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    Catherine Vuylsteke
    Stories that remain too often untold/ Histoires oubliées
    03-06-2010
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.FACING BRUSSELS - Ça va, ça vien
    Le petit bonhomme rouge et le petit bonhomme vert. Ils le hantent, même quand elle n'est pas à la maison. Elle va faire les courses et, sur le chemin du retour : quatre bonshommes. À la banque ; deux bonshommes. Chez une amie ; dix bonshommes. Par la fenêtre, il scrute les personnes qui attendent à l'arrêt de bus. Ses mains ridées tremblent. Il pense à elle et à ce petit bonhomme totalement imprévisible : passage éclair au vert et retour aussi sec au rouge.
    Je l'aperçois de l'autre côté de la rue. Elle ouvre l'œil, elle hésite. Elle lève sa canne, elle s'aventure sur l'asphalte. Deux pas sur le blanc, deux pas sur le noir. Elle fixe attentivement le sol et poursuit tant bien que mal. Elle ne remarque pas que le petit bonhomme est passé au rouge. Jusqu'à ce qu'une véritable discothèque sur roues lui flanque une frousse bleue.
    Les bonshommes règnent sur les passages zébrés. Drôles de zèbres ! Avant, des zèbres, il n'y en avait pas à Bruxelles. Il y avait des colonies de rats, des chiens et des chats en quantité raisonnable, un hamster par-ci par-là et quelques poissons rouges qui avaient survécu au trajet entre la fête foraine et la maison. Mais pas de zèbres.
    Après tout, cela vaut pour tout. Les lignes de métro, les gratte-ciel, l'agressivité au volant, les lecteurs MP3, les langues et les citoyens non européens, les night shops, les cybercafés, les agences d'intérim et les centrales de repassage. Il y a tellement de nouvelles choses, on ne les compte plus. Et il y en a encore plus qui disparaissent.
    La Bruxelles de sa jeunesse est devenue celle de l'Europe. Dépossédée. Des trous sont apparus en ville, des tranchées où les maisons et les vies ont disparu. Et à la place ? Rien de bien intéressant.
    Invisible et insaisissable, le passé a disparu. Aucun bonhomme ni aucun passage zébré n'y mène. C'est comme ça. Les vies chancellent, puis c'est au tour des souvenirs.
    Ils n'ont pas à se plaindre, elle le lui rappelle plus souvent qu'à son tour. Mais rien n'y fait. Ça va, ça vient. C'est non négociable. Dans son monde qui devient toujours plus petit, il n'y a pas un centimètre de libre. Pas plus pour les nouveaux mots et les nouvelles choses que pour les noms de phénomènes et d'amours d'autrefois. Tout rétrécit : sa taille comme son avenir. Il titube entre la table, le canapé et le lit. Sa vie se résume à quelques mètres carrés.
    Ils ne sortent que le samedi et le mercredi midi. Le chauffeur de taxi klaxonne à midi et demi pile et ils partent Chez Madeleine. Retour en arrière, retour aux rituels familiers.
    En entrant, ils embrassent les habitués un à un. Avant même la fin de leur tour d'honneur, les Martini blancs et les biscuits apéritif préférés de Monsieur sont déjà sur la table. S'ensuivent les plats du jour, les verres de vin blanc (deux chacun) et, pour finir, le café et ses mignardises. Le mercredi, ils tapent la carte avec des amis de longue date. Le samedi, elle danse avec des hommes plus alertes que son époux.
    Vers trois ou quatre heures, c'est un couple un peu pompette que le taxi ramène chez lui. "On est encore bien conservés pour notre âge", lance-t-elle au chauffeur tandis qu'il aide son époux à sortir de la voiture.
    Ils n'ont pas à se plaindre. Certainement pas les jours où ils vont chez Madeleine. Et pas plus le reste de la semaine. Elle le répète trop souvent à son goût, elle veut des choses qu'il ne peut plus lui donner. Il radote sur sa hanche et sa mémoire qui flanchent, sur les petits bonshommes, sur les prix élevés en euros, sur l'insécurité croissante dans les rues.
    Et ça ne s'arrangera plus. Parfois, on dirait que le calendrier de sa vie en est arrivé à ses dernières feuilles, mais que son propriétaire s'évertue à le laisser au mur. Pour combien de temps encore ?
    "Tout passe", soupire-t-elle. Ça va, ça vient. Mais ils profitent de chaque jour que Dieu leur donne. Les jours avec et sans Martini. Les jours où ils sont ensemble.

    03-06-2010 om 15:49 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    27-05-2010
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.FACING BRUSSELS - Mohammed nu
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    Mohammed est numéro un depuis 2001. Le Prophète qui repose en terre saoudienne se réjouirait-il que son nom soit le plus porté, qu'il s'étale, colonne après colonne, dans le registre de naissances de la capitale de l'Europe? Mohammed arrive en tête, devant Adam, Rayan, Ayoub, Mehdi, Amine et Hamza.


     Un modèle de dévotion, de vertu et de sagesse. Puisse notre fils marcher sur Ses traces. Vœu pieux, rude réalité. Ce n'est pas si évident. Les enquêtes révèlent que Mohammed est souvent un citoyen de seconde zone dans le pays qui a accueilli ses parents comme travailleurs immigrés.

    Est-ce de sa faute? C'est son père qui est venu ici, quoique à moitié seulement. Dans sa tête, l'homme n'a pas oublié son village. Il a endossé une double identité: pour ceux qui étaient restés au pays, celle d'un héros lointain et prospère, et pour sa progéniture et son épouse, qu'il a contraintes au voyage, celle d'un être habité par la nostalgie, parfois en décalage. Le père était mal armé pour faire face aux nouveaux temps et aux nouvelles mœurs. Il n'avait pas non plus beaucoup à donner aux autres. À l'exception du gîte et du couvert, on n'a jamais attendu cela de sa part.

    Mohammed est donc venu au monde plus nu que les autres, déraciné, sans autre promesse de grandeur qu'un nom qui sonne un peu bizarrement. "En deuxième année primaire, un cinquième des allochtones accusent un retard linguistique qu'ils ne parviennent en général plus à rattraper", révèle une étude universitaire. Mohammed paie les pots cassés. Il est rapidement orienté vers l'enseignement technique et professionnel, même si ses compétences cognitives le prédestinent à devenir ophtalmologue, et non plombier.

    "Les élèves allochtones ont tendance à se renfermer sur leur groupe ethnoreligieux, lit-on, alors qu'une étude révèle que s'ils fuient le repli identitaire, ils multiplient par deux leurs chances de réussite à l'école et dans la vie."

    Mais comment s'y prendre? Mohammed, l'ombre du Prophète, est un jeune garçon sans patrie, un citoyen plus souvent conspué qu'enlacé. Comment avez-vous dit que vous appeliez ? Le propriétaire de l'appartement a l'air moins bienveillant quand il a un Mernissi au lieu d'un Mertens au bout du fil. Mohammed a passé sa jeunesse à Molenbeek, l'homme a fait l'amalgame avec le Maroc et a d'emblée entrevu les problèmes, le jacassement des hordes familiales, les moutons égorgés sur les balcons étroits, les envolées vocales d'Oum Kalsoum à des heures indues. Désolé, cet appartement au deuxième étage n'est plus à louer. Le bail vient d'être signé avec un locataire.

    Penchons-nous sur les études relatives à la discrimination à l'embauche. Plus souvent qu'à son tour, Mohammed s'entend signifier que le poste est déjà pourvu, alors que Laurent sera encore convié à un entretien une semaine plus tard.

    Ah, tout ça, ça dépend de vous, lance Mohammed. Il se convainc qu'il va décrocher un diplôme universitaire et démentir tous les clichés. Je serai le premier docteur marocain de ma rue à Bruxelles. Vous verrez. Oui, les garçons avec qui j'ai grandi me traitent de tapette, de traître. Mais cela ne m'empêche pas de dormir. Que nenni. Ils viendront bientôt faire la file dans ma salle d'attente.

    Un peu plus tard, le jeune homme n'a pas le moral. Il n'est pas facile, pour un Mernissi, de devenir copain avec un Mertens. Mais je persévère, ça finira bien par arriver. Mohammed soupire.

    Puisse notre fils connaître la liberté, puisse-t-il marcher sur Ses pas, comme les premiers pas sur la neige fraîche.

    27-05-2010 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    21-05-2010
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    Les festivités sont un révélateur de nous-mêmes. Ressortissants d'un pays qui fête une victoire olympique, parents imaginaires d'une équipe de foot nationale qui gagne. (Arrière-)petits-enfants de tel ou tel prophète, fidèle d'une religion ou d'un culte qui se prétendent supérieurs.

    Elles nous présentent comme des musulmans, qui célèbrent la circoncision de leurs fils au cours de festivités qui laisseront un souvenir impérissable à toutes les personnes présentes. Elles nous confirment dans notre identité de chrétiens, qui louvoient entre vendredi saint, dinde de Noël, agneau pascal et branches de buis bénit.

    Bruxelles les subit toutes. Ou presque. Les traditions, les fêtes nationales, joyeuses ou malheureuses, et dans la plupart des cas, les événements historiques un peu sacrés qui ne sont pas fêtés ici, peu importe quand et où ils se sont déroulés.

    Il est à espérer que les fêtes fédèrent les individus, qu'elles dépassent les clivages des races, des nationalités, des idéologies ou de la foi. Espérer.

    Ce que nous fêtons et la façon dont nous le faisons sont comme un passeport social. Ils nous cataloguent, nous font revenir en arrière, à une époque passée, où il fallait encore poser des choix individuels conscients, aux communautés dont nous sommes originaires, que notre loyauté actuelle envers elles soit grande ou non.

    Ce qui incite les uns à se réjouir et à s'affirmer, suscitera souvent le mécontentement des autres.

    Il suffit d'écouter les commentaires désobligeants des autochtones à l'encontre de leurs collègues qui pratiquent le ramadan. La mauvaise humeur des fumeurs qui doivent s'abstenir temporairement de leur cigarette, la fatigue perpétuelle, l'augmentation de l'absentéisme. Interrogez les homos et les lesbiennes qui se disent oui à l'hôtel de ville. Souvent, leur cortège qui traverse les petites rues est hué par des jeunes désœuvrés à l'esprit étroit.

    Voyez le désespoir et la soumission dans les églises messianiques et lisez les études sociologiques sur ces formes intolérables de manipulation et de charlatanisme. Captez l'humeur de la rue: chaque fois que le ballon rond monopolise le petit écran et les pensées de millions de spectateurs, les coups de klaxon de joie des uns valent aux autres des nuits blanches et des frustrations.

    Bruxelles est de toutes les célébrations, sous la pluie, dans le brouillard, sous la neige, le soleil ou la grêle. Aucun mystère ne nous est épargné. Les familles, les clubs, les quartiers, les communautés font la fête. Ils le font chacun dans leur coin, à côté, tout contre mais jamais ensemble. En râlant sur les autres.

    Bruxelles fait la fête, mais si rarement comme Zinneke, ensemble. Mon Zinneke, ton Zinneke, le nôtre. Une parade au cœur à cœur, par la ville et à travers elle. Une fête du Bruxelles dont nous rêvons.

    21-05-2010 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    15-05-2010
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.FACING BRUSSELS/MOMENTS CAPITAUX- Le fast-food de l'imaginaire
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    Le fast-food de l'imaginaire


    "Tu n'as rien oublié? Le bus nous attend." La touriste chinoise emboîte prestement le pas à son mari en nage. Elle le débarrasse des marchandises qu'ils viennent d'acheter puis ils se dépêchent ensemble derrière le groupe qui visite l'Europe en dix jours. Nous sommes mardi, donc nous sommes à Bruxelles.

    Ils savent ce qu'il leur faut. C'est écrit noir sur blanc dans leur guide de voyage en chinois: chacune des rues de la ville fleure bon le chocolat. Et le guide poursuit: "Toutes les échoppes vendent cette friandise légendaire, souvent élevée au rang d'œuvre d'art. La palme de la popularité revient aux pralines, toutes sans exception fabriquées à la main. La Belgique produit 172.000 tonnes de chocolat par an. Même le plus petit village accueille une chocolaterie aux étalages garnis des pralines les plus raffinées."

    En matière de tourisme, les Chinois débutent. Pendant trente ans, ils ne sont pas sortis de chez eux et il aura fallu attendre le début du XXIe siècle pour qu'ils puissent obtenir facilement un visa Schengen. Handicapés par la muraille de Chine de la langue, ils voyagent désormais en groupes ressemblant à une procession fatiguée allant de merveille du monde en merveille du monde. D'une Tour Eiffel à l'autre. Jour après jour, insouciants: une photo par-ci, un souvenir par-là. Quoi? Où? Combien? Tout est expliqué dans le guide.

    Quoique... Y est-il écrit que le Manneken-Pis se prénomme Julien, qu'il a près de quatre cents ans et qu'à l'origine, il s'agissait d'une curieuse fontaine à vin installée à la table de banquet du roi? Le guide rapporte-t-il que le petit bonhomme de la rue de l'Étuve n'est qu'une réplique de l'original, à l'abri dans un musée bruxellois? Associe-t-il Julien au bombardement qui, sur ordre de Louis XIV, ravagea un quart de la ville en 1695? Julien s'insurgea alors de manière toute personnelle et posa des actes que la statutaire évoque rarement. Écrire des lettres, par exemple, qui restèrent toutefois vaines.

    Qu'importe, les touristes ne sont pas là pour apprendre ou découvrir. Après tout, c'est censé être des vacances. Bruxelles est la capitale de Julien et du chocolat et cela suffit aux touristes. Ajoutez l'Atomium et le circuit en bus au gré de quartiers emblématiques et voilà la journée pliée.

    Dans le fast-food de l'imaginaire, le repas est servi prémâché. Encore que... C'est une question de prestige social, il s'agit d'apporter la preuve d'un lointain périple et, dès lors, d'étaler sa richesse.

    Je ne peux pas m'empêcher de repenser au riche homme d'affaires qui, il y a quelque temps, avait partagé mon compartiment dans le train de nuit pour Shanghai. Bruxelles? Son visage s'était éclairé. Bien sûr, il y était allé. Avec sa femme, son enfant et les cinquante autres touristes du groupe. Il se souvient qu'il pleuvait, que la nourriture était mauvaise et que le café coûtait les yeux de la tête. "Des crottes de chien jonchaient les trottoirs", avait-il ajouté en riant. "On est mieux en Chine. Mais allez essayer d'expliquer ça à ma femme!"


    15-05-2010 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    11-05-2010
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.MOMENTS CAPITAUX
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    Les JT dressent un portrait navrant de Bruxelles. Les chiffres d’audience et la paresse mentale ont rabaissé l’image de la ville à un lieu peuplé de jeunes désœuvrés, d’assassins de métro et de petites frappes à la gâchette facile. Parfois, un islamiste est mis sous le feu des projecteurs, avec sa barbe de saint Nicolas, ses chaussettes de tennis blanches et son ombre en niqab.


     Que voulez-vous, les terrasses ensoleillées où il fait bon s’attabler, les jolies places garnies de bancs et d’arbres centenaires, les pentes gazonnées des immenses parcs, les collections d’art célèbres dans le monde entier et l’étalage infini de gourmandises venues des quatre coins du monde, ailleurs, on n’en parle pas non plus dans les médias. Les atouts de Bruxelles sont nombreux. Ils expliquent notamment sa quatorzième place dans l’indice des villes les plus agréables à vivre. Juste après Amsterdam, mais 18 places plus haut que Paris et 24 plus haut que Londres.

    Pourtant, aimer Bruxelles n’est pas si simple. Tantôt exécrable, tantôt bon enfant. Tantôt chic, tantôt pauvre. Tantôt grise, tantôt verte. Tantôt euphorique, tantôt déprimante. Cette ville est tout à la fois. Bruxelles est comme un kaléidoscope qui laisse entrevoir quelque chose de différent selon la position où on se trouve. Qu’on soit touriste, banlieusard ou habitant. Sans-abri, noble ou eurocrate. Celui qui est né ici voit les choses autrement que l’immigré qui est venu de loin ou de près, représentant de la première, de la deuxième ou de la troisième génération.

    Cette ville est plurielle. Ali, mon copain homo algérien fraîchement débarqué dans la capitale, habite un autre Bruxelles que moi. Il me parle des regards et des imprécations que son bermuda fleuri suscite dans son quartier de Cureghem et de la jeune voisine liégeoise dont l’éternel sourire est interprété par les gens du quartier comme une incitation à la débauche. Je veux habiter ici, me confie-t-il, en regardant passer les piétons sur le passage clouté de Ma Campagne à Ixelles. Des jeunes filles en mini-shorts et bas de couleurs vives qui évoquent les conversations récentes avec leurs petits amis, une mama africaine qui traverse péniblement la rue ou le tenancier du restaurant alternatif d’en face qui fait du plat à une amie.

    Ce nouveau Bruxellois décrit sa ville comme un archipel, un conglomérat de communautés où beaucoup d’eau passe sous trop peu de ponts. J’essaie de lui faire comprendre que son jugement est trop acerbe, trop rapide et trop simpliste en lui relatant l’histoire d’une petite fille haïtienne adoptée de onze ans. Une semaine durant, elle a suivi un stage en périphérie bruxelloise. Elle nous a confié qu’il a fallu attendre l’avant-dernier jour pour que le groupe homogène de blancs l’aborde enfin normalement. Dans mon Bruxelles à moi, martela-t-elle, ça ne se passe pas comme ça. Là, on sait que votre cœur n’est pas de couleur noire. Son Bruxelles est le mien, une ville qui est et qui devient. Forgée par les mères et les pères, les grands-pères et les grands-mères, les enseignants, les automobilistes, les éboueurs, les conducteurs de tram, de bus et de métro, les électeurs et les sans-papiers. Avec sa pauvreté, sa cécité, son arrogance et sa tyrannie. Et avec tout son contraire.


    11-05-2010 om 22:26 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    16-12-2008
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.Résumé en français de 'Onder Mannen, la vie secrètes des homos Marocains'
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    1. Façon de travailler:
    J'ai d'abord lu tout ce qui existe (en français, anglais, néerlandais) au sujet de la sexualité en islam (non-fiction). J'ai complété cette lecture par celle de la fiction marocaine, critique vis-à-vis de la société (chacun de mes chapitres commence par une citation d'un de ces livres). J'ai ensuite interviewé des chercheurs spécialisés établis à Paris, au Maroc ou à Bruxelles, suivis par deux voyages au Maroc pour recueillir les divers témoignages (plusieurs rencontres qui durent des heures voire des journées chacune). D'autres entretiens ont eu lieu en Espagne, en France et en Belgique.
    Le but de ma démarche était de  vulgariser certaines analyses qui malheureusement n'arrivent pas souvent auprès du grand public, et d'approfondir de la sorte l'histoire des personnes rencontrées en évitant que celle-ci ne devienne banale ou superficielle.

    Premier chapitre: introduction (point par point)

    -les problèmes des homosexuels marocains/arabes nous concernent tous (et non seulement la communauté gay)
    -Il n'y a pas plus d'homos au Maroc qu'ailleurs (malgré une telle perception en Occident). Il y a tout au plus plus d'actes homosexuels au Maroc, conséquence de la ségrégation des sexes (d'une part on fait l'amour avec celui/celle qui est disponible, d'autre part il est moins dangereux de faire l'amour avec un homme puisqu'on évite la grossesse ou la perte de l'honneur suite à la rupture de l'hymen).
    -l'illégalité des actes homosexuels, le manque de libertés sexuelles (l'article 489, mais aussi 490, 491) qui prévoient la peine de prison pour tout acte sexuel en dehors du mariage. Pourtant il y a une grande différence entre la pratique, le dogme et la loi. Ceux qui voudraient lutter pour changer la loi se trouvent seuls dans le désert. Cependant, en huis-clos tous les progressistes sont d'accord.
    -L'importance de la communauté (liée aussi à la religion) et la peur d'en être exclu.
     
    2. L'homme et l'enfant, Paris et Salé

    L’histoire du jeune romancier Abdellah Taïa, qui dit devoir être à Paris pour être libre. Au Maroc, au sein de la famille, ses arguments ne tiennent plus. Taïa est le premier homosexuel marocain à avoir fait son coming out. La rage de sa famille a été conséquente.

    3. Le cadeau du dictateur

    L'histoire de l'écrivain Karim Nasseri (participant au débat): une relation avec un père violent qui a sali l'amour hétérosexuel; la liberté découverte en France, pays des droits de l'homme; doute que son 'outing' ait une grande influence sur les homosexuels marocains: les réalités françaises et marocaines sont trop différentes, et en quelque sorte il est trop facile de le faire quand on est en France. Karim Nasseri écrit un livre sur 'homosexualité et islam'.

    4. L'arme d'un amour pour la vie (Casa)

    L'histoire de Malek (25), qui a parlé de son homosexualité à sa maman très tôt. Elle lui a dit qu'il doit promettre trois choses: de toujours se protéger, de ne rien dire aux proches de la famille et de ne pas faire l'amour avec des gens de ce groupe. 'Mon amour tu ne pourras jamais le perdre, tu resteras toujours mon fils. L'amour des autres en revanche, ce n'est pas si sûr.'
    -Une grande peur des violences vis-à vis- des homosexuels au Maroc.
    -Convaincu qu'il se mariera à un homme, au moins dans sa tête. Le certificat de mariage même n’a aucune valeur pour lui, étant enfant d'une mère divorcée.
    -bien éduqué, bon travail.

    5. Il y a un temps pour tout, maintenant c'est pour l'argent (Essaouira)

    Saïd (24), une star et prostitué de luxe qui se vend comme masseur sur internet, fait la navette à Marrakech pour 'le travail', se fait bien payer par des hommes européens un peu plus âgés mais riches.
    -Ne compte pas faire ça très longtemps encore. Va se marier, aura des enfants, puisqu'une vie sans gosses est la pire des choses, le plus grand échec de la vie.
    -Il voudrait bien partir en Occident, mais seulement pour s'installer dans un cadre de luxe, et non pas avec un vieil homme, car ça rendrait sa famille soucieuse.
    -Ne s'inquiète guère pour l'épouse malheureuse qu'il n'aimera pas. Les femmes sont faciles à satisfaire et une fois maman elles ne pensent qu'au luxe (voiture, belle maison). Il prendra un copain à côté.
    -Vient d'une famille pas très aisée, peu éduquée et sans vrais revenus.

    6. Les pères ne perdent jamais complètement (Essaouira)

    Nabil, originaire de Marrakech, n'a cherché un boulot à Essaouira que pour échapper à sa famille et au contrôle social. Il a connu l'amour de sa vie avec un homme européen et y croit. Mais sa famille/communauté l'obligera de se marier une fois la trentaine passée. Il voit cela comme une tragédie inévitable.
    Parler à ses parents de son homosexualité est impensable, même s' il les voit comme très modernes et chouettes (les sœurs peuvent sortir en boîte par exemple). La seule voie de secours  envisageable est de partir à l'étranger, soit disant pour travailler.

    7. Le naufragé et son rocher (Marrakech)

    Issu d'une famille très pauvre et peu éduquée, Sami habite dans un appartement de luxe avec son copain français, pas vieux, mais plus âgé et aisé.
    Entre eux, c'est le clash des cultures: le français ne comprend pas pourquoi son ami doit faire le ramadan alors que l'islam condamne les homosexuels.
    La maman de Sami est déjà venue chez eux et s'est comportée correctement, mais le français n'est pas sûr qu'elle soit sincère.
    Un aspect indéniable est celui de la pauvreté abandonnée: maintenant Sami part en vacances à l'étranger. Il vit bien, il a un job et il est jeune. (Mariage après?)

    8. Egorger et enlever la peau - la matrone et la pute (Marrakech)

    Hassan (23), issu d'une famille extrêmement pauvre, à dû travailler à partir de ses 8 ans chez un artisan du souk. Celui-ci l'a systématiquement violé. Hassan fuit la maison mais y retourne après d'autres mésaventures. Sa mère, autoritaire, ne s'intéresse qu'à l'argent que son fils ramène. Celui-ci commence à faire les trottoirs. "Si on peut être violé sans être payé, vaut mieux se faire payer quand-même." Hassan est arrêté trois fois (jamais en flagrant délit, seulement au mauvais endroit au mauvais moment) et arrive trois fois en prison où son traitement est terrible.Il devient séropositif et  retourne chez lui, en haïssant sa mère.


    9. Entre Dieu et le sex payé (Marrakech)

    Saâda (21), étudiant de bonne famille, discriminé à l'école depuis tout petit, est extrêmement instable et anxieux. Très bon étudiant, il a cherché du réconfort dans la prière pour échapper à son énorme solitude. 'Il n'y a que Dieu qui me comprend'. Il écoute les cassettes d'un prêcheur égyptien, un fanatique, et vote pour le parti islamiste. Il pensait qu'il était le seul homo au monde et sait que Dieu n'approuve pas de telles pratiques. Il se trouve face à un dilemme gigantesque: il promet à chaque fois qu'il ne commettra plus jamais ce 'pêché', mais c'est plus fort que lui. Dit qu'avec le soutien de Dieu il va 'guérir'. Mais il commande des putes homo sur internet, après quoi il demande pardon à Dieu dans la mosquée. Saâda est très radical en religion: le danois qui a fait des cartoons de Mohamed devrait être tué instantanément.

    10. Ce qui ne me tue pas, me renforce (Rabat)

    Tahi (19), jeune bloggeur, très ouvert, très convaincu de ses opinions, a totalement 'digéré' son homosexualité personnellement, mais sa mère divorcée est très autoritaire.Elle l'envoie chez des psys et le contrôle totalement. Il ne peut sortir de la maison que pour aller à l'école. Elle a lu ses cahiers et sait tout. Après plusieurs tentatives de suicide il veut partir étudier à l'étranger, il déteste la mentalité et société marocaines et voit Taïa comme son grand exemple. Il a de très bons amis homos et veut devenir écrivain. Il écrit des poèmes.

    11. Des castrés viriles et des homos pendus

    -On ne peut pas exister au Maroc en tant qu' homo. L'écrivaine Baaha Trabelsi est totalement ignorée quand elle publie son roman 'une vie à trois', qui raconte la vie d'un homme riche et bien éduqué en France, qui rentre au pays pour se marier et faire plaisir aux parents. Puis il dit à sa jeune femme un peu naïve qu'un de ses amis viendra loger chez eux quelque temps.
    -Trabelsi n'a pas d'interview à la télé. La radio veut bien l'inviter mais seulement si elle promet de ne jamais prononcer le mot homo.
    -Le cinéaste marocain, Abdelkader Laagta, qui vit à Paris, a lui aussi de grands problèmes pour le tournage de son film 'La porte close', sur un jeune instituteur qui doit travailler à la campagne, ou le seul autre instituteur est un homo qui finit par se suicider. Puiqsua personne ne veut jouer ce personnage, il a dû faire venir un français. La fédération des enseignants marocains voulait l'interdiction du film puisqu'un instituteur ne peut  être un homo. Le film n'est jamais sorti en salle, et a seulement été projeté à des festivals.
    Nabil Ayouch a de grandes problèmes avec la censure pour son film 'Pour une minute de soleil en moins', avec comme seul personnage 'humain' un travesti.

    12. Un refugié politique en version améliorée et espagnole

    Nanou (traduit en français), un des raflés de Tétouan. Il part finalement en Espagne où il se réinvente.

    13.Le royaume des mères. (Bruxelles)

    Arezki (35) est venu pour se marier avec un belge. Il est bien éduqué, a un bon travail. C'est le manque de liberté personnelle et sexuelle et le poids de la mère qui lui pèsent, ainsi que le machismo arabe.

    14. Un homme est un chien est un homme est une pute. (Bruxelles)

    Soufian (32), originaire de Casa, licencié en économie, a été fort maltraité dans son enfance par son grand frère  parce qu'il mangeait d'une façon 'efféminée'. (Pendant deux semaines on l'a emprisonné tout nu dans la salle de bain, on lui posait une assiette par terre pour manger).
    S'enfuit en Europe avec le grand amour de sa vie qui rentre au pays. Illégal, il tombe dans la prostitution. Finalement il a la chance de se marier avec une fille qui a pitié. Il restera traumatisé par les cruautés de sa jeunesse.

    15. Un enfant unique et même pas le leur (Belgique, Flandres)

    Fourad (26) est enfant unique. Papa et maman travaillent toujours, lui est toujours avec ses amis flamands, quand à 17 ans, il tombe amoureux. Il met ses parents au courant, qui eux le mettent à la porte toute de suite. Ils sont fous de rage parce qu'il a osé leur demander de ne pas se laisser faire par ce que pensent les autres. Les services sociaux belges ne veulent pas l'aider: il doit commencer un procès contre ses parents, pour qu'ils paient son éducation, ce qu'il refuse. Il est alors obligé à travailler, malgré ses rêves d'études. Emotionnellement il va très mal, il finit dans un hôpital dans une condition grave. Seulement à ce moment-là les services sociaux se montrent prêts à l'aider.
    Il ne voit plus ses parents, jusqu'au moment où son père a une crise cardiaque et demande à la police d'aller le chercher. Il se rend à l'hôpital, la rencontre est très émotionnelle. Ils se revoient depuis, mais jamais ils ne demandent des nouvelles de sa vie personnelle.

    16. La mortalité d'un pêcher d'enfance (Bruxelles)

    Samia raconte l'histoire de son ami Abdou (37), qui s'est suicidé dernièrement. Ils sont des immigrés de la deuxième génération, et des amis depuis l'école primaire. Samia a toujours su que Abdou était homo et était très opposé à l'idée de son père de faire marier son fils à une fille de village, qui va le 'guérir'. Dépourvu de résistance morale face à un père autoritaire, Abdou est d'accord et pense que son père sait ce qui sera bien pour lui.
    Il se marie et devient père de deux enfants mais rien ne change, il commence à mener une vie en cachette. A un certain moment il n'en peut plus et déménage au grenier, puis veut un divorce. Le père dit qu'il doit attendre le moment que les enfants sont adultes.
    Un soir il se suicide dans la baignoire. Sa mère n'en comprend rien. Pourquoi tu n'as rien dit, mon fils, se demande-t-elle.

    17. Le luxe d'un silence tolérant (Casa)

    Ali vient d'une famille très aisée, éduquée en français, qui voyage  à l'étranger. Ses parents sont plutôt laïcs. Ali travaille comme journaliste et vit seul (avec des intermezzos de retour chez maman quand il n'a plus d'argent). Il trouve que tout se passe bien. Maman ne sait pas vraiment qu'il est homo mais ne demande rien et ne le  force pas à se marier. Ses sœurs et frères sont au courant et acceptent leur frère. Pour lui, parler à maman n'est pas important.
    Il ne voit pas de grandes différence entre sa vie et celle des homos en Occident, mais se rend compte qu'il a de la chance: il est économiquement indépendent. Le mieux, dit-il, c'est le fait que de plus en plus de femmes doivent travailler. Ainsi elles n'ont plus le temps d' espionner les autres, le contrôle social s'affaiblit et ainsi tout évolue dans le bon sens.










    16-12-2008 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    15-12-2008
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.Maroc - Citations du livre 'Onder Mannen'
    Klik op de afbeelding om de link te volgen 'Ma valeur d'homme, ma valeur d'Arabe, ma valeur de musulman, je l'avais entre les jambes. Quant à mes sœurs, c'était l'honneur de la famille qu'elles portaient entre leurs jambes. La virilité pour les uns, l'honneur pour les autres. Nous avions chacun une tâche précise à accomplir, une limite à respecter, un engagement à remplir, une corvée à trimbaler toute notre vie comme une dette, une vertu, un privilège, une servitude, une corvée de honte et de fierté mélangées. (Abdelhak Serhane, dans le roman Messaouda, 1983)


    A treize ans Malek, en pleurant, a raconté à sa maman qu'il aimait les garçons. Elle a répondu qu'elle savait qu'il était différent et qu'il devait lui promettre trois choses. 'Utilise toujours un préservatif, mon garçon, ne couche jamais avec des gens que nous connaissons et fais attention à ce que les gens ne le sachent jamais. Tu seras toujours mon fils, cet amour tu ne pourras jamais le perdre. Celui des autres, lui, est moins garanti.

    Tahi vient de faire une tentative de suicide. Au fond on entend sa mère qui pleure. Pourquoi avons-nous mérité tout ça, se lamente sa tante. Tahi ferme ses yeux mais elle ne veut pas le lâcher. Elle lui tire le bras et lui frotte le visage avec une serviette froide. 'C'est pas compliqué’, hurle-t- elle, 'dans notre famille on préfère un toxicomane, un alcoolique ou un dealer de drogues comme fils plutôt qu'un homosexuel'.

    Ce soir-là Ahmed attendait Soufian à la maison, les yeux gonflés de rage. Il a tiré son petit frère par ses vêtements, l'a emmené à la salle de bain et l’a collé au mur. Quand Soufian a repris conscience, il a senti qu'il était bâillonné et que son nez et ses yeux étaient enflés. Il s’est demandé ce qu'il avait fait pour provoquer une rage pareille. Le bourreau Ahmed a laissé son frère sur le carrelage de la salle de bain pendant quinze jours. Il a gardé la porte fermée avec un cadenas dont il avait la seule clé. Chaque soir sa mère lui amenait une assiette de nourriture qu'elle mettait dans un coin. Au début Soufian a essayé de lui parler, mais elle n’a jamais répondu.
    Un matin c'est Ahmed qui est venu. Soufian a du se laver. Il allait l'accompagner à l'école. La version officielle était que Soufain avait eu un accident de voiture. 'Si tu oses raconter autre chose', l’a-t-il menaçé, 'je te casse le cou'.

    Nanou (25 ans) est parti en Espagne, il a dit à sa mère qu'il allait chercher du boulot et elle a trouvé ça bien. Vas-y, gagne ton argent, mon fils, qu’elle a répondu, réalise tous tes rêves. Depuis, elle lui a rendu visite à Torremolinos. Ils sont partis manger, se promener à la plage et manger des glaces au coucher du soleil. Et quand maman est repartie contente, son fils a pu respirer.
    Il y a encore des choses qu'elle ne sait pas. Si elle avait découvert que son enfant s'est marié à un homme, seulement pour avoir des papiers, elle aurait exigé qu'il rentre avec elle. Dans ses yeux, on est mieux illégal qu’à brader son honneur.

    Pour être libre, Nabil (28 ans) a cherché un boulot à trois heures de route de sa ville natale. Et puis, il dit qu'il souffre d'insomnies quand il pense à la femme qui sera inévitablement la sienne. Une fois passé la trentaine, il sentira la pression familiale de tout son poids. “Si seulement il pouvait exister un médicament pour me guérir de l'homosexualité, je te jure, je n'hésiterais pas une seconde”.
    Ce n'est pas de la faute de ses parents, explique-t-il, ce sont des gens ouverts, avec un esprit progressiste. Mais ils ne sont pas seuls au monde et ils doivent penser à la communauté. La nouvelle de son homosexualité les condamneraient, eux aussi, à l'exclusion sociale. Ils ne survivraient pas à cela.

    Le père d'Abdou (37) lui disait qu'une jeune épouse de son pays natal le guérirait une fois pour toutes de ce péché de jeunesse si honteux, qu’il verrait bien. Mais est-ce que Abdou y a cru lui-même?
    Quand Samia et Abdou, qui avaient été de grands amis pendant toute leur jeunesse, se sont revus après de longues années, Abdou a dit qu'il voulait divorcer, que la vie conjugale c’était l'enfer et qu'il s'était fait une chambre pour lui seul au grenier. Abdou a raconté aussi que son père l'avait menacé, qu'il lui avait craché dessus, qu'il l'avait maudit. Il y a  une chose qu'il devait savoir, disait-il à son fils : il n'y aurait pas de divorce de son vivant et surtout tant que les enfants ne seraient pas adultes. Abdou en a tiré ses propres conclusions. Ivre mort, il s'est suicidé dans la baignoire.

    Aux élections parlementaires de septembre 2007, Saâda (22 ans) a voté pour les islamistes du PJD. Pour un parti politique, donc, qui prône la lapidation pour les personnes qui ont son identité sexuelle, comme prévu par la charia pour les récidivistes.
    Etrange, non? Il me regarde et dit que je n'ai rien compris. Pour lui l'islam n'est pas une moralité à la carte ni une fonction du cerveau, qu'on pourrait activer et désactiver selon les circonstances. Saâda dit qu'il vit en islam.
    Aura-t-il alors une place au paradis ? Est-ce que la porte s'ouvre pour les homos? Il hurle qu'il a toujours été  normal dans tous les sens, sauf pour cette chose-là, cette anomalie sexuelle qui le fait souffrir. C'est une maladie, une épreuve. Il jure qu’il surmontera cet obstacle. Avec la force que Dieu lui donnera. Il vivra dignement.


    Ali (39 ans et journaliste) est incroyablement optimiste pour l'avenir. Il constate une évolution irréversible au sein de la société marocaine et acclame le déclin de la famille traditionnelle. Il chante la vie trépidante et le désir de performance, ne fût-ce que parce que, de la sorte, il ne reste plus de temps pour guetter l'autre et contrôler sa vie. Avant tout, c'est dans la nécessité économique que l'individualisation plonge ses racines, quelle que soit l'opposition des forces traditionnelles. "Rajoutes-y la mondialisation, l'ouverture qui naît de l'accès au monde, regardes internet et rends-toi compte de l'envergure de la communauté virtuelle qui s'y est constituée."


    "Nous manquons de courage pour casser le rapport presque mécanique que l'esprit musulman établit entre la croyance et le sexe ainsi qu'entre le sexe et le mariage. Il nous faut une révolution, une révolution qui ne verse pas de sang et qui vient du cœur. L'homme arabo-musulman reste dépourvu d'humanisme. Dieu est sa référence centrale et ultime. Personne ne lutte pour la liberté religieuse, l'athéisme est totalement inacceptable. Car en dehors de la religion il n'y a point de moralité. L'idée cartésienne de l'homme comme maître de son existence, le fondement de la modernité, doit encore naître au Maroc. Sans l'homme en tant que valeur et principe il n'y a pas de droits humains. Il n'y a que partage - de la famille, de la communauté et de Dieu. (Professeur Abdessamad Dialmy, sociologue et auteur de 'Jeune, Sida et Islam au Maroc')

     

    15-12-2008 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.Réaction de l'écrivain Abdellah Taïa sur 'Onder Mannen'
    Klik op de afbeelding om de link te volgen "Bien raconté. Bien écrit. J'ai sincèrement hâte de lire la suite. Ton livre doit absolument passer, arriver, si je peux dire, dans la langue française pour que les Marocains (et d'autres, bien sûr) puissent prendre connaissance de ces histoires fortes, dérangeantes, de cette réalité, l'homosexualité, qu'ils ne veulent pas voir. Un jour, je l'espère, ce livre arrivera aussi dans la langue arabe.

    15-12-2008 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.Maroc - Lisez un chapitre du livre Onder Mannen (non édit en français)
    Klik op de afbeelding om de link te volgen Chapitre 12. Un réfugié politique, version améliorée et espagnole

    Un quai de gare. Un train à l’arrivée, en descend une mémé quasi hors d’âge en tenue de plage . Seul un paréo dissimule quelque peu des formes aussi flétries que volumineuses. « Georges » dit-elle impatiamment « grouiile-toi, il peut partir d’un moment à l’autre ». Surgit sur le marche-pied un minus traînant plus qu’il ne porte une valise plombée. L’homoncule se fait presque dégommer par la déferlante Famille Eléphant. Eux, sont des compatriotes de George et son épouse, probablement émules de Rabelais plutôt que de Racine.
     Ils sont six, tous porteurs d’un short blanc, ’emballage minimum pour leurs nobles attributs, et exposent à ravir au chaud soleil espagnol de grands lots de viande palpitante. Seule l’aïeule a jugé plus sage de laisser le nombril couvert, le reste de la famille – trois gosses et deux femmes de trente ans, pierçées de partout  – sont clairement d’avis que les vacances impliquent un certain degré d’exhibitionnisme, quelque soit l’indice de masse corporelle.
    George encore, lui, évite de justesse la crème glacée égarée par l’enfant le plus jeune, mais pas pour autant le moins costaud du lot. Le cornet s’écrase contre les portes automatiques, laissant une fine trace rosâtre sur les parois du train.
    ‘Mince, Andy, fais gaffe quand même’. La voix de maman Éléphant casse, elle pose ses bagages par terre et flanque une châtaigne au cadet.
    Bienvenue à Torremolinos, le coeur de béton de la fiesta espagnole. Le jour, le panorama se remplit des hordes de touristes allemands, hollandais et britanniques haletants, candidats au mélanome, achalandés par des commerces interchangeables qui vendent des lunettes de soleil à cinq euros et des chaussures modernes à prix donnés, ampoules incluses.
    La nuit, c’est le Roi San Miguel qui y règne, ses grands prêtres accourus de toute l’Europe, sont ces dj quasi infatigables grands initiés aux rites de la musique house.

    Il est quelque peu surréaliste que le cri de détresse de Nanou me mène précisément à ce décor fellinien nappé de glace molle. Tout a commencé par un message d’à peine trois lignes, caché parmi les nombreuses réactions virulentes publiées sur le site web emarrakech.info en 2004 à propos de l’article ‘Homosexualité au Maroc’.
    « Bonjour », écrivit-il, « je suis un des 43 homosexuels arrêtés pendant une simple fête d’anniversaire à Tétouan. Je suis étudiant de dernière année à l’université, mais je me suis exilé à cause de mon homosexualité. Si vous voulez m’appuyer, s’il vous plaît écrivez-moi à l’adresse suivante. C’est un scandale pour une société civilisée et pour moi c’est une souffrance gigantesque. »
    Le beau gosse de 25 ans qui m’attend en gare de Torremolinos, en l’an 2007 n’a plus rien d’un persécuté politique. Des lunettes PRADA rehaussent son t-shirt ajusté et son bermuda jaune citron. Nanou éteind son MP3 et tient à porter mes bagages. La première chose qu’il me demande, c’est si je parle l’espagnol. Lui par contre l’a appris en moins de six mois et prétend même en avoir oublié le français qui a été sa langue d’enseignement pendant toute sa jeunesse. Rien de mal à ça au contraire, mais ce qu’il veut inconsciemment révéler, c’est que d’avoir voulu durant les trois années de son séjour espagnol se réinventer dans la langue de Cervantes.
    Cette nouvelle identité se manifeste tant par les chaînes de télévision numérique qu’il regarde et la musique latino qu’il écoute que par les repas qu’il me prépare dans son confortable studio. Le cadeau souvenir que je trouve sur ma valise le jour de mon départ en dit long aussi. Il m’offre une poupée flamenco tellement kitsch après le énième repas de patatas bravas et autres tapas maison.
    Mais plus encore que son pseudo chauvinisme parfois tragi-comique, c’est le rejet de son ancienne identité qu’exprime sa nouvelle ibérité. Il fréquente le moins possible les Nord-Africains.
    Du coiffeur homosexuel d’Oujda que nous rencontrons le lendemain dans une discothèque, il raconte que cet un homme croit en ses propres mensonges. Il a quarante ans et au Maroc sa femme et sa fille l’attendent. Il leur rend visite environ quatre fois l’an, et leur ramène autant de cadeaux que d’histoires sur les conditions de vie si difficiles dans un pays raciste comme l’Espagne, question de contrer tant bien que mal leur désir, pour le moins latent, d’émigrer. « Imaginez-vous qu’elles arrivent ici pour découvrir qu’il traîne toutes les nuits dans une boîte, en espérant draguer l’un ou l’autre mec», plaisante Nanou.
    Auparavant, il m’avait déjà parlé de ce ravissant garçon de Casablanca, qui habite avec le propriétaire espagnol de cinq bars et discothèques gays. « Chaque centime qu’on y dépense – et Dieu sait qu’on en dépense d’habitude beaucoup – peut être considéré comme de l’aide au développement du Maroc. Le petit sait remarquablement bien comment plumer l’Espagnol. Au bled, il a déjà une maison à la côte, finance la formation de tous ses frères et soeurs et passe son temps à faire du shopping, à chatter sur internet et à regarder du porno gay à la maison. Mais apparemment le micheton n’y voit aucun problème et déclare à tout qui veut l’entendre que ce garçon de Casa est l’amour de sa vie. Dégoutant, n’est-ce pas? »

    « La plupart des Marocains », dit-il, « rêvent d’une vie de ce côté du Détroit de Gibraltar. Moi, ce n’était pas à ça que j’aspirais. En plus, avant, j’avais beaucoup d’argent, je disposais d’un appartement spacieux à Tanger, je ne portais que des vêtements de marque, j’organisais de formidables fêtes et je prenais l’avion pour les grands déplacements. Une fois, j’ai même loué un ryad à Marrakech pour un week-end entre amis. C’étaient des années folles, somptueuses. Jusqu’à ce qu’une mauvaise fête au mauvais endroit ait balayé tout cela. Vous savez, je ne connaissais même pas celui qui fêtait son anniversaire. »
    Tout à coup, Nanou se lève et se met à farfouiller sous l’évier, il murmure qu’il va faire du nettoyage et se retranche dans sa chambre avec deux balais et un seau pendant une bonne demi-heure. « Ne me comprenez pas mal, » dit-il quand il réapparaît, « ce ne sera pas sans fierté que j’accéderai à la nationalité espagnole l’année prochaine, environ au moment où j’espère obtenir mon diplôme de postgradué. »
    « J’y pensais récemment », ricane-t-il, « quand j’ai eu maille à partir avec une personne entre vingt et trente ans à la station d’autobus. L’homme me fixait déjà depuis une demi-heure, alors je lui ai demandé en espagnol s’il y avait quelque chose qui n’allait pas? Il me répond en darija qu’un sale zamel comme moi ferait mieux de baisser le ton. Ah bon, lui dis-je, voulez-vous donc que je vous emmène au bureau de police et que je dépose plainte contre vous? Ce sera plutôt vous qui resterez avec les policiers, et pas moi. L’homme, perplexe, s’en est allé tout de suite. »
    Nanou rit triomphalement et ajoute que les policiers espagnols sont d’ailleurs des hommes assez raisonnables, sans comparaison avec leurs collègues de l’autre côté du détroit. Les souvenirs de Tétouan s’imposent un instant et lui assombrissent le visage. « Ma mère l’a toujours dit », se reprend-il rapidement, « depuis tout-petit, elle m’a répété qu’il faut se méfier des Marocains. Et elle le sait, en tant que Tunisienne entre-temps divorçée de mon père qui travaille actuellement à Casa. »
    Nanou ne comprendra jamais pourquoi elle a quitté Tunis. La ville où il était tellement heureux jusqu’à ses dix ans, et où, des années plus tard, il tomba amoureux pour la première et seule fois dans sa jeune vie, restera gravée dans sa mémoire comme une oasis d’ouverture, de distraction et de modernité. « Je me rends bien compte à quel point le régime tunisien est répressif, et je ne prétends nullement minimiser son impact, mais en même temps, c’est un état séculier. Vous savez, si je devais choisir entre une nation où un impitoyable leader aux allures de big brother tient le bâton et une nation où l’on observe une certaine démocratisation, mais où Dieu est Le Juge Suprême qui voit toujours tout, j’aurais vite fait mon choix. Au moins, le tyran, lui, un jour il meurt.
    « Je me rappelle le choc vécu lors de mon arrivée à l’école à Rabat, peu après le déménagement de notre famille au Maroc. Le professeur nous obligeait à prier trois fois par jour en classe et ne prononçait pas une phrase sans mentionner l’Islam et le Droit Chemin. » C’était comme si le vol de Tunis Air était une sorte de machine à remonter le temps, qui avait ramené Nanou et sa famille de manière inopinée au Moyen Âge.
    La capitale marocaine ne plut guère à sa mère, et dès que l’infirmière eut trouvé un emploi à l’hôpital de Tanger, le déménagement suivant fut vite réglé. « Peut-être que cela a quelque chose à voir avec la mer, qui m’a toujours fasciné, mais Tanger était la première ville du Maroc où j’ai commencé à me sentir peu à peu chez moi. On s’y moquait moins de mon accent étranger et j’y ai finalement rencontré pas mal de gars vraiment sympas, avec qui je faisais de longues promenades chaque week-end. »
    Mais, une fois de plus, la famille n’était pas venue pour rester. L’adolescence de Nanou prenait toujours plus l’allure d’un roadmovie. Après trois ans à Rabat et deux ans à Tanger, sa mère rompt avec son père. Elle exige le divorçe et déménage de nouveau, et à tout jamais, à Tunis emmenant ses enfants avec elle. « Elle a joué malin en convainquant mon père avec l’argument d’un enseignement tunisien bien meilleur qu’au Maroc. Et voilà que de nouveau je me retrouvai à Tunis, où je tombai immédiatement éperdument amoureux d’un de mes condisciples. »
    Nanou estime que Majid est le seul homme qu’il a jamais vraiment aimé. Officiellement, son ami devait l’aider dans ses révisions en vue du Bac. Cela lui fournissait un prétexte pour passer des jours entiers dans la chambre de Nanou. Plutôt dans le lit, bien entendu, que derrière le bureau. « Nous savions que nous n’avions pas de futur et quelques fois nous nous en préoccupions. Mais la plupart du temps nous nous noyions simplement dans nos corps et notre présence. En effet, que signifie ‘plus tard’, quand on n’a que seize ans? Mais tandis que les mois passaient, la peur d’être découvert commençait à nous envahir. Imagine-toi que ta maman s’octroie une demi-journée de congé imprévu, m’avertissait Majid de plus en plus souvent, ou que l’une de tes soeurs rentre de la fac plus tôt que d’habitude ? Le bonheur sincère, quasi enfantin que nous avions vécu dans ses premiers mois, avait peu à peu cédé la place à une tension inquiétante et accablante. Nous avions le sentiment d’être enfermés dans un monde secret, monde qui serait inévitablement brisé en mille morceaux et probablement bien plus tôt qu’on ne le pensait.”
    Nanou décide de retourner à Tanger après son Bac. Majid a raté l’épreuve, son père lui a payé une formation de menuisier aluminium. « A un certain moment j’ai cru que la société était plus forte que l’amour, et que notre seule option était de s’oublier l’un l’autre. C’est pourquoi je suis parti. Aujourd’hui je trouve cela une mauvaise décision et je vous jure que je le ferais venir ici si je pouvais ; l’année prochaine peut être, quand j’aurai obtenu la nationalité espagnole”.
    Nanou soupire, il dit qu’en fait il ne sait pas encore. Il y a des jours où il se voit marié avec Majid, des jours où il s’imagine ce qu’ils pourraient faire ensemble à Barcelone. S’il est vraiment aussi habile qu’il le prétend, il pourrait aussi bien gagner son pain ici plutôt qu’à Tunis? Mais, à d’autres moments il pense à la copine allemande de Majid et aux nombreuses conversations téléphoniques désagréables qu'il a eu avec lui à ce sujet.
    A chaque fois un affreux sentiment s’empare de lui. Il soupçonne son amour de voir en lui uniquement un visa pour l’Occident. C’est une pensée insupportable que d’habitude il rejette tout de suite. Mais le doute est un sentiment tenace, auquel peu d’arguments résistent. Il hausse les épaules et se dirige de nouveau vers l’évier. « C’est un chapitre clos, le passé ne revient jamais, n’est-ce pas? »
    Un instant, sa bouche prend des traits tristes, mais tout de suite ce maître de l’art de l’évasion change de cap. Il commence à parler de la paella et de l’ami espagnol qui lui a appris à la préparer, aussi sa version de ce plat serait selon lui parmi les meilleures au monde. Echapper à Majid, d’abord à l’impossibilité de leur amour et ensuite à la crainte de sa trahison, voilà en quelque sorte le leitmotiv de la jeune vie de Nanou. Aujourd’hui il se distrait avec des dissertations peu novatrices sur la gastronomie espagnole et des nuits entières dans les discothèques de Torremolinos ; jadis il s’échappait à Tanger, qu’il transformait en une version mini et marocaine de la movida, sans être gêné par la supervision parentale.
    De fait c’est ce qui s’était passé après un petit détour de trois mois quand même, trois mois très désagréables passés dans l’internat de l’école de formation en gestion du tourisme à laquelle Nanou s’était inscrit. Avec les fils et filles de familles riches qui, eux, étant entrés à l’institut en faisant appel à leurs relatons, n’avaient pas de problèmes. Ils étaient eux-mêmes trop occupés à faire la fête pour s’inquiéter de son comportement éventuellement blâmable.
    Ce qui l’inquiétait surtout, c’étaient les regards des boursiers, paysans des lointains villages de montagne et enfants de ces bidonvilles où se répand si facilement l’islamisme. Il savait qu’ils savaient, ils le traitaient sans le moindre respect et Nanou avait peur qu’ils ne lui fassent du mal dès qu’ils en auraient l’occasion.
    Il n’en parlait pas avec sa mère. Au téléphone, il racontait qu’il maigrissait à vue d’oeil, que la nourriture n’était pas bouffable et qu’ils devaient se coucher à neuf heures, comme dans un camp pénitentiaire. Nanou la convainquit qu’il ne pouvait étudier avec application que dans un petit studio à lui et sut persuader sa sœur, qui entre-temps travaillait au Golf, de lui verser l’équivalent de 300 euros par mois, en plus des 150 euros qui tombaient déjà de Tunis.
    Ainsi Nanou découvrit le Tanger tant vanté par des écrivains comme l’Américain Paul Bowles il y a un bon demi-siècle. Le professeur italien Vincenzo Patanè écrit dans ‘Gay Life and Culture: a world history' que les Américains ‘se battaient pendant les premières décennies du vingtième siècle pour faire la cour aux garçons locaux accompagné du bruit de l’argent qui changeait de propriétaire.’ Nanou découvrit que peu de choses avaient changé depuis.
    Peu après s’être installé dans son petit studio, il rencontra pas mal d’hommes européens, avec peu de temps, beaucoup d’argent et surtout des sentiments profonds pour un beau jeune homme comme lui. Le premier était un journaliste-radio français qui lui achetait des vêtements chers et lui offrait des voyages, mais dont l’objectif final consistait à dominer son jeune amant à tout jamais. Cela a commencé par l’interdiction de se rendre en discothèque ou de voir de vieux amis et ça s’est terminé après avoir été enfermé dans une chambre pendant vingt-quatre heures.
    Nanou garde de meilleurs souvenirs de James, un Britannique installé à Gibraltar qui investissait l’argent de riches retraités britanniques. « J’étais son premier petit-ami, il était marié et père de deux enfants. Il avait une sorte de fascination étrange pour moi, il semblait qu’il ne pouvait rien me refuser. Il venait environ trois, maximum quatre fois par mois à Tanger. Il m’apportait des cadeaux chers et me donnait de l’argent pour que je puisse mieux me concentrer sur mes études. D’abord 600 euro par mois, après 2000 et parfois même plus. Et en fait, il ne demandait rien en échange, on ne dormait même pas ensemble. »
    Environ deux semaines avant l’examen de fin d’études, deux condisciples homosexuels de Nanou l’invitent à une fête d’anniversaire dans la proche ville de Tétouan, question de changer d’air. Nanou se rappelle encore des vêtements qu’il avait achetés pour l’occasion, « ils coûtaient l’équivalent de 200 euros. » Après, dit-il, il ne les a plus jamais portés.
    C’était l’anniversaire de l’ami d’un ami. Celui-ci avait invité quarante à cinquante personnes dans une salle exclusive sur la Place Alfadane, en face du palais royal de Tétouan.
    Les invités étaient arrivés vers trois heures de l’après-midi. Ils avaient reçu des boissons et sur toutes les tables se trouvaient de délicieux zakouski qu’ils n’ont pas touchés. « Il devait être vers six heures et demi du soir. Nous étions en train de parler et d’écouter le groupe de musiciens que l’organisateur de la soirée avait engagé, quand quelqu’un cria ‘police secrète’. La porte s’ouvrit violemment et des dizaines de policiers entrèrent en trombe dans une grande démonstration de force. Devant l’entrée se trouvaient quatre camionettes vides, prêtes pour le transport vers le bureau de police. Quand nous sommes sortis, on s’est fait huer. ‘Sales pédés’, disaient les gens, ‘infidèles à Dieu’.
    Nanou devient nerveux, il arpente sa chambre et finit par sortir une bouteille de Coca Zero du réfrigérateur pour s’installer ensuite derrière son ordinateur. Il me montre le site web de l’organisation des Droits de l’Homme qui a relaté l’arrestation. Si vous voulez, vous pouvez le lire vous-même et après on peut aller faire une petite promenade, essaie-t-il. Il faut encore faire des courses.
    Je lis qu’après l’arrivée au bureau de police, les 43 prévenus furent soumis à un controle d’identité serré. Au début, ajoute Nanou, la plupart étaient convaincus qu’il s’agissait d’une erreur. Et c’est vrai qu’ils n’avaient commis aucun acte punissable dans l’établissement. Un garçon plaisantait même. Il passerait bien un temps derrière les barreaux, puisqu’il aurait alors la chance de dormir à côté de tous ces beaux détenus. Un autre disait qu’il ne pouvait absolument pas rester et qu’ils ne pouvaient certes pas le toucher car il était marié et son épouse était particulièrement autoritaire et coléreuse.
    Un policier lui imposa rudement le silence. L’ambiance tomba complètement quand ils durent enlever leurs montres et leurs chaussures et qu’ils reçurent chacun un sac en plastique transparent dans lequel on mit leurs effets personnels. A la question du plaisantin de savoir combien de temps ils allaient devoir rester, ils ne reçurent pas de réponse.
    Un long silence étouffant tomba. Les jeunes hommes furent interrogés un par un. Ceux qui, comme Nanou, avouèrent tout de suite leur homosexualité ne furent pas battus. Seuls les soi-disant menteurs furent forcés à dire la vérité sous les coups. Ensuite ils furent soumis à un test sida. De l’intimidation pure et dure, estime Nanou et il doute en avoir jamais le résultat Il hausse les épaules.
    Ce qui persiste le plus dans sa mémoire après ces trois jours et nuits sans sommeil, au pain et à l’eau derrière les barreaux, c’est le sentiment d’angoisse et de panique qui l’a envahi. C’était comme s’il se retrouvait dans un mauvais rêve. Plus jamais rien ne serait pareil. Toute sa vie était brisée. Pendant combien de temps seraient-ils détenus, de quoi étaient-ils accusés, et pire encore, que dirait sa mère si elle savait que son fils unique était en prison? Ces questions hantaient son esprit et lui nouaient l’estomac en plus d’un fort mal de tête.
    Il se sentait complètement épuisé et pensait à Tanger, à son studio et à son ancienne vie. Tout cela semblait se trouver sur une autre planète, inaccessible. Il songeait aussi au voyage en autobus, aux 57 kilomètres parcourus en toute naïvité et à la joyeuse atmosphère dans laquelle les deux amis étaient immergés. Ils avaient fait des projets de vacances, ils s’étaient taquinés et ils avaient raconté des blagues. Ne se doutant de rien, ils étaient en route vers l’abattoir, tels des agneaux. Tout semblait tellement loin.
    Après 48 heures, les prévenus purent s’en aller un par un. Ils n’étaient pas officiellement mis en accusation, le commissaire dit que le suivi du dossier pouvait durer encore plusieurs semaines ou plusieurs mois. Nanou se rappelle comment il monta à bord du bus, comme un zombi. Il ne pensait plus qu’à une seule chose: fermer la porte de son studio derrière lui, être en sécurité chez lui à la maison, même si ce n’était que pour un bref moment.
    Le même jour encore, le téléphone sonna. Nanou n’a jamais su comment cet inconnu avait obtenu son numéro de téléphone. Un homme lui demanda si c’était vrai qu’il était l’une des 43 personnes dont les journaux avaient parlé aujourd’hui. Il se présenta comme Anas Jazouli, l’homme qui avait organisé en 2002 le concours Miss Maroc, un évènement qui l’avait mis dans l’embarras au point que finalement, il s’était enfui à Paris où il avait créé une organisation qui luttait pour un Maroc séculier.
    Jazouli demanda à Nanou s’il était prêt à parler avec un journaliste. Il est important, dit-il, que le monde sache ce qui vous est arrivé. Il poursuivit en disant que tout cela lui faisait penser à l’affaire du Queen Boat au Caire en 2001 et il espérait que ça ne finirait pas aussi mal dans leur cas. Les 52 du Caire, comme on avait fini par appeler les homosexuels détenus dans une discothèque sur le Nil en mai 2001, ont payé un prix bien élévé pour leur visite au Queen Boat. Après une campagne de diffamation de plusieurs mois dans les médias et après avoir souffert des mauvais traitements en prison, 21 d’entre eux avaient été condamnés à trois ans de prison. Le reste a finalement été libéré.
    « Je lui suis toujours reconnaissant », dit Nanou, « il a su me convaincre de parler dans l’anonymat à plusieurs journalistes. Cette attention m’a protégé contre la colère de la directrice de mon école et m’a finalement mené en Espagne. »
    L’arrestation à Tétouan était horrible, affirme Nanou, mais l’entretien avec la directrice, une semaine après, était en fait pire que l’arrestation. Il voit encore le bureau devant lui et il entend toujours ses mots mordants. A la question de savoir s’il était effectivement homosexuel, Nanou avait répondu affirmativement. La femme vociférait : « n’avait il pas honte, il était pourtant un musulman et vivait dans un pays arabe - Non, Madame », dit Nanou, « puisque je ne dérange personne ».
     La réponse ne lui avait pas plu. Ecoute zamel, dit-elle, je ne veux pas de sidéens dans mon établissement, je ne veux pas que tu nous contamines. Va te prostituer ailleurs. Je vais tout faire pour te jeter de l’école. Et si j’étais à ta place, je ne participerais pas à l’examen. Je te donne déjà un zéro, donc casse-toi.
    Nanou soupire et dit qu’il a parfois des cauchemars dans lesquels la directrice le retrouve en Espagne. Finalement, il a quand même participé à l’examen. Après la publication de plusieurs articles de presse en sa faveur, elle n’a apparemment pas osé le flanquer à la porte. Et voilà, il a malgré tout obtenu son diplôme, mais une chose était certaine: sa vie à Tanger était terminée.
    Il est alors parti à Tunis et a retrouvé sa mère. L’organisation dont Jazouli avait promis qu’ils lui téléphoneraient, a tenu parole. Colegas, qui lutte pour les droits des holebis, entre autres en Afrique du Nord et en Turquie, réussit à inviter Nanou à Madrid. Il y participerait soi-disant à une conférence, une bonne excuse pour obtenir un visa.
    Nanou dit qu’il a eu de la chance. Si Colegas s’est intéressé à lui c’est parce qu’il a d’abord parlé aux journalistes alors que les autres invités à la fête n’en avaient ni l’envie ni courage, et çà il peut le comprendre ! Peut être parce qu’ils avaient moins de chance que lui.
    La plupart d’entre eux vivaient avec leurs parents, parents qui avaient été mis au courant ‘du problème’ de leur enfant par une visite de la police qu’ils n’oublieraient jamais. Certains avaient menacé de les jeter à la rue, d’autres l’avaient effectivement fait. La mère d’un garçon avait parlé de suicide et la plupart avaient eux-même au moins une fois songé à mettre fin à leurs jours.
    Nanou, lui, a su laisser sa famille dans l’ignorance ; jusqu’à présent ils ne savent rien. A sa mère il a dit qu’il allait chercher du travail en Espagne et elle était d’accord. Gagne bien ton argent, mon fils, a-t-elle dit, et réalise tes rêves.
    Entre-temps elle lui a déjà rendu visite à Torremolinos. Pour accueillir sa mère, Nanou a dû en quelque sorte transformer son studio. Il a installé son bureau au milieu du living, avec de grandes piles de livre dessus. Ils sont sortis dîner, se sont promenés sur la plage et ont dégusté une glace à la nuit tombante. Et Nanou étudiait, il n’écoutait plus toute la journée la chaîne de musique latino et ne passait plus des heures en tchattant avec des homosexuels de Tunis. Il évitait pour un temps les vingt boîtes et bars gays.
    Et quand maman est partie, il a poussé un grand soupir de soulagement. Il y a bien des choses qu’elle ne sait pas, l’infirmière tunisienne. Si elle découvrait que son enfant était marié à un homme, elle exigerait qu’il la raccompagne à la maison. A ses yeux, mieux vaut être illégal que vendre son honneur. « Ah, elle ne comprend pas, elle ne sait pas comment c’est de vivre sans papiers. Au début je trouvais cela très choquant aussi. Je me rappelle toujours que les amis de Colegas, qui m’ont logé pendant six mois dans une pièce de leur bureau de Madrid, m’ont répondu d’un regard explicite lorsque je leur ai demandé ce que je devais faire maintenant que mon visa de touriste était périmé. Ils m’ont dit que les possibilités étaient limitées et que le plus facile serait peut-être de me trouver un homme qui voudrait du mariage. Tu réussiras certainement, ajoutèrent-ils en riant. »
    Avec le premier Espagnol qui tomba amoureux de lui, Nanou partit en voyage pendant quelques semaines. C’était en quelque sorte une répétition générale pour ce qui allait suivre. Ils sont entre autres allés à Torremolinos, où le jeune homme a rencontré un Marocain qui, plus tard, lui rendrait un grand service.
    Avec cet homme, ça n’a rien donné, et avec le suivant non plus. Et c’est alors que Manuel est apparu sur scène, son sauveur. Nanou montre une photo d’un homme d’une bonne trentaine d’années, pas mal du tout. Je n’ai jamais dormi avec lui, dit-il sans cacher sa fierté, mais il est fou de moi”.
    Nanou et Manuel se sont mariés quelques semaines après leur première rencontre. Au moins pour la forme. Et ensuite Nanou a expliqué à son mari qu’il ne pouvait absolument pas rester à Madrid. C’est une ville trop bruyante, trop poussiéreuse, trop chaude en été. Il a prétexté avoir besoin de la mer, ce qui rendrait sa nostalgie pour Tanger plus supportable.
    Et l’Espagnol amoureux, que pouvait-il faire? Il était rivé à son travail à Madrid et Nanou le savait très bien. « Il me rend visite de temps en temps », dit-il, « pour un jour ou deux. »
    Nanou s’est ensuite mis en contact avec le Marocain de Torremolinos. Il lui a demandé s’il pouvait loger un temps chez lui, en attendant de trouver un boulot et de pouvoir louer son propre appartement. Cet appartement. « Mon petit empire », comme Nanou l’appelle, « le seul endroit au monde où je ne dois me justifier devant personne et où je ne dois rien à personne. Seulement quelques mètres carrés de liberté totale, mais pour moi c’est largement suffisant. »


    15-12-2008 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


    Categorie:Articles en français
    06-03-2007
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.Chine - La république populaire du désir
    Klik op de afbeelding om de link te volgen Entre octobre 2005 et mai 2006 Catherine Vuylsteke, journaliste au quotidien De Morgen et sinologue, a effectué trois voyages en Chine, en collaboration avec les photographes Dieter Telemans, Tim Dirven et Jimmy Kets. Ils sont allés à la recherche des vieux paysans, dans leurs villages vidés de l’Ouest chinois. Ils ont accompagné les migrants ruraux au cours de leur voyage en train, en direction d’une nouvelle vie. A Kunming, ils ont parlé aux souteneurs et aux prostituées, à Shanghai aux nouveaux riches, à Pékin et Chongqing aux citadins appauvris. Le récit de ces voyages a été publié dans De Morgen, ainsi que dans un livre édité chez Meulenhoff /Manteau et paru le 1er mars 2007

    06-03-2007 om 00:00 geschreven door Catherine Vuylsteke  


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