Quelle forme la Nakba prendra-t-elle dans lavenir ?
Ci-dessous une intéressante analyse, parue dans CHRONIQUE DE PALESTINE du 23 mai 18, sur la situation en Palestine Occupée, la Terre Sainte, depuis le début du sionisme. Nous sommes reconnaissants au Prof Joseph MASSAD qui nous explique comment les sionistes sont arrivés à réaliser leur plan maléfique jusquà nos jours, à voler la terre dautrui par la terreur. Vu la longueur de son texte, nous lapporterons en trois parties.
Nous pensons quen premier lieu les Palestiniens eux-mêmes (Juifs, Musulmans, Chrétiens) devraient bien connaître l'Histoire de la Terre Sainte à laquelle ils sont spirituellement attachés et de la protéger efficacement contre la présence et loccupation sionistes. Aussi les activistes antisionistes dans le monde entier devraient étudier lhistoire de la Palestine depuis son début (et non à partir de 48 ou juste un peu avant) afin de pouvoir avec succès soutenir politiquement le peuple palestinien, qui ploie sous le joug du sionisme, via les instances internationales.
Ce n'est pas parce que l'entité sioniste existe quil faille en accepter le fait. Les sionistes profitent de lignorance des masses concernant leur hérésie, sèment grâce à leur propagande la confusion entre Juifs et sionistes et entre Musulmans et terroristes. Ils attendent que nous antisionistes abdiquions, que nous abandonnions la lutte pour les droits des Palestiniens, le recouvrement de leur terre et leurs biens et le retour des exilés. Cette entité est illégale et doit être démantelée pour que justice soit faite aux Palestiniens. En attendant, nous devons continuer à considérer le pays comme la Palestine occupée, non pas comme "Israël", qui n'est pas un Etat, même s'il se comporte en tant que tel.
Peut-être faudrait-il commencer par utiliser les termes appropriés pour parler de ce conflit sioniste-palestinien et boycotter le langage que les sionistes imposent au monde; nous nous comprendrions mieux. Exemples: juif / sioniste, "Israël" / Palestine occupée, entité sioniste, régime sioniste, etc.
Cette analyse nous concerne nous Juifs aussi, car parallèlement aux Musulmans nous subissons les mêmes misères de la part des sionistes, les Juifs de stricte observance antisionistes sont gênés dans leur Avodass HaShem. Le but des agitations sionistes est de retarder dans un premier temps la libération de la Palestine de la présence sioniste, et de limpureté sioniste qui retarde la venue de Moshiach et les Promesses Divines.
En voici la première partie :
Phase I (1880-1947)
Joseph Massad La résistance palestinienne à la Nakba actuelle et future ne faiblit pas malgré tous les efforts dIsraël pour lécraser.
La conquête sioniste de la Palestine, qui a commencé de manière aléatoire au début des années 1880 et qui sest intensifiée après le tournant du siècle, atteignant son apogée avec linvasion et loccupation britannique du pays avant la fin de la Première Guerre mondiale, a constitué les prémices de ce quon allait appeler la Nakba la Catastrophe.
Le terme « Nakba » a été utilisé par lintellectuel syrien Constantin Zureik pour décrire ce qui était arrivé aux Palestiniens en août 1948 (dans son livre Mana al-Nakba qui est devenu un classique), mais dautres auteurs ont employé dautres termes. Lofficier militaire jordanien et gouverneur de Jérusalem-Est Abdullah al-Tall a employé le terme karitha (catastrophe) dans son livre Karithat Filastin, et lintellectuel nationaliste anticolonialiste palestinien Muhammad Izzat Darwaza le mot masaa (tragédie), dans son livre Masat Filastin de 1959.
Le terme « Nakba » sest cependant révélé le plus approprié et le plus utilisé pour décrire le calvaire enduré par les Palestiniens. Le journaliste palestinien anticolonial puis maire de Jérusalem-Est Arif al-Arif la choisi comme titre de sa vaste historiographie en plusieurs volumes des événements de 1947-1952, publiée pour la première fois en 1956.
Al-Arif commence par sinterroger : « Comment pourrait-on décrire ce qui nous est arrivé par un autre mot que Nakba ? Nous avons bien été victimes dune catastrophe nous, nous, les arabes en général, et les Palestiniens en particulier
. notre patrie nous a été volée, nous avons été expulsés de nos maisons, nous avons perdu un grand nombre de nos enfants et de nos proches et, en plus de tout cela, nous avons été profondément atteints dans notre dignité ».
Étant donné que la Nakba se traduit principalement sur le terrain par le fait de voler les terres palestiniennes et dexpulser les Palestiniens de leurs terres, et, lorsque les terres ne peuvent être volées, ni les Palestiniens expulsés, de les soumettre à un contrôle systématique et à loppression, alors, et comme je lai soutenu il y a dix ans, il serait tout à fait inexact de considérer la Nakba comme un événement ponctuel et banal, lié à la guerre de 1948 et à ses conséquences immédiates. Il faut la considérer comme un processus qui sest étendu sur les 140 dernières années, et qui a commencé avec larrivée des premiers colons sionistes au début des années 1880.
Et dautant plus que les dirigeants israéliens continuent à faire croire à leur propre peuple et au monde entier que la Nakba nest pas seulement un processus passé et présent de dépossession et dexpulsion du peuple palestinien de ses terres, mais bien plutôt un processus nécessaire à la survie dIsraël. La Nakba nest pas seulement un événement qui a commencé dans le passé et qui dure jusquà aujourdhui, cest une catastrophe destinée à durer car son développement futur a été soigneusement planifié. Quelle forme prendra la Nakba dans lavenir ?
Le colonialisme sioniste, qui sest finalement débarrassé de son sponsor colonial britannique en 1948 et a établi lEtat colonial doccupation, na jamais cessé de craindre la fin de la Nakba. Les politiciens et intellectuels « pragmatiques » arabes et palestiniens libéraux et néolibéraux des trois dernières décennies ont plus ou moins entériné la propagande sioniste et impérialiste qui affirme quIsraël est là pour rester et que la Nakba palestinienne est un événement historique qui ne pourra jamais être inversé, mais ce ne semble pas être le cas des dirigeants des colons juifs.
En effet, des plans visant à empêcher la fin de la Nakba sont élaborés tous les jours par les dirigeants et les politiciens israéliens. Et les célébrations actuelles du 70ième anniversaire de la destruction du peuple palestinien sont gâchées par la peur que la situation ne sinverse.
La peur que la situation ne sinverse
Quelques mois avant les célébrations, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ouvertement exprimé ses craintes et ses espoirs. Au cours dune session régulière détudes bibliques à la résidence du premier ministre à Jérusalem-Ouest en octobre dernier, Netanyahu a dit, selon Haaretz : « Israël doit se préparer à faire face aux futures menaces existentielles sil veut célébrer son 100ième anniversaire dans trois décennies. » Netanyahu, selon le journal, a ajouté que « le royaume hasmonéen navait survécu quenviron 80 ans » et quil « faisait le nécessaire pour que létat moderne dIsraël, lui, atteigne son 100ième anniversaire ».
Le contexte des études bibliques est très révélateur, car il ne sagit pas seulement dun signe indiquant que la direction de létat colonial est de plus en plus religieuse, mais dun rituel initié par son premier ministre séculier et athée, David Ben-Gurion, qui avait inauguré la tradition des cours détudes bibliques à la résidence du premier ministre. Netanyahu la simplement reprise il y a plus de quatre ans. Si Ben Gourion et les premiers dirigeants juifs sionistes séculiers, à la différence des chrétiens protestants sionistes mais tout à fait comme les chrétiens sionistes séculiers, considéraient la Bible comme un livre dhistoire et de géographie qui inspire la colonisation, Netanyahu et les chefs religieux juifs de détat colonial la considèrent aujourdhui comme la justification religieuse de la colonisation.
Tandis que les dirigeants israéliens expriment leurs craintes dun renversement futur de la Nakba, les stratèges de létat colonial sassurent de sa pérennité. Ce que le président américain Donald Trump a appelé, à juste titre, « Laccord du siècle* » est une opération de communication qui va dans ce sens. Laccord du siècle est un remake des Accords dOslo du début des années 1990 (et la nouvelle version est encore pire que la précédente), qui garantissait la pérennité de létat colonial israélien et de la Nakba palestinienne.
Le projet dIsraël est deffacer complètement la Nakba de la mémoire publique, déliminer les témoins qui ont survécu en les expulsant et en en faisant des réfugiés, et de forcer les survivants de la Nakba quils nont pas encore réussi à éliminer, à reconnaître quIsraël et le sionisme avaient le droit de leur infliger la Nakba, et que les Palestiniens sont responsables de tout ce qui leur est arrivé.
Netanyahu est très attentif à cette dernière question. Il a déclaré lors de la même séance détudes bibliques que la condition qui garantirait lavenir dIsraël et de la Nakba était que : « Quiconque parle dun processus de paix doit dabord dire que [les Palestiniens] doivent reconnaître Israël, lÉtat du peuple juif. »
Les expulsions
La suite à la prochaine publication.
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