http://www.lalibre.be/actu/elections-2010/article/652858/wouter-beke-n-ira-peut-etre-pas-au-dela-de-vendredi.html
V.d.W. et M. Bu.
Bon. Autant vous le dire tout de suite, les nouvelles du front ne
sont pas bonnes. À tel point que certains se demandent si le "brave"
Wouter Beke, le négociateur royal, prolongera sa mission au-delà de
vendredi. Car sa moisson est bien légère. De plus, lundi soir, la N-VA
a très mal pris la transformation de la Communauté française en une
"Fédération Wallonie Bruxelles". Elle y voit même une "grave
provocation". Faisons le tour des blocages.
1La loi de
financement. Vous le savez, parmi les nombreux problèmes sur la table,
il y a la révision de la loi de financement. Vendredi dernier, Wouter
Beke avait réuni Elio Di Rupo
et Bart de Wever pour une grande journée de travail. Au menu, emploi,
santé, BHV et loi de financement. Emploi, santé : il y a eu quelques
molles convergences. BHV, on na pas osé en parler. Car cest autour de
la loi de financement que les négociateurs se sont empoignés. Pour le
PS, les nouvelles propositions de Wouter Beke sont tout simplement
im-bu-vables. Cest non, non, non et non. "À chaque phrase, il y a un
truc inacceptable. Tout est fait au bénéfice de la Flandre et au
détriment de la Wallonie et de Bruxelles". Et le refinancement de Bruxelles, accepté - du bout des lèvres - par Bart De Wever
en juillet dernier, est remis en cause. Ou alors, il doit être assuré
par la Wallonie. "Ce qui démontre le désintérêt et le mépris des
Flamands pour la capitale", note un négociateur. Les francophones, se
basant sur lexposé de plusieurs professeurs duniversité (voir
ci-dessous) estiment que cette réforme de la loi de financement heurte
les principes européens. Mais en se basant sur les mêmes conclusions,
CD&V et N-VA affirment quils peuvent progresser dans
laccroissement de lautonomie fiscale des régions. Les Flamands
évoquent les modèles de lEspagne et de lAutriche pour soutenir que lautonomie fiscale complète des entités est une bonne chose et est parfaitement acceptée par lEurope. Bref la galère. Il est quasiment impossible de trouver un terrain dentente sur ce sujet.
2Kris Peeters.
Cest peu dire que la déclaration, de Kris Peeters, samedi dans "La
Libre", a remis le feu aux poudres. Le ministre-Président flamand y
affirmait que Bruxelles ne serait jamais une Région à part entière.
"Cest comme si Philippe Moureaux
avait réclamé lélargissement de Bruxelles au moment où Elio Di Rupo
menait sa mission de pré-formation", samuse un socialiste. Certains
francophones voudraient minimiser la portée de cette déclaration : "Il
ny a pas grand-chose de neuf. Dautres Flamands lont déjà dit." Sans
doute. Mais répéter cela maintenant, cest quand même une méchante peau
de banane sous les sandales de Wouter Beke. Et un vilain coup à la
négociation, déjà très chancelante. Le problème est que Kris Peeters, il
faut bien ladmettre, semble avoir dit tout haut ce que la toute grande
majorité de la classe politique flamande pense, dans son for intérieur.
Bien sûr, Luc Vanderkelen, dans son éditorial quotidien du "Laatste
Nieuws" a critiqué Kris Peeters et regretté son manque de respect à
légard du million de Bruxellois. Cest courageux. Mais si le CD&V
et la N-VA affirment haut et fort que Bruxelles ne doit pas être une
Région à part entière, il y a peu de chance que lOpen VLD, Groen et le
SP.A imposent lidée. La déclaration nest pas anodine. Car les Flamands
savent très bien que les francophones sont prêts à accepter de très
grands transferts de compétences, mais à trois conditions : que
Bruxelles soit une Région à part entière, que lon ne touche pas au cur
de la Sécu et que la réforme naffaiblisse pas durablement une des
entités. Peeters aurait voulu torpiller la négociation quil ne sy
serait pas pris autrement.
Du côté francophone, les condamnations
pleuvent. Charles Michel a lancé un appel à M. Peeters pour quil
maîtrise ses nerfs. "Wouter Beke a été chargé dune mission. Il a la
confiance de tous les partis. Je demande à M. Peeters de respecter cette
mission. Négocier par oukases, par presse interposée ne va pas faire
avancer les choses". Le MR déposera une résolution au Parlement
bruxellois exprimant la position des francophones : lélargissement de
Bruxelles en cas de scission pure et simple de BHV ou de remise en cause
de lexistence-même de la Région bruxelloise. Une provocation ? "Pas du
tout, rétorque Charles Michel. Il sagit simplement de reprendre une
position connue face à une déclaration, celle de Kris Peeters, qui est
clairement un recul par rapport à la situation actuelle de la Région
bruxelloise". Quant au CDH, il a demandé à Kris Peeters dêtre
conséquent avec lui-même et dappliquer la même logique que celle quil
souhaite pour la Flandre aux autres Régions.
3Wouter Beke.
Même si lhomme est dune parfaite bonne volonté, il faut reconnaître
quil na pas engrangé grand-chose. "Aujourdhui, Beke a les mains
vides. Tout le monde tourne en rond. On ne peut pas lui reprocher de ne
pas faire des efforts. Mais les positions des uns et des autres sont aux
antipodes quasiment sur tous les sujets. Il est clair quil pourra
difficilement aller plus loin que vendredi" fait savoir un N-VA.
Pourquoi donc ? "Après, cela deviendra très négatif pour lui. Jusquà
présent, sa mission était plutôt bien perçue. Mais pendant les vacances
de Pâques, il ne se passera plus rien." Donc, il va sans doute falloir
faire appel à une autre personne. Si quelquun a une idée
4Federation
Wallonie-Bruxelles. Mais une autre information semble avoir mis le feu
aux poudres nationalistes, lundi soir. Apprenant que les francophones
avaient décidé de changer leur Communauté française en une Fédération
Wallonie-Bruxelles, la N-VA, par la voie de Ben Weyts, a dit prendre
acte de cette "décision unilatérale des partis francophones". Selon Ben
Weyts, les francophones font comme si les Flamands navaient rien à
dire à Bruxelles alors quils en sont, dit-il, les principaux
contributeurs. "Les francophones répondront-ils désormais présents aussi
pour le financement de Bruxelles?". Le parti de Bart De Wever parle
dune "très lourde provocation", davantage encore si on la lie au fait
que certains francophones "exigent encore le transfert de territoires
flamands dans la périphérie bruxelloise". Selon Weyts, Kris Peeters,
dans son interview à "La Libre" de ce samedi, avait "grandement raison".
"Nous devons défendre avec force la position des Flamands à Bruxelles
et même essayer de la renforcer", a conclu Ben Weyts.
Pendant ce temps là, le Fonds Monétaire International (FMI) sinquiète: "Léconomie
belge se redresse, mais labsence de gouvernement dans le pays, en
crise politique depuis près de dix mois, retarde des réformes
économiques importantes et aggrave les vulnérabilités". Le FMI juge
par ailleurs "encourageant" que le déficit belge ait été réduit de 6 %
en 2009 à 4,6 % du PIB en 2010, soit moins que les 4,8 % fixés dans le
programme de stabilité présenté aux autorités européennes. On notera
quand même que le FMI se trompe : le déficit de 2010 nétait pas de 4,6 %
mais bien de 4,1 %. Maigre consolation