Abiy Ahmed fait face à une Éthiopie divisée et à une pression croissante
D'importantes erreurs de calcul du gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed ont poussé l'Éthiopie, autrefois pleine d'espoir, vers une instabilité inquiétante, estime l'ancien diplomate Mohamed Hassan.
12 février 2024 Par Pavan Kulkarni
L'erreur de calcul du Premier ministre Abiy Ahmed (photo), qui pensait pouvoir s'assurer le pouvoir en opposant ses rivaux politiques dans un conflit destructeur, s'est retournée contre lui.
L'Éthiopie risque de devenir de plus en plus instable, car le pari imprudent du parti au pouvoir de consolider le pouvoir en opposant des rivaux perçus comme tels a enflammé les lignes de fracture ethniques, prévient l'historien et ancien diplomate Mohamed Hassan.
Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a perdu le contrôle d'une grande partie du pays, y compris 18 des 21 zones du plus grand État régional d'Oromia, où se trouve la capitale nationale Addis-Abeba, a déclaré M. Hassan à Peoples Dispatch.
L'Armée de libération de l'Oromo (OLA), qui prétend lutter pour le droit à l'autodétermination du plus grand groupe ethnique, l'Oromo, a attaqué et démantelé l'administration de l'État dans ces zones, où les enlèvements contre rançon sont monnaie courante.
Malgré de multiples attaques de drones et plusieurs batailles qui ont duré jusqu'à la dernière semaine de janvier, les forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) n'ont pas réussi à sécuriser la région. L'OLA a réussi à faire respecter la grève des transports décrétée le 28 janvier, en particulier dans l'ouest de l'Oromia, où des militants armés ont mis le feu à des véhicules défiant le blocus.
"Si l'Oromia reste ingouvernable, le centre s'effondrera car Addis-Abeba pourrait alors être coupé des autres États régionaux", a déclaré M. Hassan.
Au nord de l'Oromia, dans le deuxième État le plus peuplé d'Amhara, un conflit armé entre les FEND et une milice de l'ethnie Amhara connue sous le nom de FANO fait rage depuis le milieu de l'année dernière, faisant des centaines de morts, notamment à la suite d'attaques de drones du gouvernement.
Au début du mois, le 2 février, la Chambre des représentants du Parlement a prolongé de quatre mois l'état d'urgence dans la région d'Amhara. L'état d'urgence, qui permet au gouvernement de restreindre les déplacements, d'imposer des couvre-feux et d'interdire les rassemblements publics, avait été initialement déclaré en août 2023 pour une durée de six mois. Le gouvernement aurait depuis expulsé les militants du FANO des villes, mais ceux-ci ont poursuivi leur insurrection dans les villes et les villages de la région.
Après une bataille féroce dans la ville de Merawi avec les militants FANO le matin du 29 janvier, les ENDF, aidés par la police locale et une milice alliée, auraient fait du porte-à-porte et tué environ 100 résidents, selon des témoins oculaires qui ont parlé à The Guardian. Ces meurtres seraient parmi les incidents les plus meurtriers de la guerre entre les ENDF et les FANO.
De grandes parties de l'Amhara sont sous le contrôle du FANO et l'ENDF perd du terrain, a déclaré Hassan, ajoutant que c'est le mauvais calcul du gouvernement fédéral qui a plongé cet État dans la guerre civile quelques mois seulement après qu'une autre guerre civile, plus sanglante, ait pris fin dans l'État du Tigré, dans le nord du pays.
La FANO s'est battue aux côtés de l'ENDF pour défendre le gouvernement fédéral contre le Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui a attaqué une base militaire dans le Tigré et a déclenché une guerre civile en novembre 2020, deux ans et demi après la fin de la domination du pays par les États-Unis.
Le TPLF, qui a dirigé l'Éthiopie pendant 27 ans en interdisant les partis d'opposition et la presse libre, a été chassé du pouvoir fédéral en 2018 à la suite de manifestations de masse, en particulier dans les régions d'Oromia et d'Amhara. Alors qu'Abiy a pris la tête du gouvernement fédéral, le TPLF a été réduit à un parti régional, ne détenant le pouvoir que dans l'État frontalier du Tigré, situé le plus au nord.
Bien qu'ils ne constituent qu'une minorité ethnique d'environ 6 % de la population, les Tigréens sont représentés de manière disproportionnée dans l'armée éthiopienne.
"Environ 80 % des généraux, 60 % des colonels et des lieutenants-colonels, et environ 50 % des forces armées étaient originaires du Tigré, selon un discours parlementaire d'Abiy", a déclaré M. Hassan. Après tout, "c'est le TPLF qui a créé l'armée éthiopienne" et l'a entraînée dans des guerres avec les pays voisins, l'Érythrée et la Somalie.
Convaincu qu'il pouvait reprendre le pouvoir par la force, le TPLF s'est "replié stratégiquement" dans la province du Tigré, où il a passé les deux années suivantes à organiser une force armée en vue de lancer une offensive pour prendre Addis-Abeba. "Et ils avaient parfaitement raison de penser qu'il ne restait pratiquement plus aucun contingent militaire bien organisé pour s'opposer à leur avancée dans la capitale nationale, a ajouté M. Hassan.
D'une guerre civile à l'autre
Les forces les mieux armées et les mieux organisées des FEND à l'époque étaient le commandement nord, basé à Mekele, la capitale de l'État du Tigré sous la domination du TPLF. Environ 10 000 des 32 000 soldats du commandement nord, originaires du Tigré, ont changé de camp lorsque le TPLF a encerclé la base et lancé une attaque les 3 et 4 novembre 2020, a ajouté M. Hassan. Des milliers des 22 000 soldats restants ont été tués ou capturés. Environ 8 000 d'entre eux, dont de nombreux blessés, ont réussi à s'échapper par la frontière nord vers l'Érythrée, où ils ont été nourris et hébergés par les troupes érythréennes.
Le TPLF a intensifié le conflit de l'autre côté de la frontière en tirant des roquettes sur Asmara, la capitale érythréenne. Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel pour l'accord de paix qu'il a signé avec l'Érythrée en 2018, a demandé à son voisin du nord de l'aider à vaincre le TPLF peu après son accession au poste de premier ministre.
"Le TPLF pensait pouvoir se battre sur les deux fronts, car il ne restait de toute façon plus grand-chose de l'armée nationale éthiopienne après avoir pris le commandement du Nord. Mais il avait sous-estimé la force et la détermination de l'armée érythréenne. L'arrivée des troupes érythréennes a fait basculer la guerre de manière décisive contre le TPLF", explique M. Hassan.
"L'autre grand allié du gouvernement dans cette guerre a été les milices Amhara FANO", a-t-il ajouté. Les Amhara, qui avaient été ethniquement nettoyés des régions de Wolkait, Tsegede et Humera, annexées au Tigré occidental par le TPLF lors de sa prise de pouvoir en 1991, entretenaient déjà des relations hostiles avec le TPLF.
Lorsque le TPLF a quitté le Tigré pour se rendre dans l'État d'Amhara et a commis des atrocités, notamment des massacres et des viols, de plus en plus de personnes étaient prêtes à se battre. "Pour former un front uni contre le TPLF, le gouvernement d'Abiy a soutenu les milices FANO. Elles ont été formées au combat par des instructeurs érythréens. Elles ont joué un rôle crucial dans la défaite du TPLF", note M. Hassan.
À la fin de l'année 2022, alors que plus de 80 % des troupes avaient été tuées ou capturées et que le reste était encerclé, "les Américains, qui ont soutenu le TPLF dans cette guerre, sont venus en avion et ont emmené les dirigeants en Afrique du Sud". Abiy a effectivement été convoqué par les États-Unis en Afrique du Sud pour des négociations".
Ces négociations ont abouti à l'accord de Pretoria, signé au début du mois de novembre 2022. Cet accord a mis fin à la guerre civile, qui avait fait des centaines de milliers de morts au cours des deux années de combat.
Cependant, l'accord, qui a laissé le TPLF en charge du Tigré, a causé beaucoup de troubles dans l'Amhara, en particulier parce qu'il n'a pas clarifié le statut de Wolkait, Tsegede et Humera, que le FANO avait récupéré du TPLF pendant la guerre.
Le désarmement du TPLF, prévu par l'accord, n'a pas été mené à bien, ce qui constitue une autre source de désaccord dans l'Amhara. Au lieu de cela, le gouvernement Abiy s'est retourné contre le FANO et a tenté de le désarmer, ce qui a été perçu comme une tentative de saper la sécurité de l'Amhara et d'empêcher l'Amhara de conserver les régions contestées de Wolkait, Tsegede et Humera.
Le sentiment largement répandu dans l'Amhara qu'Abiy Ahmed travaille main dans la main avec les Oromos nationalistes, qui auraient déclaré leur intention de subordonner les autres groupes ethniques et de dominer le pays, a également amené les Amahara à craindre une agression en provenance du sud.
Dans les zones de l'Oromia occidental contrôlées par l'OLA, les Amharas qui se sont installés dans la région à la suite de la sécheresse des années 1970 ont été victimes de plusieurs massacres perpétrés en toute impunité au cours des dernières années. La plupart de ces massacres sont attribués à l'OLA, qui nie cependant ces allégations et accuse les forces de sécurité de commettre ces atrocités avec l'aide de combattants de l'OLA qui se sont rendus, afin de provoquer des affrontements avec les milices amhara. Le FANO a également été accusé de pénétrer dans l'ouest de l'Oromia, de tuer des civils de l'ethnie Oromo, d'incendier des villages, etc.
"Abiy a conçu une acrobatie intelligente. Mais c'était imprudent"
"C'est ce que veut Abiy. Il veut attirer tous ses rivaux potentiels dans une confrontation les uns avec les autres", a affirmé M. Hassan. M. Abiy a signé un accord permettant au TPLF de rester au pouvoir, puis l'a autorisé à rester armé, contrairement à l'accord, dans l'espoir d'entraîner le TPLF dans une guerre avec l'Érythrée, d'une part, et les milices FANO, d'autre part, a accusé M. Hassan. Selon lui, le premier ministre a également incité l'OLA et le FANO à se battre l'un contre l'autre.
"Abiy pensait qu'il s'agissait d'une habile acrobatie pour faire s'entre-détruire ses rivaux afin de s'approprier tout le pouvoir. Mais c'était stupide et imprudent. C'était un mauvais calcul. Le gouvernement fédéral a maintenant perdu le contrôle de la majeure partie du pays et a plongé l'Éthiopie dans un conflit ethnique", déclare Mohamed Hassan.
Au début des années 1990, le TPLF avait déjà divisé l'Éthiopie en une fédération lâche d'États ethniquement divisés. Après que le TPLF a été écarté du pouvoir fédéral, Abiy a gagné un large soutien en prônant un nationalisme éthiopien inclusif qui transcende les lignes de fracture ethniques.
Toutefois, cela n'est resté que de la rhétorique, a déclaré M. Hassan. Aucun changement correspondant n'a été apporté à la nature de l'État éthiopien actuel, dont les fondements ethniques, inscrits dans la constitution par le TPLF, sont restés intacts. Selon M. Hassan, même le Parti de la prospérité d'Abiy, au pouvoir, n'est qu'un remaniement du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF).
"Le TPLF avait besoin d'une coalition pour gouverner, il a donc créé l'EPRDF. Il comprenait l'organisation démocratique oromo [Parti démocratique oromo] et l'organisation démocratique amhara [Parti démocratique amhara]", censées représenter les deux ethnies les plus importantes, a-t-il expliqué.
"Mais ils ne représentaient personne. Il s'agissait de l'élite corrompue des deux États les plus peuplés. Leur rôle au sein de la coalition consistait à ne rien faire et à ne rien dire, dans le seul but de légitimer le pouvoir du TPLF. Face aux protestations de masse, ils ont laissé tomber le TPLF et l'organisation démocratique Oromo a pris le relais. Mais le véhicule que conduit Abiy est toujours l'EPRDF. Il a juste reçu une nouvelle couche de peinture et a été baptisé 'Parti de la prospérité'".
Peu enclin à prendre le risque d'un changement radical dans la nature de la politique éthiopienne, Abiy s'est finalement rabattu sur la politique familière du "diviser pour régner" pour assurer sa mainmise sur le pouvoir, en particulier au lendemain de la guerre soutenue par les États-Unis et menée par le TPLF, qui a été marquée par des tensions ethniques.
"Mais son calcul sur la manière de diviser pour régner n'a pas fonctionné. Il s'est retourné contre lui. Aujourd'hui, Abiy a créé une succession de volcans qui commencent à entrer en éruption les uns après les autres", a déclaré Mohamed Hassan, qui craint que les conflits armés sur des bases ethniques ne s'étendent pour "balkaniser" l'Éthiopie et désintégrer l'État.
La peur et le doute ont remplacé la confiance et l'espoir que la société civile avait dans l'espace politique et social créé par les réformes au cours des premiers mois du mandat d'Abiy.
Lorsque le TPLF a déclenché la guerre contre son gouvernement, cette société civile s'est soulevée, non seulement à Addis-Abeba, mais aussi dans plusieurs villes d'Amérique du Nord et d'Europe, pour protester contre ce qui était perçu comme une guerre par procuration de l'Occident contre la perspective de paix et d'unité dans la Corne de l'Afrique. "Aujourd'hui, la diaspora éthiopienne organise des rassemblements dans le monde entier pour discuter de la manière dont l'Éthiopie peut être sauvée. Sauver l'Éthiopie" est devenu un thème", a déclaré M. Hassan.
20 millions de personnes, soit un sixième de la population du pays, ont besoin d'une aide alimentaire. Le 31 janvier, le médiateur éthiopien a révélé que 351 personnes étaient mortes de faim au cours des six derniers mois dans la région du Tigré, qui ne s'est pas encore remise des conséquences de la guerre. Quarante-quatre autres personnes sont mortes de faim dans la région d'Amhara, où les ENDF et les FANO s'affrontent. Il est possible qu'il y ait eu d'autres décès dans d'autres États qui n'ont pas fait l'objet d'une enquête, a déclaré le médiateur.
"Les gens ne meurent pas de faim en Éthiopie", a déclaré le premier ministre Abiy au parlement la semaine dernière, ajoutant toutefois que des personnes pouvaient être "mortes" de maladies liées à la malnutrition. Pendant ce temps, Ahmed Abiy construit un palais de 15 milliards de dollars, alors que l'État éthiopien est au bord de l'effondrement.
Abiy Ahmed wordt geconfronteerd met een verdeeld Ethiopië en toenemende druk
Abiy Ahmed wordt geconfronteerd met een verdeeld Ethiopië
Aanzienlijke misrekeningen van de regering van premier
Abiy Ahmed hebben het eens zo hoopvolle Ethiopië naar een zorgwekkende
instabiliteit geduwd, zegt voormalig diplomaat Mohamed Hassan.
12 februari 2024 door Pavan Kulkarni
De misrekening van premier Abiy Ahmed (foto) dat hij de
macht veilig kan stellen door zijn politieke rivalen tegen elkaar op te zetten
in een destructief conflict, heeft een averechts effect gehad.
Ethiopië dreigt steeds instabieler te worden omdat de
roekeloze gok van de regerende partij om de macht te consolideren door
vermeende rivalen met elkaar te laten botsen, de etnische breuklijnen heeft
doen oplaaien, waarschuwt historicus en voormalig diplomaat Mohamed Hassan.
De regering van premier Abiy Ahmed heeft de controle
verloren over grote delen van het land, waaronder 18 van de 21 zones in de
grootste regionale deelstaat Oromia, waar de nationale hoofdstad Addis Abeba
ligt, vertelde Hassan aan Peoples Dispatch.
Het Oromo-bevrijdingsleger (OLA), dat beweert te strijden
voor het zelfbeschikkingsrecht van de grootste etnische groep, de Oromo, heeft
de overheidsadministratie aangevallen en ontmanteld in deze zones, waar
ontvoeringen voor losgeld aan de orde van de dag zijn.
Ondanks meerdere drone-aanvallen en verschillende gevechten
die tot in de laatste week van januari duurden, is het de Ethiopische Nationale
Defensiemacht (Ethiopian National
Defense Force - ENDF) niet gelukt om de regio veilig te stellen. De OLA
was in staat om een op 28 januari afgekondigde transportstaking af te dwingen,
vooral in het westen van Oromia, waarbij gewapende militanten voertuigen in
brand staken die de blokkade trotseerden.
Als Oromia onbestuurbaar blijft, zal het centrum instorten
omdat Addis Abeba dan afgesneden kan worden van andere regionale staten, zei
Hassan.
Ten noorden van Oromia, in de op één na dichtstbevolkte
deelstaat Amhara, woedt sinds medio vorig jaar een gewapend conflict tussen de
ENDF en een etnische Amhara-militie die bekend staat als het FANO, waarbij
honderden doden vallen, onder andere door drone-aanvallen van de regering.
Eerder deze maand, op 2 februari, verlengde het Huis van
Volksvertegenwoordigers van het parlement de noodtoestand in Amhara met vier
maanden. De noodtoestand, die de regering de bevoegdheid geeft om
verplaatsingen te beperken, uitgaansverboden op te leggen en openbare
bijeenkomsten te verbieden, werd oorspronkelijk in augustus 2023 voor zes
maanden afgekondigd. De regering heeft de FANO-militanten sindsdien naar
verluidt uit de steden verdreven, maar ze zijn doorgegaan met hun opstand
vanuit steden en dorpen in de regio.
Na een hevige strijd in de stad Merawi met FANO-militanten
in de ochtend van 29 januari, zou het ENDF, geholpen door de lokale politie en
een geallieerde militie, van deur tot deur zijn gegaan en ongeveer 100 inwoners
hebben gedood, volgens ooggetuigen die met The Guardian spraken. Naar verluidt
behoren deze moorden tot de dodelijkste incidenten in deze oorlog tussen het
ENDF en het FANO.
Grote delen van Amhara staan onder controle van het FANO en het
ENDF verliest terrein, zei Hassan, en hij voegde eraan toe dat het de
misrekening van de federale regering is die deze staat in een burgeroorlog
heeft gestort, slechts enkele maanden nadat een andere, bloediger burgeroorlog
in de noordelijke deelstaat Tigray eindigde.
Het FANO had samen met het ENDF gevochten om de federale
regering te verdedigen tegen het Tigray People's Liberation Front (TPLF), dat
een legerbasis in Tigray aanviel en een burgeroorlog begon in november 2020,
tweeënhalf jaar na het einde van de door de VS gesteunde heerschappij over het
land.
Het TPLF, dat Ethiopië 27 jaar lang had geregeerd met een
verbod op oppositiepartijen en vrije pers, werd in 2018 uit de federale macht
verdreven als gevolg van massaprotesten, vooral in Oromia en Amhara. Terwijl
Abiy het premierschap van de federale regering op zich nam, werd het TPLF
gereduceerd tot een regionale partij, die alleen in de meest noordelijke
grensstaat Tigray aan de macht was.
Ondanks het feit dat ze een etnische minderheid van slechts
ongeveer 6% van de bevolking vormen, waren de Tigrayanen onevenredig
vertegenwoordigd in het Ethiopische leger.
Ongeveer 80% van de generaals, 60% van de kolonels en
luitenant-kolonels, en ongeveer 50% van de strijdkrachten... waren afkomstig van
Tigray, volgens een parlementaire toespraak van Abiy, zei Hassan. Per slot van
rekening was het het TPLF die het Ethiopische leger had opgericht, en het in
oorlogen met buurlanden Eritrea en Somalië had geleid.
Ervan overtuigd dat het de macht met geweld kon heroveren,
trok het TPLF zich strategisch terug in de Tigray provincie, waar ze de
volgende twee jaar een gewapende macht organiseerden om een offensief te
beginnen om Addis Abeba in te nemen. En ze hadden helemaal gelijk in hun
inschatting dat er nauwelijks nog goed georganiseerde legercontingenten over
waren om hun opmars naar de nationale hoofdstad aan te vechten, voegde Hassan
eraan toe.
Van de ene burgeroorlog naar de andere
De best bewapende en georganiseerde troepen in het ENDF
waren op dat moment het Noordelijk Commando, dat in Mekele gevestigd was, de
hoofdstad van de deelstaat Tigray onder het bewind van het TPLF. Ongeveer
10.000 van de 32.000 soldaten in het Noordelijk Commando, die van Tigrayaanse
afkomst waren, wisselden van kant toen het TPLF de basis omsingelde en een
aanval lanceerde op 3 en 4 november 2020, voegde Hassan eraan toe. Duizenden
van de resterende 22.000 soldaten werden gedood of gevangen genomen. Ongeveer
8.000 van hen, velen gewond, slaagden erin om over de noordelijke grens naar
Eritrea te ontsnappen, waar ze werden gevoed en opgevangen door Eritrese
troepen.
Het TPLF liet het conflict over de grens escaleren door
raketten af te vuren op de Eritrese hoofdstad Asmara. Abiy Ahmed,
Nobelprijswinnaar voor het vredesakkoord dat hij in 2018 met Eritrea had
gesloten, vroeg kort nadat hij premier was geworden zijn noordelijke buur om
hulp bij het verslaan van het TPLF.
Het TPLF dacht dat het op beide fronten kon vechten, omdat
er sowieso niet veel van het Ethiopische nationale leger over was nadat ze het
Noordelijke Commando hadden overgenomen. Maar ze hadden de kracht en
vastberadenheid van het Eritrese leger onderschat. De komst van Eritrese
troepen keerde de oorlog resoluut tegen het TPLF, legde Hassan uit.
De andere belangrijke bondgenoot van de regering in deze
oorlog waren de FANO-milities van Amhara, voegde hij eraan toe. De Amhara's,
die etnisch gezuiverd waren uit de regio's Wolkait, Tsegede en Humera die door het
TPLF bij de machtsovername in 1991 bij West-Tigray gevoegd waren, hadden al een
vijandige relatie met het TPLF.
Toen het TPLF vanuit Tigray zuidwaarts marcheerde naar de
staat Amhara en onderweg wreedheden beging, waaronder massamoorden en
verkrachtingen, waren steeds meer mensen bereid om te vechten. Om een verenigd
front tegen het TPLF te vormen, gaf Abiy's regering steun aan de FANO-milities.
Ze kregen gevechtstraining van Eritrese instructeurs. Zij waren cruciaal voor
de nederlaag van het TPLF, merkte Hassan op.
Toen eind 2022 meer dan 80% van de troepen gedood of
gevangen genomen was en de rest omsingeld, kwamen de Amerikanen, die het TPLF
in deze oorlog steunden, met een vliegtuig en vlogen de leiders naar
Zuid-Afrika. Abiy werd effectief door de VS naar Zuid-Afrika ontboden voor
onderhandelingen.
Het resultaat van deze onderhandelingen was het akkoord van
Pretoria dat begin november 2022 werd ondertekend. Hiermee kwam een einde aan
de burgeroorlog, nadat deze in de twee jaar van gevechten honderdduizenden
levens had geëist.
Het akkoord, dat het TPLF de leiding over Tigray liet
houden, veroorzaakte echter veel onrust in Amhara, vooral omdat het geen
duidelijkheid verschafte over de status van Wolkait, Tsegede en Humera, die de
FANO tijdens de oorlog had teruggewonnen van de TPLF.
Een andere bron van onenigheid in Amhara was dat de
ontwapening van het TPLF, die volgens de overeenkomst vereist was, niet
voltooid was. In plaats daarvan keerde de regering van Abiy zich tegen het FANO
en probeerde hen te ontwapenen, wat werd gezien als een poging om de veiligheid
van Amhara te ondermijnen en Amhara niet in staat te stellen om de betwiste
regio's Wolkait, Tsegede en Humera te behouden.
De wijdverspreide perceptie in Amhara dat Abiy Ahmed hand in
hand werkt met etnisch-nationalistische Oromo's, die naar verluidt hebben
verklaard van plan te zijn om andere etnische groepen ondergeschikt te maken en
het land te domineren, heeft er ook voor gezorgd dat Amahara bevolking bang is
voor agressie vanuit het zuiden.
In gebieden in West-Oromia die door het OLA worden
gecontroleerd, zijn de etnische Amharas die zich in de nasleep van de droogte
in Amhara in de jaren '70 in de regio hebben gevestigd, het slachtoffer
geworden van verschillende gerapporteerde bloedbaden die de afgelopen jaren
straffeloos zijn uitgevoerd. De meeste daarvan worden toegeschreven aan het
OLA, dat de beschuldigingen echter ontkent en de veiligheidstroepen ervan
beschuldigt deze wreedheden te hebben begaan met de hulp van overgegeven
OLA-strijders om botsingen met Amhara-milities uit te lokken. Het FANO is er
ook van beschuldigd het westen van Oromia binnen te trekken en etnische Oromo
burgers te doden, dorpen in brand te steken, enz.
Abiy bedacht een slimme acrobatie. Maar het was roekeloos.
Dit is wat Abiy wil. Hij wil al zijn potentiële rivalen in
een confrontatie met elkaar lokken, beweert Hassan. Abiy ondertekende een
overeenkomst die het TPLF toestond aan de macht te blijven, en liet hen
vervolgens, in strijd met de overeenkomst, gewapend blijven, in de hoop het
TPLF in een oorlog met Eritrea enerzijds en de FANO-milities anderzijds te
betrekken, beschuldigde Hassan. De premier, zei hij, heeft ook het OLA en het FANO
geprovoceerd om met elkaar te vechten.
Abiy dacht dat het een slimme acrobatie was zijn rivalen
elkaar te laten vernietigen, zodat hij alle macht kon naar zich toe kon trekken.
Maar het was dwaas en roekeloos. Het was een misrekening. De federale regering
heeft nu de controle over het grootste deel van het land verloren en Ethiopië
in een etnische strijd gestort, zegt Mohamed Hassan.
Het TPLF had Ethiopië begin jaren '90 al opgedeeld in een
losse federatie van etnisch verdeelde staten. Nadat het TPLF uit de federale
macht was gezet, won Abiy wijdverspreide steun door een inclusief Ethiopisch
nationalisme voor te staan dat de etnische breuklijnen overstijgt.
Het bleef echter bij retoriek, aldus Hassan. Er werden geen
overeenkomstige veranderingen aangebracht in de aard van de huidige Ethiopische
staat, waarvan de etnische fundamenten, die door het TPLF in de grondwet waren
vastgelegd, ongemoeid werden gelaten. Zelfs Abiy's regerende Prosperity Party, zei
Hassan, is slechts een herschikking van het Ethiopian People's Revolutionary
Democratic Front (EPRDF).
Het TPLF had een coalitie nodig om te regeren, dus
creëerden ze het EPRDF. Het omvatte de Oromo democratische organisatie [Oromo
Democratische Partij] en de Amhara democratische organisatie [Amhara
Democratische Partij], als de veronderstelde vertegenwoordigers van de twee
grootste etniciteiten, legde hij uit.
Maar ze vertegenwoordigden niemand. Ze waren de corrupte
elite van de twee dichtstbevolkte staten. Hun rol in de coalitie was om niets
te doen en niets te zeggen, alleen maar om de heerschappij van het TPLF te
legitimeren. Toen ze geconfronteerd werden met massaprotesten, lieten ze het
TPLF van het roer vallen en nam de democratische Oromo-organisatie het over.
Maar het voertuig waarin Abiy rijdt, is nog steeds het EPRDF. Het kreeg alleen
een nieuw likje verf en werd de Welvaartspartij genoemd.
Omdat Abiy niet bereid was om een radicale verandering in de
aard van de Ethiopische politiek te riskeren, viel hij uiteindelijk terug op de
vertrouwde verdeel-en-heers politiek om zijn greep op de macht veilig te
stellen, vooral in de etnisch beladen nasleep van de oorlog die het TPLF met
steun van de VS had gevoerd.
Maar zijn berekening over hoe te verdelen om te heersen
liep verkeerd. Het werkte averechts. Nu heeft Abiy een aaneenschakeling van
vulkanen veroorzaakt die de ene na de andere beginnen uitbarsten, zei Mohamed Hassan,
die vreest dat gewapende conflicten op etnische lijnen zich kunnen verspreiden
om Ethiopië te balkaniseren en de staat te desintegreren.
Angst en twijfel hebben het vertrouwen en de hoop vervangen
die de burgermaatschappij uitstraalde in de politieke en sociale ruimte die
door de hervormingen in de eerste maanden van Abiy's premierschap was ontstaan.
Toen het TPLF de oorlog tegen zijn regering begon, kwam deze
burgermaatschappij in opstand, niet alleen in Addis Abeba, maar ook in
verschillende steden in Noord-Amerika en Europa, om te protesteren tegen wat
werd gezien als een westerse proxy-oorlog tegen het vooruitzicht van vrede en
eenheid in de Hoorn van Afrika. Nu houdt de Ethiopische diaspora over de hele
wereld bijeenkomsten om te bespreken hoe Ethiopië gered kan worden. 'Red
Ethiopië' is een thema geworden, zei Hassan.
20 miljoen mensen, een zesde van de bevolking van het land,
hebben voedselhulp nodig. De ombudsman van Ethiopië onthulde op 31 januari dat
er de afgelopen zes maanden 351 mensen van honger zijn omgekomen in de regio
Tigray, die nog moet herstellen van de nasleep van de oorlog. Nog eens 44
mensen zijn van honger omgekomen in Amhara, waar het ENDF en het FANO aan het
vechten zijn. Er kunnen ook meer doden gevallen zijn in andere staten die niet
onderzocht zijn, aldus de ombudsman.
Er sterven geen mensen van de honger in Ethiopië, vertelde
premier Abiy vorige week aan het parlement, om er echter aan toe te voegen dat
er wel mensen gestorven kunnen zijn aan ziektes die verband houden met
ondervoeding. Ondertussen bouwt Ahmed Abiy een paleis van 15 miljard USD
terwijl de Ethiopische staat aan de rand van de afgrond balanceert.
