פורים תשע"ו
Ci-dessous un intéressant texte surפורים intitulé « Les Juifs ont-ils commis un massacre à Pourim ? » que nous avons repris dun site pour Sépharades . Pour le confort de la lecture nous avons réécrit les mots hébreux en lettres hébraïques, car les mots dans le texte original sont translittérés en une sorte de Sépharade.
Les Juifs ont-ils commis un massacre à Pourim ?
Dans le chapitre de conclusion de la מגילת אסתר, nous lisons qu'après que le décret de המן, ימש״ו contre les Juifs fut révoqué, et qu'ils furent donc préservés de la destruction, les Juifs ne se sont pas arrêtés là. Plutôt, ayant obtenu la permission royale de frapper leurs ennemis, y compris les femmes et les enfants, les Juifs tuèrent plus de 75000 personnes ! אסתר demanda et obtint par la suite un jour de massacre supplémentaire.
Cet épisode biblique fut longtemps utilisé pour nourrir des sentiments négatifs contre les Juifs parmi les Chrétiens. C'est ainsi qu'au dix-neuvième siècle, le commentateur biblique Allemand Friedrich Bleek concluait que :
Par conséquent, nous pourrions soutenir, avec vérité, qu'un esprit Juif très étroit de vengeance et persécution prévaut dans le livre, et qu'aucun autre livre de l'Ancien Testament est si éloigné que ce lui-ci de l'esprit de lÉvangile.1
En Amérique, l'influent pasteur Washington Gladden décrivait la מגילת אסתר en ces termes :
Une épidémie diabolique de cruauté fanatique... Le fait que l'histoire a été racontée, qu'elle a atteint une grande popularité parmi les Juifs, et qu'elle fut récemment considérée par certains comme l'un des livres les plus sacrés de leur canon, n'est rien d'autre qu'une révélation pour nous de l'importance que peuvent avoir les passions les plus sinistres et horribles au nom de la religion... Qu'il [ce livre] puisse demeurer comme un fond obscur sur lequel la moralité chrétienne doit reposer resplendissante ; comme un exemple frappant du genre d'idées que les Chrétiens ne devraient pas nourrir, et du genre de sentiments qu'ils ne devraient pas chérir.2
Il existe d'innombrables autres expressions de dégoût et dindignité parmi les commentateurs Chrétiens lorsqu'il s'agit de Pourim et de la מגילת אסתר.
Mais une lecture minutieuse du récit des événements, et une prise en compte du contexte, révèle un tableau tout à fait différent. Commençons par le verset central dans lequel les Juifs reçurent la permission de massacrer leurs ennemis Perses3 :
אֲשֶׁר נָתַן הַמֶּלֶךְ לַיְּהוּדִים אֲשֶׁר בְּכָל-עִיר-וָעִיר, לְהִקָּהֵל וְלַעֲמֹד עַל-נַפְשָׁם--לְהַשְׁמִיד וְלַהֲרֹג וּלְאַבֵּד אֶת-כָּל-חֵיל עַם וּמְדִינָה הַצָּרִים אֹתָם, טַף וְנָשִׁים; וּשְׁלָלָם, לָבוֹז
que le roi autorisait les Juifs, dans chaque ville, à se rassembler et à défendre leur vie, en détruisant, en tuant et en annihilant tout attroupement de populace qui les attaquerait, y compris les femmes et les enfants, et à faire main basse sur leur butin;
Plusieurs points importants doivent être signalés ici. L'un d'eux est que les Juifs reçurent la permission d'attaquer uniquement ceux qui les attaqueraient ! Contrairement aux descriptions faites par Bleek, qui qualifie ce massacre d'acte de vengeance, ce fut plutôt un acte d'autodéfense. Bien qu'il y ait eu un sursis du plan de המן, il n'y avait aucune garantie qu'un tel danger ne se poserait plus. C'était en réalité le seul moyen possible pour les Juifs de s'en sortir. En effet, comme nous l'apprenons dans la מגילת אסתר4, le roi אחשוורושsignala que d'après la loi perse, un édit signé du sceau du roi ne pouvait être révoqué. Par conséquent, on ne pouvait annuler le décret de המן, mais seulement le contourner en autorisant le massacre de tous ceux qui désireraient accomplir le décret de המן.
Qu'en est-il des femmes et des enfants ? Il existe plusieurs possibilités à prendre en compte. La première est que nous ne devons pas faire l'erreur de juger des actes ayant eu lieu il y a plusieurs millénaires d'ici en employant les normes morales d'aujourd'hui. Dans les temps anciens, les femmes et les enfants étaient toujours considérés être les extensions du mari. Ce n'était pas une innovation juive ; c'était le modèle standard dans le monde antique. Et ce n'était pas seulement la perception d'une réalité ; c'était la réalité, étant donné que les femmes étaient de loin moins indépendantes. Tuer vos ennemis ne signifiait pas seulement les mâles adultes ; cela incluait toujours leurs familles. Bien que cette réponse puisse ne pas être émotionnellement satisfaisante d'un point de vue moderne, on ne peut pas la balayer d'un revers de la main. Mais il existe d'autres alternatives.
La deuxième consiste à ne pas considérer cet épisode comme une bataille entre deux groupes d'individus, mais plutôt comme une guerre contre deux nations : les Juifs et les Amalékites. Il n'est pas du tout aléatoire de supposer que les familles de ces hommes qui auraient tué les Juifs étaient elles-mêmes assez partisanes de cette idéologie. Et même ces enfants trop jeunes que pour se forger une opinion, font partie de ce même groupe social. En cela, ce n'est pas différent de l'ordre donné par la תורה d'éradiquer de la surface de la Terre Sainte les nations de עמלק et les Sept Nations Cananéennes.
Mais en réalité, la réponse est plus que simple. Ce n'est pas parce que le nouveau décret permettait aux Juifs de massacrer les femmes et les enfants, que cela signifie qu'ils l'ont fait. En réalité, il n'existe aucune preuve, ni textuelle ni historique, attestant que les Juifs de Perse avaient bel et bien massacré les femmes et les enfants. Ce nouveau décret doit se comprendre à la lumière du décret d'origine, promulgué par המן. Voici ce que nous lisons5 :
וְנִשְׁלוֹחַ סְפָרִים בְּיַד הָרָצִים, אֶל-כָּל-מְדִינוֹת הַמֶּלֶךְ--לְהַשְׁמִיד לַהֲרֹג וּלְאַבֵּד אֶת-כָּל-הַיְּהוּדִים מִנַּעַר וְעַד-זָקֵן טַף וְנָשִׁים בְּיוֹם אֶחָד, בִּשְׁלוֹשָׁה עָשָׂר לְחֹדֶשׁ שְׁנֵים-עָשָׂר הוּא-חֹדֶשׁ אֲדָר; וּשְׁלָלָם, לָבוֹז
Et par les courriers, les lettres furent expédiées dans toutes les provinces du roi, [ordonnant] de détruire, exterminer et anéantir tous les Juifs jeunes et vieux, enfants et femmes en un seul jour, à savoir le treizième jour du douzième mois, qui est le mois de אדר, et de faire main basse sur leur butin.
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