue SKHOLE France
Les sciences
humaines sont par ailleurs marquées, à cette époque (= vanaf jaren 60-70), par
lapproche structuraliste issue de la linguistique et, en sociologie, par les
interprétations de nature culturaliste, notamment dans la lignée
néo-marxiste[11] de la sociologie bourdieusienne. Les explications culturelles
viennent rénover le schéma marxiste. Le pouvoir social de la classe dominante
et sa reproduction ne sont plus tant supposés senraciner dans la maîtrise des
moyens de production économique, que dans celle des moyens de production «
idéologico-culturels ». Le caractère radical de la critique développée
engendre, en particulier chez les enseignants, alors convaincus que lécole
reproduit à travers eux des inégalités contre lesquelles ils pensaient au
contraire lutter, une conscience malheureuse qui sest révélée, ainsi que
certains lexpriment aujourdhui, en définitive très destructrice.
Les sciences humaines scandent à cette époque la fin de
luniversel en lhomme. Le structuralisme amène à concevoir les cultures comme
des totalités irréductibles, le monde commun comme une illusion, les structures
normatives à partir desquelles sorganisent les échanges comme surimposant un
sens caché, au sens exprimé ouvertement. La langue apparaît le véhicule dun
ordre moral et politique : « La langue
elle est tout simplement fasciste ; car
le fascisme, ce nest pas dempêcher de dire, cest dobliger à dire » déclare
Roland Barthes dans sa conférence inaugurale au Collège de France, en 1977.
La critique sociale touche de plein fouet lécole. La
conscience collective nest plus vue comme en accord avec la conscience
individuelle mais source doppression et daliénation, que ce soit à travers
les institutions ou la culture transmise, lécole est au centre des attaques.
Lhomme ne maîtrise pas le sens profond de son action. Ce dernier est élaboré
socialement. Ce sont les circonstances sociales, et non plus lhomme, qui
doivent dès lors être mises au centre du processus éducatif, suivant le
mouvement qui accrédite les prémisses naturalistes des conceptions
progressistes, et quentérinera la célèbre loi dorientation sur léducation de
1989. Nous vivons, dès lors, une étape idéologique qui se situe sur le même
terrain que la critique des années soixante et soixante-dix, mais qui
réconcilie conscience commune et conscience individuelle par une mise en valeur
de la construction collective des normes daction et de pensée. La forme tenue
pour typiquement démocratique de la construction des savoirs sappuie sur la
notion dinteraction. La participation active du citoyen dans une société
démocratique est pensée contre la réflexivité qui lisole et qui suspend son
action. Elle est pensée comme mise en commun des points de vue et des jugements
individuels. Le collectif devient lobjectif, et lindividuel advient sur fond
de social.
Léducateur progressiste tient tacitement lécole pour
légataire de la fonction socialisatrice de lEglise. La justification du nouvel
ordre moral quil entend instaurer à lécole sappuie sur son opposition avec
lordre ancien. La critique développée à lencontre de lapprentissage des
disciplines de nature académiques trahit cet objectif moral, indépendamment de
toute préoccupation relative aux objectifs cognitifs propres de lécole. La
relation asymétrique entre celui qui sait et celui qui apprend est assimilée à
une forme dorganisation sociale fondée sur lautorité. Elle est interprétée
comme participant dune étape archaïque, infantile, une étape antérieure à
celle de la réalisation des formes naturelles, c'est-à-dire démocratiques, de
lexpérience humaine. Cest pourquoi lenseignement des disciplines est
aujourdhui tenu pour régressif. Le progressisme pédagogique confond les formes
de lordre politico-moral et les formes de la médiation sociale qui
sous-tendent le développement intellectuel. Dès lors, les savoirs constitués
représentent une pensée reçue, détachée du réel et du vécu. Ils sont associés
au rôle social antérieurement joué par le sacré, à la reproduction dun ordre
existant. Labstraction, le formel, évoquent les relations avec un monde
supra-naturel fictif. Lenseignant est comparé au prêtre, représentant dune
autorité supérieure, dispensant la bonne parole. En même temps ce qui est
interne évoque le religieux, le spirituel, un monde du passé. La culture individuelle,
lintériorité, passent pour contre-nature. Le citoyen dans la société
démocratique moderne doit être, dune manière concrète, tourné vers le monde
extérieur, les autres et le monde naturel.
Les représentations de lhomme et de son développement qui
ont investi lécole sont centrées non plus sur les facultés rationnelles de
lhomme, liant à lorigine lhumanité au divin ce que montrent les célèbres
analyses de Durkheim[12] - mais sur la société comme entité donnant désormais
son sens à lexpérience humaine. Ainsi le thème religieux est-il
intrinsèquement présent, dans son retournement même. La lutte contre
lenseignement des disciplines exprime une lutte morale dont lobjet est de
positionner le social à la place laissée libre par le sacré, comme dimension
organisatrice de la société, faisant de léducation le fondement de la société
moderne, un substitut du religieux.[13]
Une mise au jour des processus qui ont conduit à la
domination dun ordre moral sur lécole, processus qui mettent au second plan
la question des développements intellectuels et culturels des élèves, ne
prétend pas que la mission la plus fondamentale de lécole ne soit pas dordre
moral. Mais une fois clarifiée la grande mystification pédagogique moderne,
plus grave que celle qui consistait, avec lécole républicaine, à tenir pour
universelle des valeurs culturelles qui répondaient à un idéal humain
particulier, apparaît celle qui consiste à tenir pour formatrices et inhérentes
aux transformations des sociétés démocratiques modernes, des valeurs
pédagogiques intellectuellement régressives. Toute éducation suppose et a
toujours supposé un choix moral, un idéal en termes de développement humain.
Mais cet idéal ne peut pas être atteint à partir de prémisses psychologiques
réductrices. Le manque de réflexions fondamentales, la crise structurelle de
lécole dans les sociétés démocratiques, la crise plus générale des
institutions sociales révélée par la critique radicale des années 1960s et
1970s, la démission ou la compromission politique, ont conduit à donner la
faveur à des idées pédagogiques qui justifient le discrédit de lenseignement
des disciplines, autrement dit des formes explicites, progressives et
finalisées de transmission des savoirs. Fort de cette prise de recul sur quarante
années dexpérimentations avortées, il reste à définir quels sont les besoins
intellectuels et culturels de lhomme de demain, membre actif et averti de la
société démocratique, professionnel en qualité et en responsabilité et, avant
tout et par-dessus tout, être humain accompli. Et il reste à définir quelle
école sera la mieux à même de satisfaire ces besoins.
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