A 9 ? "Toute la Flandre va rire"

L’informateur Didier Reynders doit boucler son rapport d’ici mardi. N-VA et Open VLD, entre autres, ne croient pas dans une formule à neuf partis.

Vous êtes toujours là ? Pas encore lassés de la crise ? De cette interminable saga ? De ces rebondissements sortis de l’imagination d’un scénariste en fin de carrière ? Si, vous n’en pouvez plus. Il va pourtant falloir encore patienter quelque temps avant de voir apparaître le mot "fin". Car pour l’instant, on ne sait pas très bien où l’on va. Un jour, c’est un vent d’optimisme qui domine. Le lendemain, c’est le vent du nord qui chasse tous les espoirs. Essayons donc de refaire le tri entre toutes ces petites rumeurs.

1 Comment se déroule la mission de Didier Reynders ? Tout dépend de l’interlocuteur. Dans l’entourage de l’informateur royal, on a plutôt tendance à positiver le travail entrepris. Il est vrai que, pour la première fois depuis le mois d’août, les experts des partis (qui ne sont plus sept mais bien neuf) se sont retrouvés autour de la même table. Il s’agissait notamment de mettre à niveau les experts libéraux de l’Open VLD et du MR qui n’avaient pas participé aux travaux. Mais très vite, dans le groupe consacré à la loi de financement, notamment, les blocages de l’été sont revenus. En fait, il n’y a jamais eu d’accord sur la révision de la loi de financement. Et les discussions des derniers jours ont remis en lumière les profondes divergences de vue entre le Nord et le Sud. De plus, la position des libéraux semble avoir surpris la N-VA. " Didier Reynders a une vision théorico-romantique, il part du principe que les Régions doivent avoir plus de capacité fiscale mais réclame en même temps de ne pas toucher aux moyens du fédéral. C’est impossible ", explique un président flamand. Donc, oui, on re-discute mais pour arriver aux mêmes constats. Quant à la manière dont Didier Reynders travaille, un francophone soupire : " Il refait l’historique de l’été pour arriver aux mêmes discussions. Bart De Wever ne dit "oui" à rien et attend l’enlisement. " Back to September.

2 Faut-il d’abord parler contenu ou d’abord désigner les partenaires ? Sur ce point, francophones et Flamands suivent des stratégies complètement différentes. Ainsi les nationalistes flamands multiplient-ils les contacts afin de pouvoir mettre en place - côté flamand - la coalition qu’ils appellent de leurs vœux : N-VA, CD&V et Open VLD. Mais il sera bien difficile de se passer du SP.A - arrimé au PS. Reste à "virer" les verts. Car, que ce soit bien clair une fois pour toutes, dit-on au Nord : il n’est pas question de lancer une négociation entre neuf partis : " C’est aller droit dans le décor. Toute la Flandre va rire de cela. Comment imaginer une seconde que nous puissions essayer quoi que ce soit à neuf alors qu’à sept on n’est arrivé nulle part !" Les francophones, eux, continuent à privilégier "le fond". Et une stratégie en trois étapes. En signe de bonne volonté, un premier paquet (qui comprendrait notamment BHV, le refinancement de Bruxelles et certains transferts de compétences) serait négocié. On installerait ensuite un gouvernement de plein exercice. Et juste après, on lancerait une vaste négociation pour une grande, une très grande réforme de l’Etat. Pas question, rétorquent les Flamands, méfiants. Ils sont persuadés que, comme en 2007, les francophones ne tiendront pas leurs promesses.

3 D’abord résoudre BHV ? Facile à dire. Est-on bien sûr qu’il serait si simple de résoudre BHV, en isolant ce problème ? Car les francophones ne sont pas d’accord avec cette stratégie : le FDF, par exemple, considère qu’il serait très dangereux d’isoler le problème du reste de la problématique institutionnelle. Régler d’abord BHV ? Là, le MR serait en première ligne. Le parti serait ainsi obligé de se dévoiler sur BHV.

4 Que contiendra le rapport de Didier Reynders ? Il devrait dresser les contours d’une possible négociation. Mais déjà, certains pensent que ce rapport sera assez flou, faute d’accord général sur le périmètre de la discussion. Didier Reynders serait alors appelé à poursuivre le travail. Ah bon ? N’avait-on pas parlé d’un rapport définitif de l’informateur ? Si, bien sûr, sa mission d’informateur va bien se terminer à la date voulue, à savoir le 1er mars. Mais il faudra bien lui trouver un successeur. Et Didier Reynders pourrait être amené à poursuivre le travail, mais avec un nouveau qualificatif. Et sans doute en tandem avec un Flamand. Beaucoup estiment que le CD&V devrait enfin se mouiller. Le parti refuserait toujours, même si le nom de Steven Vanackere est cité.