Le courrier des Amis

Le pot et le serpent

Illustration : Rav Avigdor Miller זצ״ל¹

Il existe un très célèbre sermon donné par le Rav Avigdor Miller זצ״ל, intitulé « Le pot et le serpent ». Il le commença en rapportant l'histoire de la rencontre entre Rabbi Yohanân ben Zakkai זצ״ל  et le général Romain Vespasien en pleine révolte judéenne.² Rabbi Yohanân lui annonça que lui et tous les autres bons Juifs désiraient se rendre et acceptaient l'autorité Romaine sur la Terre Sainte, mais que les Biryonim (les Zélotes) tentaient de les empêcher de faire la paix avec Rome. Vespasien lui répondit : « Si un serpent venimeux s'enroule autour d'un pot de miel, ne brise-t-on pas le pot au passage en tuant le serpent ? » Il voulait dire par-là qu'en dépit du désir de paix de Rabbi Yohanân, il ne pouvait pas annuler la guerre parce qu'il se devait de vaincre les zélotes, et qu'il serait impossible de le faire sans détruire au passage Jérusalem et le Temple.

Rabbi Yohanân garda le silence. Il comprit que les paroles de Vespasien étaient prophétiques et profondes. Les Juifs étaient affligés depuis 150 ans par la secte hérétique des Sadducéens et la monarchie Hérodienne tyrannique. Ces gens piétinaient depuis un siècle et demi le peuple et la Torâh. Jérusalem et le Temple étaient devenus leur centre politique et une source de richesse ; ils s'étaient enveloppés autour de la ville sainte et du Temple comme un serpent. On ne peut pas éliminer le serpent sans détruire le pot, et de ce fait il comprit que la destruction de Jérusalem était le moyen par lequel HaShem avait décidé de se débarrasser de ces hérétiques. Effectivement, après la destruction de la ville sainte et du Temple, étant donné qu'il n'y avait plus de pouvoir politique, ni d'argent à gagner, on n'entendit plus jamais parler de ces deux groupes. Ils s'assimilèrent, se marièrent avec des non-Juifs et furent perdus au milieu des nations. Seuls ceux restés attachés à la Torâh, les Pharisiens, survécurent à la destruction du Temple et de la ville sainte.