Les attentats contre les membres des partis politiques de lâopposition
Les
membres des partis politiques de lopposition continuent à être la
cible des attentats par des hommes armés de fusils. Ces derniers temps,
parallèlement au processus de désarmement de la population, on assiste
à un mouvement inverse de réarmement de cette dernière par le Service
National des Renseignements. Plusieurs cas du genre sont signalés dans
tous les coins du pays. Des assassinats ciblés sobservent presque
partout dans le pays et, la société civile, les média et les partis
politiques ne cessent de le dénoncer.
Ce mardi 16 juin 2009 vers 20h30, dans la commune de Ngozi quartier
Kinyami, un homme armé dun fusil accompagné de trois autres armés de
coupe-coupe se sont introduits dans le domicile de Mr Harahagazwe Jean Marie,
Représentant provincial du cercle des jeunes (IMURIKIZI) du parti
UPD-Zigamibanga. Ces assassins ont prié aux occupants de la maison de
mettre les mains en lair mais, le veilleur de la maison lui a sauté
dessus, lui a arraché le fusil et la tué. Au même moment, les autres
ont pris fuite. Soudainement, ladministrateur de la commune Ngozi est
arrivé sur les lieux et a transporté cette victime non identifiée vers
lhôpital de Ngozi. Ces assassins qui ont pu prendre le large nont pas
jusquici été appréhendés, ce qui laisse présager que ce sont des gens
des environs.
Très récemment, les autorités administratives du pays taxaient à tort
ou à raison le parti UPD dorganiser des malfaiteurs pour attenter à la
sécurité de lEtat. Invraisemblablement, ce sont les membres de ce
parti qui subissent chaque jour des harcèlements visant à les empêcher
de sépanouir à linstar du parti au pouvoir. Décidément, les armes qui
circulent à travers tout le pays visent lintimidation des membres des
partis politiques de lopposition et sèment la terreur et le désordre,
créant ainsi un climat susceptible de saboter les élections de 2010.
Vers la fin de lannée 2007, est atterri à laéroport international de
Bujumbura un avion soudanais qui transportait des armes à destination
de la Présidence de la République, si du moins on croit à nos sources.
En effet, le déchargement a été assuré par la garde présidentielle au
moment où tout le personnel de laéroport avait été contraint de plier
bagage et vider les lieux afin de faciliter la dissimulation de ces
armes. Contacté à ce sujet, le Porte-parole du Président de la
république, Mr Hatungimana Léonidas
a révélé que cétait des ordinateurs commandés par la présidence. Tout
le monde sest posé la question de savoir pourquoi on doit chasser le
personnel de laéroport pour décharger les ordinateurs ? QUID !
Selon des sources concordantes, la police présidentielle aurait déjà
distribué ces armes aux démobilisés proches du parti CNDD-FDD pour ôter
la vie aux leaders des partis politiques de lopposition. Les mêmes
sources indiquent que ce sont ces armes en circulation qui seraient
utilisées pour divers meurtres qui sobservent dans tout le pays. Ce
qui devient absurde, cest la facilité avec laquelle le gouvernement
qualifie ces forfaits de cas de vol, alors que chaque fois après le
crime, ces malfaiteurs nemportent aucun objet matériel. Le mois
dernier, la population de Muyinga dénonçait les actions menées par les
jeunes du parti au pouvoir dans ce que ladministration qualifie de
sport de masse. On peut se demander quel type de sport au monde est
pratiqué par des civils avec des grenades à la main ? La même
population ne cesse de décrier des caches darmes qui seraient dans
différentes zones de cette commune, mais ladministration semble peu
préoccupée par ces lamentations.
Notre rédaction lance un appel vibrant à ces malfaiteurs que plus on
est utilisé par les hommes politiques dans ces assassinats ignobles,
plus on est à son tour lynché pour effacer toute trace pouvant les
démasquer. Les cas de Messieurs, Maregarege, Bienvenu, le capitaine Pacifique Ndikuriyo et dautres devraient leur servir de leçon.
Peut-on construire une nation sur le sang de ses sujets ? Que les
concepteurs de ce plan sachent que tôt ou tard, le bon Dieu finira par
venger ces innocents. AMARASO ARAHUMA !!!
Le ministère de lIntérieur vient davertir
lUPD-Zigamibanga contre ses actes visant à inciter la population à la
haine et à la révolte. Une démarche considérée comme un signe
avant-coureur à son exclusion au moment où les esprits plongent déjà
dans la période électorale.
Chauvineau Mugwengezo, porte-parole de l'UPD-Zigamibanga est catégorique: "Nous sommes au courant dun plan visant à exclure notre parti de la course aux élections de 2010." Il l'a affirmé au cours d'une conférence de presse, le 9 juin 2009, à la permanence dudit parti.
Trois jours avant, le cabinet du ministre de l'Intérieur et du
Développement Communal, avait écrit à l'UPD-Zigamibanga pour lui
signifier ses agissements dans les provinces de Bubanza, Kirundo,
Karuzi, Makamba et Gitega : "[ ]
Les rapports à notre dispositions nous renseignent sur lorganisation,
par votre parti, dune association de malfaiteurs pour attenter à la
sécurité de la population avant, pendant et après les élections."
Ce que Chauvineau Mugwengezo réfute énergiquement : "Cest
impossible ! Par ailleurs, nous sommes le seul parti au Burundi qui
mentionne explicitement le mot paix dans son appellation. Nous oeuvrons
donc pour que tous les Burundais vivent et travaillent paisiblement."
La même correspondance fait état dune cassette vidéo de
lUPD-Zigamibanga dont le contenu divise les populations des provinces
de lEst du pays et de la Mairie de Bujumbura. A ce sujet, le
porte-parole de lUPD-Zigamibanga défie toute personne qui prouverait
lexistence de ce document : "[ ] Elle est fictive puisque nous ne la connaissons même pas à la direction du parti !"
Pour lui, le ministre de lIntérieur nest quun tremplin du parti
CNDD-FDD qui cherche à exclure les partis de lopposition de la course
électorale ou à retarder les élections de 2010 : "Quils
sachent que nous avançons inéluctablement vers une victoire paisible de
notre parti aux prochaines échéances politiques." Approché pour
plus de précisions, le ministre ayant le contrôle des partis politiques
dans ses attributions, met en garde tous les autres partis politiques.
Edouard Nduwimana, ministre de lIntérieur: "Si lUPD continue, il sera rayé"
Mr Edouard Nduwimana
Vous avez adressé une correspondance au parti UPD Zigamibanga pour
lui signifier lexistence dune cassette vidéo semant la discorde au
sein de la population. Pourriez-vous nous dire le contenu de cette
cassette vidéo ?
Cest vrai nous avons adressé cette correspondance au parti UPD
Zigamibanga pour lui signifier quil travaille en cachette alors quil
est agréé. Nous avons également souligné que ce parti est de mèche avec
une association des malfaiteurs. Nous avons des preuves de ce que nous
avançons. Nous avons aussi parlé de cette cassette vidéo qui est en
train de circuler dans les provinces de lEst et en Mairie de
Bujumbura. Cette cassette contient des enseignements divisionnistes qui
font reculer le Burundi. Elle sera mise à la disposition de la justice
en cas de besoin. Pour le moment nous nous gardons de révéler son
contenu. Nous avons simplement averti le parti concerné. Mais sil
persiste, nous allons saisir la chambre judiciaire de la Cour Suprême.
Cest à ce moment que vous saurez le contenu de cette cassette et des
détails sur lexistence des associations de ces malfaiteurs instigués
par ce parti.
Une certaine opinion affirme que toutes ces manuvres visent à rayer
lUPD de la liste des partis pou lempêcher de participer aux
prochaines élections. Quen dites-vous ?
Ceux qui répandent de telles rumeurs auraient un agenda caché. Au
Burundi, nous avons 43 partis politiques agréés. Je ne pense pas que
lUPD soit le parti le plus redoutable dans ce pays car les Burundais
sont au courant de leffectif de ses militants. Cest absurde de penser
quon peut empêcher ce seul parti de participer aux élections.
Néanmoins, si ce parti continue à violer la loi, il sera évidemment
rayé de la liste des autres partis politiques. Ils sont avertis
davance et nous le répétons, sils ne veulent pas changer, ils seront
mis à la porte.
Les principaux partis de lopposition disent que le parti
présidentiel sappuie sur le ministre de lIntérieur pour les museler.
Quel est votre commentaire ?
Nous sommes au courant de ces accusations. Il est facile de pointer du
doigt le ministre de lIntérieur surtout quand il est du parti au
pouvoir. En ce qui nous concerne, cest pourtant lintérêt de la nation
et le respect de la loi qui doivent primer sur tout autre
considération. De plus, il est surprenant que trois ou quatre partis
soient les seuls à sagiter toujours. Cela montre quils ont des
problèmes internes.
Un mot pour tranquilliser les partis de lopposition, les étrangers
vivant au Burundi et tous les citoyens pendant cette période davant
les élections.
Que les partis politiques se rassurent. Le ministère de lIntérieur na
lintention de malmener aucun parti. Notre souhait est quils
travaillent en se conformant à la loi. La population burundaise doit
savoir que la maison ne brûle pas. Quelle reste tranquille. Les
activités des partis se déroulent normalement. Quelques petits
problèmes peuvent surgir mais cela ne pourrait inquiéter. Nous lui
demandons seulement davoir un esprit de discernement. Aux responsables
des partis politiques, nous leur exhortons à des discours constructifs.
Nous tranquillisons tout le monde, les élections vont bien se dérouler.
Dailleurs ce nest pas pour la première fois que les Burundais
participent aux élections, ils en ont une expérience positive.
Vers louverture de la boîte de Pandore...
La suspension des activités du Parti UPD- Zigamibanga, ou tout autre
parti de lopposition, signifierait la volonté dexclusion dun
adversaire considéré comme redoutable de la course électorale de 2010.
Le détenteur du pouvoir ferait fi de la règle démocratique qui consiste
à accepter la possibilité de lalternance politique. Une telle attitude
serait contre productive à plusieurs égards. Elle serait dommageable
pour limage du parti au pouvoir. Et partant, pour limage de marque du
pays. Laide bilatérale et multilatérale que le Burundi reçoit serait
revue à la baisse pour cause de déni démocratique. Lédification dun
Etat de droit est une conditionnalité pour les différents partenaires
du Burundi.
Deux comportements des acteurs politiques pourraient conduire le
Burundi à reproduire le syndrome kenyan. Dune part, le parti CNDD-FDD
adopte le principe machiavélique à savoir que la fin justifie les
moyens. En ce cas, la perte du combat électoral de demain ne serait pas
dans le champ des possibles politiques, envisagé par le parti au
pouvoir. Doù lutilisation de tous les moyens pour gagner. De lautre,
certains partis politiques de lopposition refusent daccepter les
résultats électoraux jugés frauduleux. La nouvelle de la victoire
électorale du parti CNDD-FDD ouvrirait alors la boîte de Pandore. Des
militants du parti gagnant et ceux des partis perdants en viendraient
aux mains. De surcroît, certains partis comme le FRODEBU et le MSD
comptent parmi leurs rangs des ex-démobilisés des FNL. La violence
symbolique ou la guerre des mots dégénérerait ainsi en violence
physique. Et la machine de mort serait de nouveau mise en branle au
Burundi.
par Didier Bukuru Dieudonné Hakizimana Guibert Mbonimpa