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    Onderwijskrant Vlaanderen
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    30-07-2014
    Klik hier om een link te hebben waarmee u dit artikel later terug kunt lezen.Onderwijs. Cultuuroverdracht en kritiek op 'Le maître ignorant van Rancière"

    Over  belang van cultuuroverdracht en kritiek op "Le maître ignorant" van Jacques Rancière - en de sympathie voor de visie van Rancière vanwege  de Leuvense prof. Jan Masschelein

    Inleiding

    Ik heb nooit goed begrepen waarom de Leuvense prof. Jan Masschelein zo hoog opliep met de visie van de Franse filosoof Jean Rancière in zijn boek  "Le maître ignorant”.

    In deze bijdrage stellen we vooreerst een andere visie op kennis- en cultuuroverdracht voor. In punt 2 komt de visie van Rancière aan de orde. Ten slotte publiceren we in punt 3 een kritiek op de visie van Rancière

    1.La transmission est aussi source d’émancipation (Hiérarchie et éducation 2/2) juin 8, 2014  -Valéry Witsel   

    Les nouvelles conceptions de l’enseignement qui privilégient l’auto-apprentissage à la transmission sapent l’autorité intellectuelle de l’enseignant. Or, il se peut que cette dernière approche soit tout aussi nécessaire à l’épanouissement intellectuel des citoyens que l’échange démocratique.

    Après la chaire du prêtre, le trône du roi, le prétoire du juge, l’estrade du professeur tend à vaciller. Depuis les années 70 et l’avènement du rénové, l’importance croissante de la place accordée à l’expression et aux aspirations des élèves a contribué à modifier le statut de l’enseignant et du savoir dont il était dépositaire. À l’heure où sont destituées les grandes figures d’autorité, le professeur doit-il s’astreindre à n’être qu’un simple citoyen dans le lieu de vie qu’est la classe ? Comme d’autres espaces, la classe doit-elle devenir un lieu où se vit à chaque instant la démocratie au nom des droits individuels de chacun ? Si ce n’est le cas, quel fondement autoriserait le professeur à revendiquer un statut d’exception?

    Une des tendances actuelles est de partir systématiquement des impressions ou des opinions des élèves, par souci de liberté d’expression ou de droit à la différence, pour établir les fondements de la connaissance. Dès lors,  le rôle du prof consisterait-il seulement à révéler aux élèves ce qui est enfoui en eux-mêmes ? En réalité, il est illusoire de penser que les jeunes disposent seuls des ressources suffisantes pour construire le savoir qui leur était autrefois délivré par le professeur. Sans verser dans l’idéalisme naïf du passé, force est de constater que l’excessive mise en place d’exercices d’expression personnelle, de travaux de recherche ou de débats, sans préparation préalable à un contenu, comporte de nombreux risques.

    Un des dangers de l’application dogmatique de cette approche prétendument égalitaire est l’enfermement de certains jeunes dans la culture dispensée par la famille, les médias et la rue. Ces derniers seraient condamnés à ne jamais entrevoir d’horizons autres que ce qu’ils connaissent déjà. L’accès au savoir étant très variable d’un foyer à l’autre, l’école se déchargerait de sa mission sociale et renforcerait les inégalités. Si l’école doit se garder de porter a priori un jugement de valeur sur la culture d’origine de ses élèves, il est essentiel qu’elle demeure pour tous une fenêtre ouverte sur un « ailleurs ». Etre à l’écoute des besoins et des projets exprimés par chacun est nécessaire mais insuffisant. Le prof doit aussi éblouir, fasciner, transporter par son savoir, ses idées et ses passions. De cette façon, l’enseignant regagnera naturellement l’estime de ses élèves.

    Bien sûr, il est évident que tout savoir n’est pas bon à transmettre. Il ne doit notamment pas se limiter à des connaissances encyclopédiques ou procédurales qui ont parfois tendance à écraser ou écœurer le jeune. Le savoir doit pouvoir faire sens et pousser celui-ci à questionner le monde dans lequel il évolue, en toute autonomie. Les enseignants multiples et divers, riches de leur formation, de leurs expériences et de leurs lectures, doivent permettre au futur citoyen d’entrevoir des champs d’exploration nouveaux à partir desquels ce dernier pourra librement se positionner en élaborant un projet de vie propre et en s’engageant dans la société. C’est de cette manière que l’école respectera les aspirations individuelles des jeunes. Pour ce faire, il est nécessaire d’assurer aux professeurs une posture d’exception et d’assumer l’inégalité qui caractérise le rapport professeur-élève au sein de la classe.

    Certes, en délivrant un savoir nouveau, « étranger », le prof ose le risque d’asséner une violence symbolique au jeune, en l’arrachant momentanément au confort de ses propres perceptions. La langue repliée  « en dedans », les oreilles tendues vers « le dehors », l’élève est ainsi sommé de faire abstraction de lui-même. Mais cet exil momentané, cette tension vers l’autre n’est-elle pas une des conditions de possibilité de toute participation à la vie citoyenne ? La construction d’une société commune n’implique-t-elle pas un effacement provisoire des individus au nom du bien commun ? Le débat démocratique requiert une aptitude à la remise en question, à l’écoute et ne se réduit certainement pas à la somme de paroles individuelles qui s’affrontent. À cet égard, la lutte contre la rumeur bavarde et assourdissante qui investit les salles de cours est un enjeu crucial qui dépasse le nécessaire confort du prof dans l’exercice de son métier. L’acceptation d’un rapport d’autorité dans le cadre de la classe constitue dès lors, paradoxalement, un apprentissage nécessaire à l’exercice démocratique.

    La vie d’une classe peut être interprétée de façon analogue à la lecture d’un livre où se tisse une relation entre un écrivain et un lecteur. Le lecteur accepte, pendant le temps de lecture, de s’effacer, d’« écouter », de comprendre le contenu d’un discours émis par un autre, sans avoir la possibilité de répondre de façon simultanée. C’est le temps de la réception, pendant lequel le lecteur accepte potentiellement d’être chamboulé, remis en cause, transformé par ce qu’il lit. Après ce premier rapport asymétrique où l’auteur fait autorité, le lecteur peut ensuite intégrer un processus dialogique marqué par l’horizontalité, à travers l’interprétation, l’annotation ou l’écriture d’un nouveau livre en réponse. Ce dialogue qui s’installe est donc entrecoupé d’intervalles où les interlocuteurs acceptent volontiers un rapport d’ascendance momentané.

    Le rapport d’autorité prédominant dans l’espace-temps qu’est la classe doit-il pour autant interdire tout type d’expérience démocratique réelle de la part des élèves ? Non, bien sûr. Comme c’est le cas à travers l’expérience de lecture, ces deux exigences ne sont pas nécessairement contradictoires. Il ne s’agit pas d’asséner des savoirs que les élèves n’auraient qu’à croire et prendre pour acquis, sans être discutés, débattus, mis en perspective. Une fois le sens de l’écoute intégré et les notions délivrées par le prof étudiées et comprises, il est indispensable que le jeune soit initié, ensuite, de façon cadrée, à la réflexion, à la critique, à l’argumentation au travers notamment de temps de questions et de dialogues. Tout est une question de timing. Le prof a alors lui-même le devoir de se placer en situation d’écoute et de stimuler l’expression. De cette manière, la mobilisation individuelle et collective de savoirs acquis à travers, par exemple, des dissertations ou des temps de débats doit constituer l’aboutissement d’un processus et une des finalités de l’école.

    Démocratie et autorité n’entrent donc pas forcément dans un rapport d’exclusion réciproque. Toutes deux sont indispensables à la formation d’un esprit citoyen.

    Pour un autre regard sur la question de la hiérarchie dans l’éducation, voir « Le maître ignorant (Rancière) ou l’aventure de l’émancipation intellectuelle », dans ce même dossier.

    2.  Le maître ignorant ou l’aventure de l’émancipation intellectuelle (Hiérarchie et éducation 1/2)

    Jonathan Galoppin, juin 8, 2014              

    Il faut que je vous apprenne que je n’ai rien à vous apprendre.  J. Jacotot. [1]Il suffirait d’apprendre à être des hommes égaux dans une société inégale. J. Rancière [2]

    L’aventure de Jacotot (?)

    Le maître ignorant est un livre du philosophe Jacques Rancière rapportant « l’aventure intellectuelle » faite par Joseph Jacotot en 1818, alors lecteur de littérature française à l’université de Louvain. Le point de départ de cette aventure est le suivant : Jacotot ignorait le néerlandais – et ses élèves, le français. Il ne pouvait donc communiquer que par le biais d’une chose commune : or, il se publiait alors à Bruxelles une édition bilingue du Télémaque de Fénelon. Jacotot tenta ainsi une expérience singulière : celle de faire apprendre le français à des élèves avec qui il ne pouvait communiquer. La nécessité de la situation – presque absurde, de prime abord – révéla pourtant à Jacotot ce qui dirigera ensuite l’ensemble de ses recherches intellectuelles : l’enseignement universel.

    En effet, Jacotot, laissant sur cette route hasardeuse ses élèves livrés à eux-mêmes, fut tout surpris de ce qu’ils avaient pourtant appris : ils étaient parvenus, en un temps record, à comprendre Fénelon et à dire ce qu’ils en pensaient en français ! L’acte essentiel du maître n’était-il pas celui d’expliquer ? Cette expérience venait ainsi ébranler Jacotot dans ses certitudes – celles d’un professeur qui, en 30 ans de métier, avait raisonné, consciencieusement, en explicateur : transmettant ses connaissances en en dégageant les éléments simples, et menant les esprits dont il avait la charge, progressivement, vers la complexité. Ainsi, les explications du maître étaient-elles donc superflues ? Ou, si elles ne l’étaient pas, à qui et quoi étaient-elles donc utiles ?

    Le système explicateur et le maître ignorant

    Ce que cette expérience met en lumière, selon Rancière – suivant les traces de Jacotot, à travers ses expériences pédagogiques concrètes –, c’est qu’il est nécessaire de renverser la logique du « système explicateur ». En effet, « la logique de l’explication comporte le principe d’une régression à l’infini : le redoublement des raisons n’a pas de raison de s’arrêter jamais » (p. 12 [3]). La seule chose qui arrête cette régression potentiellement infinie est ce qui donne au système même son assise, à savoir le (jugement du) maître explicateur lui-même dès lors que lui seul décide « du point où l’explication est elle-même expliquée » (idem). La seule parole du maître, son explication, se conçoit alors comme l’abolissement de la distance entre savoir et apprenant – mais aussi : entre le fait d’apprendre et de comprendre. Rancière en conclut que c’est l’explicateur qui a besoin de l’incapable et non l’inverse : « expliquer quelque chose à quelqu’un, c’est d’abord lui démontrer qu’il ne peut pas le comprendre par lui-même » (p. 15).

    Il s’agit ici de démystifier la parabole d’un monde divisé en savants et ignorants. Il est important de comprendre qu’il n’est pas simplement question de critiquer la vieille pédagogie et « les vieux maîtres obtus », au contraire. Pour Rancière, l’abrutisseur est « d’autant plus efficace qu’il est savant, éclairé et de bonne foi » (p. 17). Que la manière de faire comprendre soit novatrice, attrayante, dynamique, importe peu : il s’agit toujours du même travail de deuil. Celui que l’élève fait lorsqu’il comprend – ou croit comprendre – qu’il ne comprendra pas sans explication. Rancière opère ainsi un déplacement dans le rapport au savoir lui-même. Par conséquent, il ne s’agit pas ici d’une réflexion pédagogique sur la manière de transmettre un savoir. Si la transmission est toujours bien au centre de son questionnement, le savoir n’est plus la (seule) finalité. Clarifions à ce sujet une chose fondamentale : Jacotot (et Rancière) ne proclament pas l’inutilité du maître en tant que tel, mais l’inutilité du maître explicateur. En effet, l’expérience initiale de Jacotot démontre que si les élèves ont pu se passer d’explication, ils ne se sont pas pour autant passés d’un « maître ».

    Volonté, égalité et ordre social

    Ce que prône Jacotot dépasse donc les querelles d’écoles : il s’agit de bouleverser le « système explicateur » et, partant, l’ordre social qui en découle. Notons à ce sujet l’étonnant paradoxe du dogmatique système explicateur : tout homme apprend, seul, de nombreuses choses au cours de sa vie, et c’est sans doute ce qu’il apprend le mieux (sa langue maternelle, par exemple). Il n’y a d’ailleurs peut-être pas d’homme sur terre qui n’ait appris quelque chose sans maître explicateur.

    L’enseignement universel de Jacotot n’est pas autre chose : ses principes sont ceux de la plus vieille méthode, celle qui conduit l’homme à user de sa propre raison. L’enseignement universel ne se débarrasse pas pour autant du maître, mais il dissocie – à travers sa pratique concrète – les deux fonctions du maître explicateur : celle du savant et celle du maître. Il en résulte que, dans l’expérience de Jacotot, s’établit entre le maître et l’élève un pur rapport de volonté à volonté. C’est ici que Rancière établit la brisure entre domination émancipatrice et abrutissement explicateur : « il y a abrutissement là où une intelligence est subordonnée à une autre intelligence » (p. 25), pas lorsque la sujétion ne s’établit qu’au travers de la volonté. Jacotot (et Rancière) ne nient donc pas l’importance d’avoir un maître lorsque la volonté n’est pas assez forte pour agir seule ; l’émancipation s’accommode donc de la sujétion d’une volonté à une autre, non d’intelligence à une autre ; c’est d’ailleurs dans la coïncidence de ces deux aspects distincts que se noue l’abrutissement explicateur.

    Reste que nul ne veut se mesurer à la révolution intellectuelle que cette méthode signifie, insiste Rancière. L’ordre des choses lui interdit d’être prise pour ce qu’elle est : la méthode par laquelle chacun prend conscience de l’égalité des intelligences et la mesure du pouvoir de celle-ci. Cette méthode initie donc la rupture totale d’avec toutes les pédagogies, dès lors qu’elles se fondent – et fondent leur légitimité, leur pouvoir – à travers l’opposition entre science et ignorance. C’est sans doute ce qui fait la force subversive du message de Jacotot et de Rancière : la critique s’adresse aux fondements mêmes de l’ordre social établi, au cœur de la société pédagogisée. Le fond du raisonnement est celui-ci : que la forme pédagogique soit ancienne ou moderne, le postulat est le même, car il s’agit d’égaliser l’inégalité initiale et d’user de la ritournelle fantasmatique d’une école qui réaliserait l’égalité sociale. Comme le dit Rancière, « toute pratique pédagogique explique l’inégalité de savoir comme un mal, et un mal réductible dans une progression indéfinie vers le bien » (p. 197) [4]. Et que l’on soit tenant de la « vieille méthode » ou progressiste importe peu : il ne s’agit alors que de perfectionnement – de perfectionnement dans l’abrutissement, s’entend [5]. Car c’est justement en dissociant maîtrise et savoir que Jacotot tente de briser ce postulat inégalitaire, proclamant haut et fort l’égalité des intelligences.

    La révolution intellectuelle – hors des institutions

    En conclusion, la bonne nouvelle de Jacotot est simple : pour émanciper un ignorant, il faut et il suffit d’être soi-même émancipé, c’est-à-dire conscient du véritable pouvoir de l’esprit humain. Par ailleurs, on peut enseigner ce qu’on ignore si on émancipe l’élève, c’est-à-dire si on le contraint à user de sa propre intelligence. Ainsi, l’enseignement universel est l’expérience cruciale qui libère les pouvoirs de la raison, mécanisme sans fin où l’intelligence s’engendre par et pour elle-même. Remarquons encore ceci : pour Jacotot, l’aventure de l’émancipation intellectuelle ne peut se vivre au travers des institutions. Il s’agit de passer par les individus et les familles [6]. Car, comme le dit Rancière : « L’Instruction publique […] est le bras séculier du progrès, le moyen d’égaliser progressivement l’inégalité, c’est-à-dire d’inégaliser indéfiniment l’égalité. Tout se joue toujours sur un seul principe, l’inégalité des intelligences » (p. 218). C’est précisément là que se situe la lucidité singulière de Jacotot : avoir entrevu dans l’apparent progrès social – dans la promotion de « l’égalité » par l’instruction –, l’inégalité institutionnalisée, rationalisée et bonne pour être perfectionnée ; une égalité toujours retardée (de réforme en réforme) et un ensevelissement de l’émancipation sous l’instruction (p. 222).

    Ainsi, comprendre la démarche de Jacotot, c’est s’attacher à cette idée simple – mais vertigineuse car fondamentalement subversive : l’égalité ne peut être un but atteindre, mais doit être un point de départ.

     [1] Cf. Sommaire des leçons publiques de M. Jacotot sur les principes de l’enseignement universel, publié par J.S. Van de Weyer, Bruxelles, 1822, p. 11. Cité par Jacques Rancière dans Le maître ignorant, Fayard (10/18), 1987, p. 28.

    [2] Rancière Jacques, Le maître ignorant, Fayard (10/18), 1987, p. 221.

    [3] Les citations proviennent du Maître ignorant, cité plus haut.

    [4] Et la fiction du Progrès a vite dépassé les carcans de la pédagogie scolaire, prenant place comme fiction sociétale affirmée et privilégiée.

    [5] Car les progressistes sont, eux aussi, des explicateurs. Ils continuent à proclamer, à leur manière, l’inégalité des intelligences. Et comme le dit abruptement Rancière : « [Ils] n’ont pas d’autre pouvoir que cette ignorance, cette incapacité du peuple qui fonde leur sacerdoce » (p. 214).

    [6] Il s’agit de comprendre ici la portée « sociale » du message jacotiste (bien qu’il ne s’y réduise pas) : le père – ou la mère – de famille (que l’on pourrait caricaturalement dépeindre comme « pauvre et ignorant ») est typiquement l’un des modèles par lequel l’émancipation intellectuelle peut passer, dans l’idée de Jacotot.

    3. "Le maître ignorant" de Jacques Rancière... Je suis pas convaincu... Published by jérôme Bonnemaison - dans Philosophie  11 januari 2012

    J'ai lu " Le maître ignorant" du philosophe Jacques Rancière, censé être un texte important sur la pédagogie. Le fleuron d'une certaine pensée égalitaire (Rancière est un de ces penseurs fidèles au communisme, qui reviennent actuellement sur le devant de la scène intellectuelle).

    J'en sors circonspect. Bon, le moins que l'on puisse dire est que je suis plutôt court en sciences de l'éducation et pour tout ce qui concerne ces débats entre pédagogues... Et je ne voudrais pas tomber dans des clichés faute de disposer de mises en perspective suffisantes pour éclairer ce livre. Mais bon...

    Jacques Rancière a déterré de l'oubli l'oeuvre et les expériences du sieur Joseph Jacotot, qui au début du 19eme siècle se lança, un peu par hasard au début, dans une révolution pédagogique qui resta lettre morte (ce qui désole Rancière). Le livre décrit cette expérience, sans vraiment entrer dans les détails historiques (c'est regrettable à mon avis car du coup le livre devient largement conceptuel et assez verbeux) et essaie d'en tirer les conclusions, en expliquant pourquoi la tentative de ce Jacotot si génial fut une hérésie que les institutions s'empressèrent de liquider.

    Jacotot, qui par les aléas de la vie se retrouve à Louvain, doit apprendre le Français à des élèves qui ne causent pas un mot de français et avec lesquels il ne peut pas échanger. Faute d'autre solution, il se sert d'un livre de Fénelon (Télémaque) et de sa traduction. Il leur demande de le lire et de le répéter systématiquement, de tenter par la comparaison, d'en tirer une acquisition du français. Fénelon, c'est le français classique. Un bon début quoi... Puis il leur demande de parler en français de ce qu'ils ont lu. Et il est stupéfait du résultat : les élèves parviennent, sans qu'on leur ait appris quoi que ce soit, à s'exprimer correctement.

    Jacotot va poursuivre en ce sens, sans jamais édifier un système. Son approche (plus qu'une méthode) va prendre le nom d'"enseignement universel". Elle montre qu'on peut enseigner un savoir sans le connaître soi-même. Elle vise non pas à "abrutir" (c'est le terme de Rancière) en imposant un savoir, mais à "émanciper", c'est à dire à démontrer à l'élève qu'il peut accéder lui-même au savoir, à partir de n'importe quelle parole humaine. Car "tout est dans tout" : on peut entrer dans le savoir, user de son intelligence, en prendre conscience, en saisir l'universalité, à partir de n'importe quelle création humaine, qu'il s'agira de comparer à d'autres pour avancer.

    Jacotot met ainsi en avant une idée radicale : l'égalité de toutes les intelligences. Autre idée forte de Jacotot : le langage n'est qu'une technique. L'intelligence préexiste au langage. L'idée qu'il faille enseigner un langage pour développer l'intelligence des élèves est fausse.

    Il se heurte à la fois aux courants réactionnaires, qui défendent l'inégalité le plus vaillamment, mais aussi au progressisme républicain fondé sur l'idée du développement des intelligences, sur la notion d'instruction, sur la construction d'un système d'éducation progressif, gradué, un peu à l'image du développement de l'individu. Ce qui est subversif chez Jacotot c'est qu'il dynamite l'instruction et la nécessité des instructeurs. N'importe qui peut enseigner selon ses principes, et un maître qui ne connaît pas une note de musique peut enseigner la guitare, car enseigner c'est émanciper. Jacotot passera ainsi sa vie à recevoir des pères de famille ignorants pour leur expliquer rapidement comment émanciper leurs enfants et les conduire sur le chemin du savoir.

    Jacotot aura des admirateurs, des continuateurs, mais au mieux ils intègreront l'émancipation dans un projet progressiste organisé, n'éliminant pas l'instruction. Mais Jacotot restera un hérétique car il remettait en réalité en cause la nécessité du pédagogue lui-même. L'instruction apparaît comme une domination, un pouvoir, et part au fond du postulat de l'inégalité de l'intelligence.

    Ce qui me gêne dans le livre, c'est d'abord que Rancière assène que ça marche. Les élèves apprennent vite et bien. Voila donc, ça fonctionnerait. Des témoins l'ont affirmé et on les prend au pied de la lettre. Mais qui sont les élèves ? De quels résultats parle t-on ? La description du cheminement des élèves est très sommaire, et Rancière se concentre sur des développements conceptuels autour de cette notion d'enseignement universel, de ce qu'elle implique en termes de conception de l'homme, etc... Moi, désolé, ça ne me suffit pas.... Le philosophe aurait du emprunter un peu au sociologue ou à l'anthropologue.

    Sans doute certains éléments sont-ils séduisants dans l'expérience de Jacotot et dans les réflexions qu'elles inspirent à jacques Rancière. L'idée que "tout est dans tout" me paraît excellente. Mais pourquoi écrire cela en 1987 ? Il me semble que l'Education Nationale a depuis longtemps intégré cette idée là, et la diversification des supports de l'enseignement est une vieille réalité.

    Bien entendu, on peut aider quelqu'un à s'emparer d'un savoir qu'on ignore soi-même, car il y a des clés pour s'attaquer à ces forteresses, et le maître peut les apporter.

    Quand Rancière via Jacotot parle d'"abrutissement", on peut aussi opiner du chef. Nous avons tous connu, malheureusement, le primat détestable du cours magistral... Ces tunnels d'heures de cours passés à écrire ce que le maître, le professeur, le maître de conférences alignait... Pour en tirer quoi ?  Nous savons tous aussi que les élèves sont soumis à un culte de la moyenne imbécile qui méprise leur propre rythme de développement, bref leur singularité. D'ici à conclure que toute "instruction" est "abrutissement", il y a un pas que je franchirai pas pour ma part.

    L'idée de l'émancipation me plaît aussi. Si je replonge dans mon enfance, je vois bien que des démarches personnelles (la lecture des BD pour moi par exemple) m'ont peut-être plus formé à l'exercice du Français que bien des cours de collège. Mais cependant, auraient-elles été possibles, ces démarches émancipées, sans le soutien de bases fortes ? Sans cette part forcée de l'éducation, et pénible : apprendre à déchiffrer les syllabes, l'alphabet, réciter les nombres... J'en doute. Tout apprentissage intègre une part de contrainte, de souffrance aussi. Résumer tout cela à l'émancipation me semble un peu (faussement) candide.

    Ce qui me gêne aussi dans la réflexion de Rancière, c'est qu'elle élude la transmission, sa beauté et sa grandeur. Elle réduit l'explication à la domination. Oui il y a un rapport d'autorité dans la transmission. Et alors ? Il y a aussi la grandeur de passer le relais, de ne pas repartir à zéro, de bâtir sur ce qu'a produit la génération prédécente. Aujourd'hui il y a un mépris de la transmission, cette idée qu'il ne faut pas prendre le temps de regarder ce qui s'est dit et pratiqué dans le passé. A la dissertation, qui utilise les grandes pensées du passé, on préfère l'expression de soi. Mais qu'exprime t-on ? Avant de s'exprimer encore faudrait-il se tourner vers ceux qui ont essayé de comprendre ! La pensée de Rancière, alliée à la facilité de l'expression de soi grâce aux nouvelles technologies, ne conduit-elle pas à mépriser le passé ?

    D'autant plus que le postulat radical : "toutes les intelligences sont égales" rend inutile la transmission, finalement. "Toutes les intelligences sont égales", c'est tout de même une idée différente de celle des Lumières qui considère que tous les êtres humains sont également dotés en Raison.

    Pour ma part je souscris tout à fait à cette deuxième idée, mais l'égalitarisme forcené de la première me laisse un peu pantois. D'abord parce que je ne suis pas certain, contrairement à Rancière, que l'intelligence est une seule et même chose. Ma nullité crasse en maths n'a jamais été démentie, même par l'effort... Et je ne suis pas sûr que ce soit faute d'émancipation de ma part...  Ensuite parce que je pense qu'il nous est impossible de comprendre comment Mozart devient Mozart, même si nous savons que tout le monde ne pourrait pas devenir Mozart (et d'ailleurs il n'y a eu qu'un Mozart et il n'y en aura plus d'autre). Et en définitive tant mieux, cela nous rend moins pérméable à l'action des pouvoirs... L'Homme est irréductible et c'est très bien. Sans trancher sur ce qui conduit les êtres à devenir eux-mêmes, si nous parvenions à l'égalité des droits, ce serait déjà très bien... Et nous en sommes très loins, nous nous en éloignons.

    Au fond, Rancière est resté l'élève d'Althusser et le maoïste qu'il a été (je ne sais pas à quel point d'engagement). Dans le maoïsme occidental, phénomène petit-bourgeois intellectuel par excellence, il y avait la honte de soi. Et la volonté d'expier son statut privilégié à cette époque où les étudiants n'étaient qu'une minorité : d'où la fascination pour un prolétariat recréé de toutes pièces. Un de leurs slogans était tout à fait parlant : "Se mettre à l'école du peuple"... L'intellectuel est forcément un tyran en puissance, un exploiteur et un dégénéré, et il paie cela en allant s'établir en Usine (comme les intellectuels chinois qu'on envoyait de force à la campagne, ce qui déstabilisa l'économie du pays et entraîna des famines monstrueuses). J'avoue que pour ma part, issu d'un milieu populaire, je ne trouve pas qu'en progressant scolairement j'aurais dégénéré et je suis plutôt content de mon parcours et de ce que j'ai pu puiser dans l'école républicaine malgré tous ses défauts, son hypocrisie de machine à trier, et ses aspects proprement révoltants parfois. Je sais aussi ce que je dois aux "instructeurs" un peu sévères qui m'ont obligé à me mobiliser, à apprendre des leçons bêtement parfois. 

    Rancière voit l'enseignement classique, bâti sur la progression, conçu comme une construction, comme un système de domination. Au contraire, il me semble que l'idée de construire sur des bases a montré son efficacité, a éduqué des générations. Et on sait ce que coûte l'insuffisance de bases. Le savoir a besoin d'être organisé, et cela n'est pas spontané. Cela relève de la transmission justement : de ce que nos prédecesseurs ont trouvé, expérimenté, et qu'ils nous lèguent. Comment se réclamer du progrès humain en abolissant la transmission ?

    Enfin il y a une idée chez Rancière qui me déplaît foncièrement et me semble dangereuse : c'est l'idée que le langage est neutre. Qu'il n'influence pas l'intelligence. C'est une idée qui me paraît, justement, typique de quelqu'un qui a du accéder à un langage riche très vite dans son enfance. L'épanouissement de l'intelligence, me semble t-il au contraire, est très lié au langage qui lui donne forme. La nuance c'est la liberté. L'absence de nuance, c'est se faire berner. Les dominés sont des êtres privés de la puissance du langage, et des dispositifs puissants essaient de les flatter en ce sens, de les confiner dans la pauvreté du langage. Ne pas nommer c'est ne pas saisir la réalité. S'il y a une urgence dans le combat éducatif, c'est bien de défendre la puissance de la langue et de la diffuser. Dans ce Blog j'ai dit plusieurs fois mon admiration pour Georges Orwell, dont le chef d'oeuvre "1984" repose sur ce lien entre totalitarisme et appauvrissement du langage. Prétendre défendre l'"émancipation" comme Rancière et réserver au langage une place secondaire, c'est un contresens absolu. Telle est mon impression en tout cas.

    Rancière reste sans doute marqué par sa jeunesse intellectuelle quand il écrit "le maître ignorant". Et au final je ne partage pas son enthousiasme pour l'enseignement universel même si l'apport de Joseph Jacotot, démontrant que le peuple pouvait apprendre, qu'il n'était pas condamné à l'obscurantisme, et qu'il n'y avait pas de différence de nature entre les sachants et les autres, est salutaire.

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    Bill: Sait-on comment Rancière, qui était professeur, enseignait lui-même? A chaque fois que je l'ai entendu sur un média, il avait une approche très magistrale (j'explique ce que je sais – cette histoire de Jacotot par exemple - à quelqu'un qui ne sait pas). Ses lives eux-mêmes assènent un savoir, de haut en bas, sans laisser vraiment de place à la contradiction. Il serait intéressantd'avoir des témoignages de ses étudiants en philosophie. De même Rancière semble souvent prendre ses désirs (qu'on peut partager) pour des réalités. Il présuppose souvent que les ouvriers, les pauvres, les ignorants sont savants, mais sans réellement le prouver, ou alors en allant chercher des expériences très marginales (quelques membres de l'élite ouvrière du milieu du XIXè qui écrivent, oh miracle, de la littérature, des élèves qui apprennent une langue en lisant le Télémaque, etc...) qui ne sauraient faire oublier que l'immense majorité des classes populaires n'a pas accès, ou a moins accès, à la culture légitime. Mais dire cela, pour Rancière, c'est mépriser les ouvriers...

     jérôme Bonnemaison: Je suis d'accord, "Bill". Tout le monde doit refuser d'être "sachant", sauf lui. Lui il peut l'être, et lui seul. Et les copains de son courant intellectuel aussi. Encore une preuve du fait que décidément on ne peut pas se regarder passer dans la rue depuis sa propre fenêtre.

     jérôme Bonnemaison : d'accord avec ton analyse Bill. Le propos de rancière me paraît typique de quelqu'un qui n'a jamais ressenti le sentiment d'ignorance.

     

     

     

     




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