L'ironie du sort c'est notre grand écrivain Hugo Claus ayant réussi là où personne n'aurait cru une ouverture de liberté de presse possible: mettre en seconde zone le passage de pouvoir éternel des catholiques dans un nouveau gouvernement belge pour nous donner un aperçu de l'intelligence (ironique), concernant littérature, théâtre et bien entendu la poésie du défunt dans toute la presse flamande, cette fois presque toutes les pages confondues. La preuve sans doute qu'elle se ressemble, cette presse. Mais plus rien ne serait héroïque ou révolutionnaire, surtout pas la mort en première page. Plus personne non plus pour remplacer Hugo Claus apparemment, Lui qui su continuer une tradition monacale car tout comme Balzac ou Dante il eu une productivité 'biblique' hors normes (pour être payé). Même relatant sa créativité dans tout un journal flamand on arrive encore à oublier des livres de sa plume. Les actualités de Antenne 2 en France relatait la perte de notre grande idylle des Lettres, si ce n'est de parler plutôt d'euthanasie, lui qui fut une seule fois moins brillant à "Apostrophe" envers Bernard Pivot puisque le français de notre génie flamand moins éloquent. J'ai rencontré Hugo Claus environs cinq fois, mais n'ai jamais conversé avec lui, bien au contraire de Sylvia Kristel, avec qui j'ai parlé trois fois. Malheureusement elle ne s'est pas déshabillée. En fin de compte pas si mauvais que cela ce beau kitsch en effet, ni ce cul merveilleux (à l'époque). Je n'ai pas réussi à lui présenter Akarova, qui m'adorait. Une autre génération encore plus grandiose point de vue créativité. La toute première fois Il faisait la file juste derrière moi au théâtre140, pour voir une pièce Japonaise, début années quatre-vingt. Des danseurs Zen aux crânes rasés sous du talc. Bien des années après je l'ai eu juste à côté de nous pour la présentation de son nouveau receuil de poèmes "Les tables vides". J'avais moi mis mes livres à moi sur une table, référant indirectement au titre de son livre, mais compris que je ne devais pas faire comme ça, car tout le monde se focalisait sur eux, les écrivains, et même pas les grands écrivains de passages ni lui d'ailleurs prirent la peine de venir à la table pour bouquiner dans mon livre à moi. Ce fut à nouveau une leçon de 'marketing' à ne plus jamais faire. De jeunes filles aux petits slips mouillés faisaient ensuite la file pour acheter son livre à lui. Je lui ai donné un papier à moi en ne faisant pas la file pour lui, mais notre Hugo Claus me conaissait, et m'avait déjà lu. Ce qui n'était pas le cas de Umberto Eco avant avoir donné à ce dernier mon papier 'La fin des investissements' dans galerie de la Reine. La poésie de Hugo Claus est exquise, d'un maniérisme aigu, dans le bon sens du terme, réussissant en fin play-boy avec les mots se dont aucun Don Juan chez nos paysans flamands n'aurait oser rêver. En anglais on dit: to the point. Malgré le fait que l'on puisse en fin de compte ouvrir une boîte de sardine avec style, il n'aimait pas le style, selon lui le produit de répétition. De caricatures. Certes ses mots sont commes les vagues ; ils retracent mythologies, langage (universel) du bon peuple et jésuitisme azimut ou exergue tout comme Jacques Brel: être tellement imbibé de cette culture qu'il ne reste plus que la révolte et Oedipe pour mieux cerner le vrai drame de cette religion d'Etat 'castratrice', non sans prélude abominable entre '40 et '45. En faisant la file au théâtre devant lui je remarqua son talent de play-boy intello ironique envers les belles femmes. Ma petite amie de l'époque, licenciée en langues germaniques de l'unif, au maquillage, bas Nylon et décolleté provocants, ne fut pas sous l'effet de son charme, me disait elle. Je fus même étonné et désillusioné quand elle me disait par boutade peut-être ne pas être intéressée elle par des vieux. Bien après j'ai rencontré le grand maître à une exposition de ses oeuvres d'art ('Cobra') à Bruxelles, entouré par tous ces jésuites, dont le rédacteur du journal "De Morgen" à l'époque, Paul Goossens. Un temps révolu. Il réussit de passer dans "Vooruit" ou "De Morgen" quand il voulait, avant et après, ce qui n'est plus mon cas. Je me rappelle e.a. une annexe gratuite jaunie du journal que j'ai gardée: "Claus trilogie, omtrent Deedee" tout en donnant en même temps la présentation de un de ses films (De verlossing) comme on pouvait le faire à Hollywood. Non le rétablissement (impossible) retracé dans sa poésie au souffle lyrique, mais 'la délivrance'. Bien des passages relatent le décès d'une mère devenue folle à qui on fait avec deux doigts le signe de la croix sur le front froid. Tout comme "Le nom de la rose", "Le chagrin des belges" fut un livre de tradition de 'moines', vendus à des gens du peuple qui normalement ne lisent jamais. La traduction est toute fois plus difficile vu les passages de semi dialecte flamand. Ses receuils de poèmes donnent la preuve d'une prodcution éffrénée du mot juste, au bon endroit, détails scintillant de véridique cauchemar idyllique du 'je t'aime, moi non plus', tout comme pourrait le faire un artisan avec expérience. Décrivant, non sans humour amère, inceste chez ces ouvriers (catholiques) en déchéance d'alcool et de misère, mais leurs filles ne paraissent pas trop traumatisées à ce point pour notre naturaliste ayant lu Louis Paul Boon comme Shakespeare. J'ai une anecdote. Nous nous sommes croisés à Anvers, aussi, par ce que mon éditeur allait publier à nouveau un de ses livres, mais mon éditeur tardait, ce qui a mis Hugo Claus sous un autre contrat chez un éditeur plus prestigieux sans doute pour son nouveau manuscrit du moment. Après avoir publier nos livres, mon éditeur a changé à nouveau d'adresse à Anvers. Maintenant, pour vous dire l'universalité des choses, il édite un roux caractériel, et plus personne d'autre d'important. Lui, qui publia en toute marginalité ses lettres vers Gerard Reve, encore un catholique faisant l'amour avec grands garçons, et prônant l'orgasme de la Sainte Vierge. Il ne faillait donc plus en être honteux, tout comme de ces juifs russes (e.a. la famille Boslowits) décimés en 1943. Voilà la synthèse de tout ce micmac de publications en dehors de la grande histoire, de ce fascisme flamingant et rédactions catholiques, tout en étant dedans. Témoigner des cloîtres c'est pas seulement Pasolini ou dynastie épistémologique à Gand, Bruges ou Anvers, mais c'est un apprentissage de sept ans à chaque fois, le jour où il n'y a plus que la terre en fin de parcours, le goût de mayonnaise en bouche et douze lecteurs sexy mais aveugles, les livres prônant la fin de l'histoire, trop lourd à porter tout comme leurs croix (gammées), les milliards de lettres imprimées devenues trop petites pour y reconnaître abstraction du doute, une pensée toujours frivole, si ce n'est le retour à 'l'abjecte' au nom de l'amour absolu de cette mère autoritaire, et l'absence lâche du père, obéissance refoulée sous mille et un Oedipes alchimiques schmilbibiliques, d'une analyse comme Dostojewski qu'il trouvait le meilleur: le crime dans son contexte élémentaire et humain, d'un retour aux sources à Triboli ou Paris, de panzers toujours dans cette herbe, décrite par les plus grands poètes, non tous amis de Jansenius. "Of wat Emmanuel Buch, toen hij nog leefde, nog kon teweegbrengen aan weemoet (sic) op tv, zonder onttroning mogelijk. Een Weverbergh over de ultieme brieven van stervelingen als lichtbronnen voor een wankelende geest(drift) kan uitdrukken. Nu is dat de joodseomroep na de Ster om ons te weerhouden van de leegte refererende naar dat beeld dat past en tegelijkertijd eigenlijk nooit meer past bij elke kont-ext, historisch dan wel, klikkend met dat soort aan voyeurs om die billen onder elke minizup te betasten met het oog en deze ô zo onvolmaakte Geist." Dans toute l'intitiation 'géométrique' ou métaphysique je devrai vous dire Michaux et Dotremon, mais ils sont aussi morts. Je n'ai pas l'éloquence de Pierre Mertens que je viens de rencontrer rue Antoinne Dansaert. "Les éblouissements" à Berlin, camarades de luttes disparus et de je ne sais quoi encore, jamais en déroutes véritables, mais "scellant l'hommage posthume dû aux disparus", d'un peuple orphelin. Le poète est mort. Vive le poète. Epique Virgile virgule, et puis l'amour ou la haine (de cette sainte croix), et nous y sommes à nouveau, en plein dedans, 'cultivés' BCBG habillé(e)s en bleu ou en noir sous impact d'attitudes, de platitudes, au milieu du labyrinthe derrière des murs sourds qui nous scindent de la barbarie, de tous ceux qui n'ont rien dit quand on a censuré ou travesti Aristote, de tout ceux qui n'ont rien dit quand on a ostracisé ceux qui refusent de collaborer. Et nous sommes reparti à nouveau. A nouveau.
