Dernier crime à Gaza : le crime de haute trahison
Par Christophe Oberlin
"Aujourdhui est un jour de deuil supplémentaire pour les Palestiniens. Hier 5 août 2014 Mr Riad Al MALIKI, ministre des Affaires Etrangères de Palestine, a obtenu de Mme Fatou BENSOUDA, procureure de la Cour Pénale Internationale, lannulation de la plainte déposée le 25 juillet 2014 par Mr Saleem Al SAQQA, ministre palestinien de la Justice, et Mr Ismaeel JABER, procureur général de Gaza, pour les crimes de guerre commis à Gaza par larmée israélienne", écrit le Pr. Christophe Oberlin.
"Cette plainte, élaborée par les meilleurs spécialistes du Droit International, avait reçu lappui de 130 professeurs de Droit de par le monde qui avaient affirmé sa complète recevabilité au regard des statuts de la Cour Pénale Internationale.
Dès la publication de la plainte, le président palestinien Mahmoud ABBAS, le représentant de la Palestine à lONU, et Mme Leila CHAHID, ambassadrice de Palestine auprès de lUnion Européenne, ont développé une stratégie en vue de lannulation de la plainte.
Le représentant à lONU a prétendu, à lunisson avec la partie israélienne, que le dépôt de plainte risquait de se retourner contre la résistance palestinienne, ce qui est juridiquement faux (article 31D du statut de la Cour Pénale internationale). Mme Leila CHAHID est allée dans le même sens, provoquant le 4 aout une réaction officielle du Hamas par lintermédiaire de son porte-Parole Sami Abu ZOUHRI :
« Nécoutez aucune voix qui suggérerait que nous serions opposés à une action auprès de la Cour Pénale Internationale. Certaines personnes disent que le Hamas ou dautres personnes résistantes pourraient être victimes dune telle démarche, mais ce nest pas vrai. Ce nest que de la propagande. Rien de ce que nous faisons ne nous fait peur. Nous sommes sous occupation et cest notre droit, selon la loi, de résister. Et cest aussi le droit de notre population dêtre défendue. »
Ces pressions sur la Cour Pénale Internationale aboutissant à lannulation de la plainte étaient malheureusement prévisibles. Déjà à la suite de guerre de lhiver 2008-2009, Mr ABBAS avait dépêché Mr Al MALIKI auprès du procureur de la Cour, aboutissant à lannulation de la procédure de plainte en cours. Ce sont les mêmes acteurs aujourdhui qui sont à la manuvre.
Il faut dire que la plainte déposée le 25 juillet 2014, outre les crimes de guerre, mentionnait le crime de colonialisme, faisant ainsi peser une lourde menace sur Israël : dès la plainte transmise à la chambre intermédiaire, les entreprises étrangères travaillant dans les territoires occupés devenaient susceptibles de poursuites pour complicité. Les conséquences économiques pour Israël auraient pu être rapides, bien avant que nadvienne le jugement des commanditaires des crimes de guerre. Avant même que la bataille des armes ne soit terminée, Mr NETANYAHU a remporté grâce à Mr ABBAS et Mme CHAHID une victoire politique déterminante : la menace économique est éloignée.
Comme toujours en pareil circonstances, la communication palestinienne et en particulier Mme CHAHID, prétend avoir une autre stratégie : celle dadhésion à la Cour Pénale Internationale. Pourquoi ne lavoir pas fait plus tôt ? La supposée nécessité de reconnaissance préalable de lEtat palestinien à lONU est un mensonge juridique. Mr ABBAS et Mme CHAHID auraient pu saisir la Cour depuis près de dix ans. Trois massacres à Gaza auraient peut-être pu être évités.
La décision de faire taire le Droit met à nouveau en lumière le jeu meurtrier et la nature réelle de lAutorité Palestinienne.
Sert-elle les Palestiniens en 2006 lorsquaprès avoir perdu les élections elle tente de reprendre le pouvoir par les armes ?
Sert-elle les Palestiniens en 2006 lorsquelle condamne la capture dun soldat israélien au poste de combat ?
Sert-elle les Palestiniens en 2009 quand elle contribue à enterrer le rapport GOLDSTONE sur les crimes commis à Gaza ?
Sert-elle les Palestiniens quand elle soutient officiellement le nouveau dictateur égyptien qui est à lorigine de la fermeture du seul point de passage de GAZA avec le Monde ?
Sert-elle les Palestiniens lorsque son président déclare quelques jours avant lattaque israélienne : « Les tunnels entre Gaza et lEgypte sont illégaux. Nous (sic) avons essayé de les détruire, nous (sic) avons construit un mur dacier souterrain, « nous (sic) avons essayé de les noyer ».
Toutes ces attaques ont notamment pour but de détruire un parti politique à référence culturelle musulmane, le HAMAS, et quel quen soit le prix pour la population palestinienne.
Le droit international étant bafoué, force est dobserver à nouveau le droit national palestinien, bafoué lui aussi. Le président ABBAS, selon des lois fondamentales palestiniennes, a terminé son mandat en janvier 2009. Des élections ne pouvant avoir lieu, cest le président du parlement Aziz DUWAIK qui aurait dû le remplacer. Mr DUWAIK est en prison. Alors que le parlement aurait dû légalement voir son mandat prolongé, nombre de parlementaires ont été emprisonnés, parfois avec lappui de la police palestinienne, et le parlement est empêché de fonctionner.
Ainsi, on se bouscule aujourdhui, parmi les dictatures arabes, pour être « le meilleur ennemi dIsraël ».
Le président actuel est donc illégal autant quillégitime. Mr ABBAS et Mme CHAHID règnent sur un champ de ruines physique, politique et moral. Ils servent lintérêt de lennemi. La Palestine a son gouvernement de VICHY qui ne représente pas les Palestiniens, pas plus que VICHY ne représentait la France.
Que ceux qui le contestent osent organiser des élections libres et non faussées à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est."
Christophe OBERLIN 6 août 2014
Note ISM-France : L'équipe juridique qui travaille sur le sujet appelle à une pression populaire internationale pour maintenir cette plainte. Merci de signer et diffuser le plus possible la pétition qui soutient cette plainte : http://icc4israel.wesign.it/fr
Source : CAPJPO-EuroPalestine
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