Elle dort
dans un palace cinq étoiles, sur un lit de fortune improvisé à partir de deux fauteuils mis côte à côte. Nous sommes à Xiangtan, à une heure et quart de Changsha. Il est dix heures du soir ici, quatre heures de laprès-midi en France et en Belgique. Et depuis ce matin dix heures, Hortense est avec nous.
Le voyage pour arriver ici a été long : beaucoup dattente, daéroports, davions, dhôtesses, de ticket. Limpression de flotter entre deux mondes, dautant plus que jai lu pendant les deux jours de voyage, un roman policier. « Le très corruptible mandarin » de Qiu Xiaolong. Une plongée dans la Chine si complexe. Pour les amateurs de romans policiers mâtinés de poésie chinoise ancienne et moderne, à ne pas manquer.
Notre hôtel se trouve à côté dun « dream théâtre », hyper clinquant, et comme la suggéré notre guide, monsieur Liu, « sans doute un endroit pour les hommes »
Mais très fortuné. Car ici, les contrastes se font sentir très fort. Comme la dit notre guide un peu désabusé devant une telle débauche dargent, « Aujourdhui, la Chine est à la fois communiste, révolutionnaire, capitaliste, un peu tout à la fois, on ne sait plus
».
Cest dans cet univers bien particulier quHortense a fait connaissance avec le monde
en dehors de lorphelinat.
Nous sommes donc arrivés dans les bureaux de lorphelinat à Changsha à 10 heures du matin et tout est allé très vite. Les enfants étaient tous habillés pareils, en body bleu blanc rouge ouvert dans le dos, avec chacun un adulte. Ils semblaient tous faire salon dans la salle dattente dans médecin lorsque nous sommes arrivés dans la pièce. Je nétais pas sûre quHortense se trouvait là, mais Luc la reconnue. Nous avons attendu dans une pièce contigüe et chacun notre tour, nous avons été appelés. Pas moyen de prendre le temps de se présenter, de lui parler un peu, de lapprivoiser un peu avant de la prendre dans les bras
Du coup, bien-sûr, elle a fait comme les autres. Elle a pleuré. Et puis elle sest calmée, et de tant en tant, quand le concert des pleurs des autres enfants était trop important, elle se joignait à eux
Mais elle sadapte très très vite. Nous avons déjà eu droit à des sourires : quelques bisous sur les pieds ou quelques mimiques de Luc suffisent parfois à lui faire oublier que la vie, décidément , et parfois très déroutante
Comme tous les autres enfants, elle na voulu ni manger ni boire pendant plusieurs heures. Mais elle sest rattrapée au repas de ce soir, et elle sest mise à boire dès que leau sest transformée en médicament pour apaiser ses intestins détraqués. Elle sest prise de passion pour trois pots en plastique encastrables et une petite cuiller, et elle peut soccuper ainsi calmement, avec énormément de constance, pendant que nous remplissons des montagnes de papiers administratifs.
Sa peau raconte un peu son quotidien à lorphelinat . Elle est couverte de piqûres de moustiques ( on mavait dit dans une pharmacie quelle naurait pas besoin de protection parce quétant du pays, elle ne serait pas piquée
) . Et elle hurle dès quon lallonge pour lui changer les couches. Luc a trouvé lexplication : les séances de changements à lorphelinat avec des fesses en feu devaient ressembler à des séances de torture. Et a priori, dautres enfants du groupe réagissent comme elle.
Pour le moment, quelques petits détails informatiques ne nous permettent pas denvoyer le texte ce soir
A tous un bon début de semaine.
11-06-2007, 00:00 geschreven door Luc en Virginie 
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