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Finse professor over Finse
onderwijsbluf van Pasi Sahlberg en co
Fred Dervin, prof. in Finland, hekelt de Finse bluf van Pasi Sahlberg en co
in de bijdrage La Finlande au-delà des mythes? in: Recherches en Education -
n°16 - Juin 2013
1. Finland-propaganda van Pasi Sahlberg
e.d. ; negatie van binnenlandse kritiek
Ce
qui surprend a priori lorsque lon sintéresse à léducation finlandaise « de
lintérieur », cest le sentiment
de «double bind »,
voire de schizophrénie, qui
nous traverse. Dun
côté, il y
a les louanges en dehors du pays mais dun autre,
les critiques répétées à lintérieur (qui sont très peu véhiculées à létranger). (NvdR: volgens een uitgebreid onderzoek van de Oxford-prof Jennifer Chung luidt de
algemene kritiek bij leraars, directies, onderwijskundigen: Along with one of the great strengths of
Finnish education, the excellent support for weak students, comes its great
faults, the lack of support for the academically talented. In this situation, one can observe a
limitation of egalitarian values. The
interviewees also consistently mention the students lack of enjoyment in
school. De heterogeniteit in veel
klassen binnen de gemeenschappelijke lagere cyclus is volgens de praktijkmensen
al te groot en dat leidt tot een aanzienlijke nivellering. Zie bijdrage hier
over in vorige blog).
Fred Dervin
verwijst vervolgens naar het optreden van de Finse propagandist Pasi Sahlberg. Prenons
lexemple intéressant de Pasi
Sahlberg. Ce chercheur,
directeur du Centre
pour la Mobilité Internationale (CIMO) à Helsinki, a publié en 2011 un
ouvrage intitulé Finnish Lessons: What Can the World Learn from Educational
Change in Finland? Depuis la publication du livre, Sahlberg fait le tour du
monde pour promouvoir léducation finlandaise (mais aussi son livre) . La
plupart de ses interventions sont disponibles en ligne. Ce qui surprend en les
écoutant, cest le manque de
positionnements critiques du chercheur par rapport à ce qui se passe en Finlande
mais aussi de
ses interlocuteurs. La
seule critique que
jai pu notée
est apparue lors
des discussions à
la fin du
discours de Sahlberg
au Stanford Centre
for Opportunity Policy
in Education en mars
2012, à linvitation
de Linda Darling-Hammond Professor of Education à la
Stanford University).Lors des questions, un collègue de Darling-Hammond accuse
Sahlberg dembellir sa description de
léducation finlandaise: « You dont
include that you
have the most
expensive early childhood
education, you dont include that they start at 2 years old ». Il continue : «
Your PISA scores went
down between 2003
and 2009 in literacy. Why ? » (faisant référence aux différences marquées entre les garçons et
les filles mais aussi aux classes sociales) avant de conclure : « if you dont include that stuff, if you
dont include the social welfare, you really not telling the whole story
». Darling-Hammond
semblait clairement irritée par ces remarques : « I was just asking
if you had
a question », (linterrompant) « I do
want to
get other folks
in ». Sahlberg na pas vraiment répondu à ces attaques
Je me souviens très bien de quand on ma posé des questions
sur le « miracle » de léducation
finlandaise pour la première fois. Cétait en 2007 lorsque la Finlande
était lhôte de lEurovision, après la
victoire très remarquée du groupe de hard rock Lordi qui ressemblait à une
tribu de monstres. Un journaliste dune grande radio française était venu
couvrir lévénement et souhaitait me
rencontrer pour discuter de léducation finlandaise. Il avait entendu parler du
« miracle » et il voulait en savoir plus. Un peu comme un lance balles de
tennis, il ma mitraillé de questions : « Comment vous expliquez PISA ?
Pourquoi les élèves
finlandais sont-ils si autonomes ? Pourquoi sont-ils tous si
bons ? Cest le fait quil ny a pas de classes sociales ? Il ny a pas décole
privée, cest bien ça ? Et les profs, ils sont excellents, nest-ce pas ? ».
Pour être honnête, je ne savais pas quoi répondre et je retournais souvent la
question à l‟envoyeur :que voulez-vous dire par autonomie ? Pourquoi
pensez-vous quil ny a pas de classes sociales ? Quest-ce un prof excellent ?
A lépoque on ne connaissait presque rien de ce pays on savait à peine que
la compagnie de
téléphones portables actuellement « agonisante », Nokia,
était finlandaise. Depuis que
je travaille dans
un département de
formation des enseignants
à Helsinki, ces questions
semblent venir de
tous les côtés.
Presque chaque jour,
je reçois un message dun journaliste, dun chercheur,
ou dun doctorant étranger : ils veulent tous savoir ce qui se cache derrière
ce « miracle ». Au Canada, il y a quelques mois, une collègue, fascinée par le
cas finlandais, était ravie de me rencontrer pour parler du système éducatif
finlandais. Quand je lui ai
dit quil nest
pas si parfait
que ça (car
aucun système nest
impeccable), elle me répondit
: « ça, ça ne mintéresse pas, je veux seulement le positif, je veux continuer
à rêver ». (NvdR:ook wij legden Sahlberg via twitter en andere reacties op het
Internet al een aantal kritische vragen voor. Maar telkens ontwijkt Sahlberg
het antwoord.)
Rêver, cest effectivement
ce que léducation
finlandaise semble faire.
Mais, comme tout « produit », il a des défauts, souvent
mis à lécart par les « marchands » de mythes, finlandais comme étrangers.
Ainsi, il y a quelques jours jassistais à la grande conférence de lEuropean
Conference on
Educational Research à Cadiz
en Espagne (3000 inscrits).
De nombreux collègues finlandais
y participaient aussi. Jai pu écouter un certain nombre de leurs
interventions et à chaque fois, je suis
intervenu pour tenter de « re-balancer » un peu limage positive (trop parfois)
que certains étaient
en train de
créer à partir
de recherches qui me
semblaient essentiellement
quantitatives (je nai
rien contre le quantitatif) et
parfois bancales au
niveau méthodologique (manque
de critiques et
de réflexivité de
la part de
ces chercheurs). A une collègue qui présentait un papier sur
le « bonheur » (happiness) des collégiens finlandais, je lui demandais, à la
fin de sa présentation un peu trop « féerique », dabord comment elle
définissait le bonheur (aucune réponse) et ensuite comment interpréter par
exemple les fusillades dans les écoles qui avaient eu lieu ces dernières années
en Finlande, les problèmes dalcool et de drogue ou
encore le fait que le
ministre de léducation
avait récemment appelé
à se battre
contre lintimidation (bullying en anglais, kiusaminen en finnois) dans
les écoles. Sa réponse ? On ne peut pas
généraliser
Venue « vendre » léducation finlandaise, je la gênais, cétait
clair
(NvdR: volgens PISA-2012 voelen de Finse 15-jarigen zich allerminst
gelukkig op school.)
Cest en fait
depuis 2008 que
cet aspect marketing
de léducation finlandaise
est apparu. Le Ministre
des affaires étrangères
de lépoque, Alexander
Stubb, avait lui-même
officialisé ce « pouvoir de la
marque finlandaise » (branding) en mettant en place un comité de réflexion et
de proposition. Dans le cadre des travaux de ce groupe, qui se donnait pour
objectif de réfléchir à comment la Finlande
pourra résoudre les « problèmes les plus diaboliques du monde
entier » (the world‟s most
wicked problems en anglais) à
travers trois mots
clés: la fonctionnalité (design),
la nature et léducation. Ainsi, dès la troisième page du document Mission For
Finland (2010) , léducation finlandaise
est présentée comme un des aspects importants: « Right now, the state of the
world seems in many ways impossible. We are facing global-level challenges: the
world must find
a sustainable way of life, ways to reduce poverty and ways to
produce fewer disposable solutions. [
] Finland is simply duty-bound to
demonstrate that we are able to solve such problems. Finland offers the world
functionality and sustainable solutions in the form of both products and
services as well
as a functional
society. Finland offers the
world its ability to negotiate so that
the world can be a better place to live. Finland offers the world clean water
and food and related expertise. Finland offers the world better education and
teachers ».
Depuis 2008, dans les milieux académiques travaillant en
éducation, lexpression « exportation de
léducation » (koulutusvienti en finnois) sest répandue et les programmes se multiplient pour vendre léducation finlandaise. Actuellement, diverses
institutions « exportent » des formations, des enseignants,
des formateurs denseignants et
même des écoles. Les acheteurs
sont nombreux mais il semblerait
que les plus gros clients
soient lArabie Saoudite, la
Chine et les Emirats. Pour les universités finlandaises, «
autonomes » depuis trois ans (cest-à-dire quelles doivent subvenir à leurs besoins plus ou
moins toutes seules, avec de moins en moins de soutien des ministères), lexportation
de léducation finlandaise
représente une aubaine,
une vanne financière peu
négligeable. Ainsi, dans
mon département, nous recevons régulièrement
des collègues étrangers à qui nous
présentons le « miracle
finlandais ». Ces visites ne sont
pas gratuites et si
ces visiteurs souhaitent
visiter par exemple lOffice National de
lEducation (Opetushallitus), ils doivent sacquitter dune somme de
mille euros pour deux heures pour vingt personnes (communication e-mail avec
une représentante de lOffice).
2 Et les critiques ?
Ayant lu et écouté
la plupart des documents
sur léducation finlandaise
des deux dernières années, jaimerais
présenter de façon
sélective quelques mythes
que jai pu
identifier en comparant ce qui se discute au quotidien dans
les médias finlandais.
Les élèves finlandais
sont bons. Faux : pas tous. Reinikainen (2011, p.12-13) note une grande
différence entre les sexes (en 2009 pour PISA les filles avaient largement
lavantage ; différence la plus marquée
de tous les
pays membres de
lOCDE). Un autre
phénomène très peu
mentionné ou commenté dans les écrits internationaux, est celui des résultats
discordants entre la minorité suédophone et la majorité finnophone (le pays a
les deux langues comme langues officielles pour des raisons historiques ;
minorité suédophone : 5%). Selon PISA 2009, les élèves suédophones ont
de moins bons résultats, surtout
pour la litéracie.
Comparés aux élèves finnophones, les suédophones ont les
résultats suivants au total : 511 vs. 538 en litéracie, 527 vs. 541 en
mathématiques et 528 vs. 556
en cultures scientifiques (Sulkunen
& al., 2010). Daprès Heidi
Harju-Luukkainen, cette différence
sexplique par la pénurie denseignants en éducation spécialisée dans les écoles
suédophones du pays, voire une formation de moins bon niveau (journal national
suédophone, Hufvudstatsbladet, 27 janvier 2012).
Tous les élèves
ont la même
égalité des chances. Faux : on
le dit peu mais les
enseignants finlandais sont recrutés
localement lors dun
entretien. Les critères
de sélection sont
peu transparents, même si lon
sait que les résultats au master comptent pour beaucoup (la mention).
Cette sélection signifie théoriquement que
les meilleurs enseignants
sont recrutés par les
meilleurs établissements, qui
se trouvent concentrés
dans le sud
du pays. Un autre
élément important, souvent tû
aussi, est que chaque
année les journaux publient
la liste des meilleurs collèges et
lycées du pays.
Daprès un
récent article, les
écarts entre les
établissements se creusent
en Finlande, ce qui
mène certains parents
à bien sélectionner
les écoles de
leurs enfants (surtout si celles-ci ont une population immigrée
importante) (Taloussanomat, 12 juillet 2012).
Limmigration augmente depuis une vingtaine dannées et en même temps
les inégalités. Ainsi, en 2010, les enfants dimmigrés ont trois
fois plus de risque de quitter le système éducatif à la fin des études de base.
Ainsi pour le lycée de Vuosaari à lest dHelsinki (classé numéro 146 sur la
liste des 182 lycées qui envoient des élèves à luniversité, quartier souvent
décrit comme étant « immigré »),
seulement 7,5% des élèves entrent à luniversité (Yle News, 4 mai 2012).
Il ny a
pas décoles privées en
Finlande. Faux: le
pays compte quatre-vingts
établissements privés, dont une
vingtaine se trouve
à Helsinki. Ces écoles
recevraient en moyenne plus de financements de la part de lEtat (ibid.).
Les élèves finlandais
sont « heureux ». Faux :
en mars 2012, un
étudiant a tiré
sur un autre étudiant dans une
école à Orivesi (troisième événement violent dans une école en trois mois). En
conséquence, la ministre de lintérieur appelle à revoir les consignes de
sécurité dans les écoles (Yle News, 30 mars 2012). Rappelons quil y
a de graves
antécédents : novembre 2007,
cinq élèves, le principal de lécole et linfirmière sont tués à Jokela
; septembre 2008, dix personnes sont massacrées dans une école à Kauhajoki.
(NvdR: volgens PISA-2012 stelden de meeste Finse 15-jarigen dat ze zich niet
gelukkig voelden op school. Het welbevinden bij de Vlaamse leerlingen was
opvallend hoger.)
Les résultats de PISA sont liés à lexcellente formation des
enseignants. Pas sûr : lenseignement de la
langue maternelle par
exemple est pris
au sérieux dans le pays nordique
et est certainement de bon
niveau. Toutefois, pour expliquer les résultats, on devrait prendre en compte
la langue 1 des élèves (morphologie, syntaxe et prononciation, entre autres)
qui sont testés mais aussi des éléments contextuels importants comme le fait
que tous les programmes à la télévision ou au cinéma sont sous-titrés en
Finlande (à linverse de la plupart des pays européens où lon double par exemple). Le finnois a une
orthographe régulière et un son correspond à une lettre, ce qui permettrait peut-être
dapprendre à lire
plus facilement. Dans
dautres langues comme
langlais ou le français, un ensemble de phonèmes peut se prononcer très
différemment de leurs transcriptions
(en anglais par exemple Leicestershire qui
se prononce ˈlestəʃə(r)).
Il faudraitcroiser et
examiner ces aspects
linguistiques et contextuels
avec les résultats
de PISA par exemple pour pouvoir répondre à ce point.
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