Laffaire de la condamnation dun jeune Palestinien à Anvers a une suite
Suite à laffaire de la condamnation dun jeune Palestinien à Anvers, que nous avons rapporté en fin du précédent article http://www.bloggen.be/yechouroun/archief.php?ID=2970173 , nous apportons ci-dessous un premier élément de réponse de notre ami Lucas Catherine concernant la bataille de Khaybar à laquelle ce jeune homme faisait référence quand il lançait ce slogan Khaybar Khaybar ya yahoud et dont les sionistes en ont fait un sujet de Hasbara (propagande).
Effectivement ce slogan est problématique ; pour ceux qui sont avertis et avisés, autant les Juifs que les Musulmans ou les Arabes, ce slogan vise le sionisme, mais pour dautres plutôt ignorants, il vise tous les Juifs.
Comme vous pouvez le voir sur lillustration, ce sont les sionistes qui crient et même écrivent « Mort aux Arabes », sans oublier ce que les politiciens du régime sioniste ont déjà sorti comme insanité contre les Palestiniens.
Tout prochainement un article expliquant davantage cette bataille et qui sont les "Yahoud".
Nos lecteurs comprendront bien que cest une affaire à suivre, que des démarches sont déjà entreprises, la lutte antisioniste continue.
Lhistoire de Khaybar
Trois activistes pour la Palestine sont poursuivis par le Parquet dAnvers pour incitation au racisme, sur base dune plainte dassociations sionistes. En cause : le slogan « Khaybar, Khaybar, ya yahoud » qui aurait été crié, pendant quelques secondes, quelque part, dans une manifestation le 12 juillet 2014 à Anvers, contre la guerre dagression meurtrière dIsraël contre Gaza.
« Aucun mot sur les innombrables drapeaux et slogans pendant la manifestation, qui sont clairement et exclusivement dirigés contre Israël, Michael Freilich (1) se focalise sur un seul slogan de quelques secondes et auquel il donne sa propre interprétation », écrivent les organisateurs dans leur communiqué.
Ils ont demandé à Lucas Catherine, spécialiste de la Palestine et dIsraël, dexpliquer le slogan « Khaybar ». Voici ses commentaires.
La bataille de Khaybar, en 628, faisait partie de la 22e campagne de Mohamed, qui était non seulement un prophète mais aussi un chef militaire et fut ainsi le fondateur dun empire arabe. Doù ces batailles.
Les Juifs de Khaybar pratiquaient lagriculture et ne voyaient pas du tout dun bon il une prédominance de Mohamed, un caravanier, et de ses partisans, qui voulaient bâtir un empire commercial à partir de Médine. Les Juifs sallièrent à la tribu arabe des Ghatafan contre les Médinois et Mohamed, mais furent vaincus et durent se soumettre. Ils purent poursuivre leurs activités agricoles, mais durent céder la moitié de leurs rentrées à Mohamed et à son État à Médine. Le deuxième successeur de Mohamed les chassa, mais ils purent revenir plus tard. Le rabbin andalou Benjamin de Tudela, qui visita la ville en 1173, donc plus de cinq cents ans après lexpulsion, y estima la population juive à 1150 habitants (Source : Encyclopaedia of Islam, éditée à Leyde par un collectif international dislamologues). Il ne sagit donc en aucun cas dun massacre général.
Il subsiste même à propos de Mohamed une tradition qui prétend quaprès la victoire, une juive, Zaynab, dut préparer pour lui un mouton et quelle en empoisonna la viande. Mohamed le remarqua et recracha la viande pour lui demander : « Pourquoi as-tu fait cela ? » Elle répondit : « Si tu avais été un despote militaire comme un autre, nous aurions été débarrassés de toi, mais si tu avais été un prophète, tu laurais remarqué. » Mohamed lui pardonna. (Source : Maxime Rodinson, islamologue juif français, dans Mohamed).
Khaybar est mentionné dans la tradition musulmane non seulement comme une grande victoire, mais aussi parce que Mohamed, à lépoque, y proclama la réglementation « halal », vraisemblablement sous linfluence des lois de la kashrout juive.
Le slogan « Khaybar, Khaybar, ya yahud » est-il pertinent au cours dune manifestation contre les crimes de guerre israéliens à Gaza ?
Je ne pense pas, personne ne connaît lhistoire derrière Khaybar et les gens mal intentionnés peuvent y rechercher toutes sortes de choses malveillantes. Ce qui est le cas ici.
Devons-nous faire une distinction claire entre les Juifs et la politique de colonisation menée par Israël ?
Très certainement. Mais le problème a deux facettes. Israël sest proclamé en son temps État juif et on a voulu que la population soit Juive de la façon la plus homogène possible, doù lexpulsion de la grande majorité de la population palestinienne dorigine.
Cette définition en tant quÉtat juif nest pas seulement proclamée dans la loi fondamentale dIsraël (lÉtat juif na pas de constitution), mais on y a également ajouté un deuxième volet, une autre loi fondamentale encore de lÉtat juif : la Loi sur le droit au retour. Ici, il est dit que lÉtat dIsraël est non seulement lÉtat des Juifs qui y résident, mais aussi celui de tous les Juifs du monde. Cette loi les convie à émigrer vers la Palestine.
Depuis la fondation de lÉtat juif, Israël a tout mis en uvre pour se profiler comme le représentant de tous les Juifs, doù quils soient dans le monde. Et avec un certain succès. À un seul courant très orthodoxe et très minoritaire près et hormis en Belgique lUPJB (Union des progressistes juifs de Belgique) et lUAVJ (Une autre voix juive), les associations juives présidées par des gens comme Pinhas Kornfeld sidentifient à plus de 100 pour 100 à lÉtat dIsraël et à sa politique de colonisation. Elles nont jamais pris leurs distances par rapport aux crimes de guerre israéliens. Il nest donc pas étonnant que quelques manifestants ne fassent aucune distinction entre les Juifs et la politique coloniale dIsraël.
Un élément supplémentaire, cest quun cinquième des habitants israéliens dIsraël sont des Palestiniens des descendants de ceux qui ont eu la chance de ne pas être chassés et quils naccomplissent pas de service militaire dans larmée de lÉtat juif et il est par conséquent difficile de ne pas parler spécifiquement des Juifs quand il est question de la répression militaire.
Cette confusion entre juifs et la politique de lÉtat israélien nest pas seulement leur problème, dailleurs, mais aussi celui de nos médias.
Pour donner un exemple récent : quand Brigitte Hermans de Broederlijk Delen (2) a été expulsée par lÉtat dIsraël, nos médias ne sont pas vraiment allés consulter lambassade dIsraël, mais bien des personnes quils considéraient comme les porte-parole de lÉtat juif, à savoir Messieurs Freilich (1) et consorts.
Si la communauté juive dAnvers se distanciait clairement de la violation des droits de lhomme par lÉtat dIsraël, une telle confusion pourrait être évitée et non pas interprétée comme une sorte de racisme.
(1)Rédacteur en chef du mensuel sioniste Joods Actueel (2)Léquivalent dEntraide et Fraternité en Wallonie-Bruxelles
|