Rabbin ERNEST WEILLxml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
(1865-1947)
HANOUCCÂH
EXTRAIT DE SON « CHOULHANE ÂROUKH ABRÉGÉ » (1947)
Considérations générales.
Antiochius Epiphane, appelé aussi Epimane, le fou, à fin dobtenir la fusion des éléments disparates de son royaume en une nation compacte, singéniaà les unifier par ladoration commune des dieux grecs et ladoption générale de la culture grecque. Tous sinclinèrent devant la volonté royale, les Juifs exceptés. Israël opposa à ces prétentions une résistance opiniâtre allant jusquau sacrifice suprême. Nous étions, hélas ! déchirés par de graves dissensions intestines. Les puissants et les riches, qui étaient Hélénistes, favorisèrent les projets du roi, et nhésitèrent pasn afin de détruire les forces vives du Judaïsme récalcitrant, de conseiller au roi linterdiction de la pratique et de létude de la Tôrâh. Cest ainsi que la première persécution fut mis en uvre, procédé inouï dans l lantiquité païenne : Contrainte à lidolâtrie, à la violation du Sabbat et des lois alimentaires, interdiction de la circoncision, de lexercice des lois de pureté familiale, des réunions de prières et de lecture de la Tôrâh etc. La masse du peuple, sous la conduite des docteurs de la Loi, ses guides naturels, resta fidèle, malgré les menaces de mort et les promesses séduisantes. Finalement, la famille des Hasmonéens, sous la direction de son chef, le vieux grand prêtre Matathias, groupa autour delle un groupe restreint de fidèles, résolus à mourir plutôt que de trahir D. et sa Loi. Se retirant dans les montagnes de Judée, menant une vie de privations, ils harcelèrent les troupes royales par des guérillas, firent des incursions soudaines dans les villes et villages, y convoquèrent les fidèles à des réunionsde prières et la lecture publique de la Tôrâh, et à défaut dexemplaires de Séphère Tôrâh, que lennemi avait lacérées et mis en pièces de lecture de passage de prophètes. (Cest là lorigine de la Haphtârâh) Mathatias, sentant ses forces faiblir, exhorta sur son lit de mort ses cinq fils à ne jamais faillir à leurs devoirs envers D. et la Tôrâh, installa son fils Judas chef militaire et son fils Simon chef des Conseils. Bientôt Judas qui à cause de sa bravoure porte le nom honorifique de Judas Maccabée (Martel)[i], réunit autour de lui 5.000 hommes prêts à soutenir le combat avec les troupes royales six fois supérieures. D. accorda la victoire à ces héros et lannée suivante, malgré la supériorité de lennemi en armes et en nombre, une deuxième victoire plus décisive encore, qui leur permit de forcer lentrée de Jérusalem, de purifier le saint Temple et son autel des immondices du culte païen, dy restaurer le culte du D.-Un, et dy rallumer les lumières éternelles du candelabre à sept branches. Une seule fiole dhuile sacrée, portant le cachet du grand prêtre, fut trouvée dans les caves du Temple, suffisant à peine à entretenir les lumières pendant une seule journée, mais, par miracle, dit le Talmud (Chabbath, 21b), cette petite quantité dhuile a permis dentretenir les lumières pendant huit hours jusquà ce quune nouvelle provision dhuile sacrée fut assurée. De là, la durée de huit jours de la fête de Hanouccâh. Hanouccâh = Inauguration du Temple.
Pourquoi le Talmud, une allusion mise à part, passe-t-il sous silence les hauts faits des Maccabéens et leurs victoires miraculeuses qui ontdonné lieu à la fête ? Peut-être parce que le Talmud désapprouve la conduite ultérieure de cette famille illustre et sa politique qui a facilité la mainmise des Romains sur la Palestine avec tous les malheurs qui sen sont suivis.
Hanouccâh et Pourime
Tandis que Pourime a eu les honneurs dun livre de la Bible et de tout un traité de la Michenâh et du Talmud (Meguillâh), la Michenâh à part un bref passage (Babbâ Kammâ 6,6), ne fait aucune mention de Hanouccâh. (Yômâ, 29). On peut conclure de ce silence que la première rédaction de la Michenâh a précédé de longtemps les évènements de Hannouccâh. Une preuve de plus de la haute antiquité de la Michenâh, dont les parties essentielles remontent à la révélation du Sinaï.
Hanouccâh, fête des lumières. Quelle lumière divine que lâme humaine ! Prov. 20,27. La lumière, symbole de lesprit. Lentreprise, dAntiochus, a été un attentat contre lesprit de Dieu, contre lesprit de la Tôrâh, la lumière et lâme dIsraël. Nos ancêtres auraient pu éviter la lutte gigantesque, en abjurant, en trahissant. Mais à leurs yeux, une vie sans Tôrâh naurait plus eu de valeur. Ils ont pr éféré sauter sur les obstacles, risquer le tout pour le tout, jeter leurs vies dans la balance. Leur bravoure a démontré que lesprit de la Tôrâh ne se laisse pas supprimer. Lesprit de Dieu a allumé en eux lesprit du sacrifice, du sacrifice suprême, la flamme de lenthousiasme, la volonté de vaincre, et dassurer par la victoire le triomphe de la Tôrâh et la glorification de Dieu.
Lesprit de la Tôrâh a été le seul enjeu des combats, cet esprit a gagné la bataille contre les redoutables forces matérielles de lennemi, cest pourquoi la lumière, symbole de lesprit, est le seul signe caractéristique de la fête.
A Pourîme, au contraire, Haman, prototype des Hamans modernes, ne sest pas contenté de combattre lesprit. Sa haine nétait à assouvir que par lextermination complète dIsraël. Son orgueil exigait la disparition dIsraël de la surface de la terre. Il nous a tous menancés de mort, fidèles et infidèles, assimilés et pratiquants. Rien naurait servi dabjurer, de trahir lesprit de la Thôrâh. Cest lexistence matérielle dIsraël qui était en danger.
De là les réjouissances matérielles, au centre desqeuelles est la Seoudâh obligatoire, qui caractérisent la fête de Pourême. Les pauvres mêmes doivent recevoir les moyens dy participer. La joie de Pourîme est communicative, collective, elle fait vibrer tous les curs, ceux des riches et des pauvres, des grands et des petits.
5. Dans quelques familles, il est dusage de faire àHanouccâh des repas maigres, relevés par des tartes à la crème et dautres friandises, en souvenir de Judith qui, pour vaincre le tyran, la plongé dans un profond sommeil, en labreuvant, entre autres, de lait.
Pages 643-645 et 646
N.B. : Aux amis lecteurs qui désirent acquérir cet ouvrage : la réédition (5ème) de 1980 est conforme à lédition originale. Nous ne pouvons rien garantir pour les éditions ultérieures. Editeur Fondation SEFER, Paris. A trouver ou commander dans les librairies spécialisées en Judaïca.
Cette année 5769, le 25 Kislev tombe le lundi 22 décembre. On allume donc la première des huit lumières de Hanouccâh le dimanche 21 décembre à la tombée de la nuit.
[i] Autre explication : מַכּבּי= initiales des mots מִי כָמוֺךָ בָאֵלִים ה' qui étaient, dit-on, inscrits dans les plis du drapeau des Maccabéens.
|